France : quand des étrangers en règle deviennent des sans-papiers

6 mars 2025 - 09h00 - France - Ecrit par : P. A

La préfecture du Val-de-Marne est dans le viseur des associations qui dénoncent une lenteur administrative dans le traitement des demandes de titres de séjour des étrangers. Des manifestations ont déjà eu lieu devant la préfecture à Créteil.

Une trentaine d’associations se sont rassemblées il y a quelques jours devant la préfecture du Val-de-Marne pour protester contre le manque de célérité dans le traitement des demandes des titres de séjour des étrangers. « J’ai l’impression d’être un fantôme. C’est difficile à vivre tous les jours », confie à France 3, Chris, un étudiant en BTS à Villeneuve-Saint-Georges dans le Val-de-Marne. Cela fait des mois qu’il a attend de la préfecture une réponse à sa demande d’annulation de son Obligation de quitter le territoire français (OQTF) qui lui a été notifiée le 25 avril 2024, lors d’un contrôle d’identité. Son recours gracieux déposé en mai dernier auprès de la préfecture, est également sans suite.

À lire : Il sera encore plus difficile d’obtenir un titre de séjour en France

« Je suis allé plusieurs fois devant le bâtiment, mais on me répond que je ne peux pas entrer dans les locaux si je ne suis pas convoqué. Sans cette abrogation, je ne peux pas renouveler mon titre de séjour. C’est un cercle vicieux. » Chris ne souhaite qu’une chose : obtenir « son abrogation pour pouvoir circuler librement et continuer mes études en France ». Dans son parcours du combattant, l’étudiant a été accompagné par l’association Réseau Éducation Sans Frontières (RESF). « La situation de Chris n’est pas un cas isolé dans le département. Nous demandons plus d’humanité dans la gestion des dossiers de régularisations par la préfecture », déclare Pablo Krasnopolsky, porte-parole de RESF dans le Val-de-Marne.

Selon le responsable, « ce manque de prise en charge amène des personnes à perdre leurs emplois, leurs logements et leurs allocations familiales. » Harouna, résidant en France depuis 2014, se trouve dans cette situation. Depuis juillet qu’il a déposé une demande de renouvellement de son titre de séjour, il n’a pas obtenu de réponse. « Je n’ai plus de travail et plus de logement à cause de cela. J’ai besoin d’un rendez-vous pour aller retirer un seul papier, mais j’attends depuis des mois », fulmine-t-il. « Les organisations qui accompagnent et soutiennent ce public sont unanimes sur les constats de dénis des droits », affirment les associations qui manifestent ce mercredi.

À lire : 25 ans en France, un doctorat mais pas de titre de séjour : la situation précaire d’un Marocain

« Des familles sont en attente de régularisation depuis 2022 », s’indigne Jean-Louis Marziani, co-secrétaire départemental du syndicat Sud Solidaires 94, ajoutant que cette situation amène ces personnes, en situation régulière, à devenir de fait des sans-papiers. « Parfois, la demande de renouvellement ou d’édition d’un titre de séjour a été traitée. Le papier existe, mais les demandeurs ne sont pas prévenus par la préfecture. C’est une fabrique de sans-papiers », assène Gilles Poletti, porte-parole de la Ligue des Droits de l’Homme dans le Val-de-Marne. Selon les associations, la situation risque d’empirer avec la « circulaire Retailleau » qui ordonne aux préfets de durcir les conditions de régularisation des sans-papiers.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Immigration - Administration

Aller plus loin

Étudiants étrangers en France : les nouvelles règles pour renouveler le titre de séjour

Le préfet du Nord porte à l’attention de tous les étudiants étrangers en France les nouvelles conditions de renouvellement d’un titre de séjour.

25 ans en France, un doctorat mais pas de titre de séjour : la situation précaire d’un Marocain

Mohamed Nrabet, un Marocain résidant en France depuis 25 ans, vit « un calvaire au quotidien » depuis décembre dernier qu’il a appris n’être plus régularisé. L’homme de 54 ans...

France : attention aux arnaques aux titres de séjour

En France, de nombreux étrangers demandeurs de titre de séjour, dont les Marocains, subissent la loi des intermédiaires véreux.

France : ces étudiants marocains en lutte pour leurs titres de séjour

La Communauté solidaire des terres de l’Est (CSTE) a manifesté récemment devant la préfecture de Colmar pour demander une accélération de la délivrance des titres de séjour aux...

Ces articles devraient vous intéresser :

Blanchiment d’argent : Le Maroc serre la vis et ça paye

La lutte contre les activités de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme connaît des progrès significatifs au Maroc. En témoigne le nombre de déclarations de soupçon reçues par l’Autorité nationale du renseignement financier (ANRF) en...

Copropriétés au Maroc : les impayés qui ruinent l’immobilier

Au Maroc, la copropriété fait face à de graves difficultés, notamment le non-paiement des cotisations. De quoi impacter négativement le secteur de l’immobilier marocain.

Des Marocains réduits à l’esclavage dans le Lot-et-Garonne

Vingt travailleurs marocains ont été exploités dans des conditions indignes par une agricultrice du Lot-et-Garonne. Attirés par la promesse d’un contrat de travail et d’une vie meilleure, ils ont déboursé 10 000 euros chacun pour rejoindre la France.

Marocains, le temps presse pour la déclaration des avoirs à l’étranger

La régularisation des contribuables, ainsi que la déclaration des avoirs liquides détenus à l’étranger, touchent à sa fin. Ces deux opérations avaient été lancées par l’Office des changes et de la Direction générale des Impôts (DGI).

L’Europe délivre un nombre record de permis de travail aux Marocains

Eurostat, institution relevant de la Commission européenne chargée de produire et diffuser des statistiques communautaires, a dévoilé le nombre de Marocains ayant obtenu les permis de travail temporaire en 2023.

Hassan Abkari limogé : une faute grave à l’origine de son départ du port Tanger Med

Hassan Abkari, directeur général du Port Tanger Med, a été démis de ses fonctions, pour « faute grave ».

Maroc : les parlementaires traqués

Au Maroc, le bureau de la Chambre des représentants renforce la traque contre les députés absentéistes en faisant installer des caméras de nouvelle génération dans l’enceinte de l’institution.

Le Maroc adopte les livrets de famille électroniques

Face à la pénurie des livrets de famille dans certains services d’état civil, le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit a annoncé l’adoption progressive des livrets de famille électroniques.

À Rabat, les opérations de démolition passent mal

Les membres de la Fédération de la Gauche Démocratique au sein du conseil municipal de Rabat voient d’un mauvais œil les opérations de démolition et de relogement qui ont touché plusieurs quartiers tels que l’Océan et Douar El Askar et appellent à leur...

Aïd El Fitr 2024 : une bonne surprise pour les fonctionnaires marocains ?

La ministre déléguée chargée de la réforme de l’administration et de la transition numérique, Ghita Mezzour, propose au gouvernement de décréter un congé exceptionnel de trois jours au lieu de deux à l’occasion de l’Aïd Al-Fitr 2024.