Les défis liés à la problématique du rapatriement des anciens combattants et de leurs femmes et enfants sont énormes. Dr. Houda Abadi qui vit entre le Maroc et les États-Unis, est une spécialiste des conflits syriens et israélo-palestiniens et des questions sur les ex-Daechiens. D’après elle, ces défis exigent beaucoup plus une approche nuancée reconnaissant la complexité de la réhabilitation et la réintégration des retournés et de leurs familles. « Le manque d’une approche internationale légale, mais aussi compréhensive du phénomène des combattants étrangers de Daech, a donné lieu à une variété de mesures, certaines plus répressives que d’autres », confie-t-elle à Maroc-Hebdo.
Concernant le Maroc notamment, on note quelque 1 659 Marocains qui ont rejoint les groupes terroristes en Syrie et en Irak. L’experte affirme que ce nombre inclut 280 femmes et 391 enfants, selon les chiffres de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN). Même s’il y avait une forte médiatisation de l’engagement des femmes dans des cellules terroristes, le gouvernement marocain considère les femmes ayant rejoint Daech en tant que victimes. « Selon le Bureau Central d’Investigation Judiciaire (BCIJ), les femmes marocaines se trouvant sur le territoire contrôlé par Daech ne seront pas poursuivies en justice, car elles n’ont jamais été combattantes », relève l’experte.
D’après l’analyse de la situation par Houda Abadi, le Maroc a franchi une étape importante en créant un comité pour étudier les possibilités de rapatriement des femmes et des enfants actuellement en Syrie et en Irak. « Toutefois, il est tout aussi important d’approfondir notre compréhension des femmes ayant rejoint Daech et de prendre conscience de la diversité des cas qui se présentent à nous ».
« Toute approche qui ignore les facteurs multi-causaux derrière la participation des femmes à des organisations terroristes et rejette le rôle vital des femmes en tant que partenaires clés dans la prévention est nécessairement contre-productive »… Il est critique et nécessaire que toute stratégie sécuritaire ou préventive inclue une approche de rapatriement, de réintégration et de réhabilitation par genre », recommande-t-elle .