L’expérience de Doha, une Belgo-marocaine, casée dans l’enseignement spécialisé

24 avril 2022 - 11h00 - Belgique - Ecrit par : S.A

Née d’une mère originaire du Maroc qui ne parlait pas français à son arrivée en Belgique, Doha, une jeune femme Belgo-marocaine, qui a passé plusieurs années dans l’enseignement spécialisé, raconte son amère expérience.

« Ma mère qui vient du Maroc, s’est mariée et est venue ici ne parlait pas français. J’avais un petit retard de langage. Mon directeur de l’école maternelle a dit ma mère : ‘votre fille, elle a un souci elle a un problème. Elle n’est pas comme les autres enfants, il y a un problème de langage, elle ne parle pas encore, elle a six ans…’ Il est arrivé avec un document qui signifie que votre enfant sera placé dans le spécialisé ‘type 1, forme 3. Ma mère a dit : ‘écoute, si c’est la meilleure école pour elle, je suis partante. Mais ma mère n’était pas du tout informée sur ce document et elle a signé », raconte à RTBF Doha.

À lire : Maroc : l’anglais ne remplacera pas le français dans les écoles

Elle a donc grandi dans un établissement scolaire où il y avait des gens qui s’enfuyaient de leur pays. « Ils arrivaient en Belgique, c’étaient des réfugiés, en fait. Oui, il y a une majorité. Tous mes amis qui sont en spécialisé, les mamans ne parlent pas français. Une maman qui vient de la Turquie ? Alors on les met là-bas. […] Pour l’école primaire, c’était un camping. C’était s’amuser, aller à la récréation et je me suis pas rendu compte que ce n’était pas ma place, là. » Doha a poursuivi ses études secondaires dans l’enseignement spécialisé. Elle a commencé des cours au théâtre hors de l’école et c’est au cours de cette période qu’elle s’est rendu compte que quelque chose n’allait pas.

À lire : Un rapport inquiétant sur le système éducatif marocain

« En fait, durant mes primaires et secondaires, je n’ai rien appris. Je suis bloquée. » La jeune fille interpelle alors le PMS de son école : « Quels sont mes problèmes ? Pourquoi je suis là ? Pourquoi je ne suis pas en professionnel ou en général comme les autres jeunes de mon âge ? ». En l’absence d’une réponse concrète, elle décide alors de reconstituer tout son dossier. Elle cherche à comprendre ses difficultés et rattraper son retard. Dans l’attente de recevoir les résultats, Doha a repris des études d’art en enseignement professionnel. Elle s’investit aussi dans la vie associative et gère de nombreux projets.

À lire : Maroc : les parents d’élèves appellent à un enseignement de qualité

« Au lieu que je pleure sur mon sort, il faut que je me relève pour aider d’autres qui sont dans le même cas », dit-elle. Le souhait de Doha c’est que l’accompagnement dans le spécialisé change. « Le cadre du spécialisé du type 1, forme 3 n’est pas bien enseigné. (…) Ils nous considèrent comme les derniers de la société : ceux qui vont se retrouver plus tard au CPAS ou au chômage. Ce n’est pas moi ça !” explique-t-elle.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Belgique - Intégration - Education

Aller plus loin

Maroc : l’Union européene finance la construction de 150 écoles dans les zones rurales

L’union européenne à travers la Banque européenne d’investissement (BEI) a annoncé sa participation à un programme de construction de 150 écoles communautaires, et leurs...

Un rapport inquiétant sur le système éducatif marocain

L’inflation des notes, un manque de ressources humaines adéquates, la corruption endémique sont entre autres les maux dont souffre le système éducatif marocain. C’est ce que...

Maroc : les parents d’élèves appellent à un enseignement de qualité

La Fédération nationale des associations des parents d’élèves du Maroc (FNAPEM) salue les efforts du ministère de l’Éducation nationale en vue de la reprise des cours après le...

Marocains aux Pays-Bas : La deuxième génération réussit son intégration

Aux Pays-Bas, les descendants de migrants marocains s’intègrent davantage, gagnent mieux leur vie et sont mieux éduqués, selon un récent rapport du Bureau de planification...

Ces articles devraient vous intéresser :

Écoles privées au Maroc : mauvaise nouvelle pour les parents

Mauvaise nouvelle pour des parents d’élèves au Maroc. Des écoles privées prévoient d’augmenter encore leurs frais de scolarité à la rentrée prochaine.

Pénurie de médecins au Maroc : Le système de santé à bout de souffle

La pénurie de médecins persiste au Maroc. Par ailleurs, la réduction de la durée de formation en médecine suscite actuellement une vive protestation de la part des étudiants.

Quand la rentrée scolaire pousse les Marocains à l’endettement

L’approche de la rentrée scolaire et la fin des vacances d’été riment souvent avec le recours aux prêts bancaires devant permettre aux parents marocains de subvenir aux besoins de leurs enfants. Et, les banques se livrent une concurrence très forte.

Au Maroc, la santé des élèves menacée

Au Maroc, des associations de protection des consommateurs ont lancé un appel aux autorités compétentes afin qu’elles renforcent les contrôles en ce qui concerne la qualité des fournitures scolaires en cette période de reprise des classes. Objectif,...

Marocains des Pays-Bas : 60 ans et toujours isolés

Une étude scientifique menée aux Pays-Bas montre que la communauté marocaine reste confrontée à une ségrégation sociale persistante. Non seulement les facteurs économiques expliquent cet isolement, mais aussi les choix de voisinage et de sociabilité de...

Le Maroc, futur géant de l’aéronautique ?

Le secteur aéronautique marocain est déjà à un taux d’intégration locale de 43 %, l’objectif fixé dans le Plan d’accélération industrielle 2021-2025 étant d’atteindre un taux de 50 % d’ici 2025. Un objectif ambitieux qui pourrait être atteint, en dépit...

Le Maroc veut le retour des MRE

Le Maroc met les moyens pour faire revenir ses cerveaux. Une enveloppe budgétaire conséquente, et inédite, vient d’être spécifiquement allouée pour inciter les compétences marocaines expatriées à contribuer à l’effort national de recherche et...

Maroc : un manuel scolaire aux couleurs "LGBT" fait polémique

Le Parti de la justice et du développement (PJD) a demandé le retrait des manuels scolaires dont les couvertures sont aux couleurs du drapeau LGBT.