Les trois lettres décisives de l’ambassadeur Martín-Gamero au président du gouvernement d’alors, Arias Carlos, sont datées des 6 juin, 11 juillet et 14 octobre 1975. Les deux premières sont antérieures à la Marche verte tandis que la dernière coïncide avec l’appel de celle-ci. Elle a été envoyée deux jours avant que la Cour internationale de justice de La Haye ne confirme le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui conformément à la résolution 1514 des Nations unies, fait savoir El Debate.
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Dans ces trois courriers, le diplomate adresse le même message au chef du gouvernement : éviter la chute du roi Hassan II et empêcher la Marche verte pour ne pas ouvrir un conflit armé avec le Maroc. Même si, à l’époque, l’Espagne avait les moyens de remporter cette guerre, elle allait en subir de graves conséquences, car aurait été condamnée par les Nations Unies pour avoir tiré sur les civils prétendument non armés lors de la Marche verte. Aussi, le roi Juan Carlos, qui venait d’accéder au trône, aurait eu à gérer une crise avec le Maroc. Le mieux à faire était donc de céder le Sahara au Maroc.
Le président Arias Carlos Navarro a suivi les conseils de son ambassadeur à Rabat à la lettre. Il a envoyé son ministre secrétaire général du Mouvement, Solís, négocier avec Hassan II pour arrêter la Marche verte et, plus tard, son ministre de la Présidence, Antonio Carro, pour préparer les accords de cession du Sahara, lesquels ont été signés à Madrid courant la semaine de la mort de Franco.
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Plus de quarante ans plus tard, le Sahara continue d’être revendiqué par le Maroc qui a réussi par amener l’Espagne à reconnaitre sa souveraineté sur ce territoire. Vendredi, le cabinet royal marocain a indiqué dans un communiqué que le président Pedro Sanchez, à travers une lettre adressée au roi Mohammed VI, a décidé de soutenir le plan marocain d’autonomie du Sahara. Une décision condamnée par le Front Polisario, l’Algérie et les partis politiques espagnols, de la coalition gouvernementale comme de l’opposition.