Noureddine Fortli, 31 ans, a spontanément volé au secours des victimes d’un terrible accident de la route survenu mercredi dernier à Piavon di Oderzo, en Italie, réussissant à sauver cinquante élèves. Le jeune homme d’origine marocaine pourrait être décoré dans les prochaines semaines pour son geste héroïque.
L’accident a été provoqué par une collision frontale entre un bus transportant les élèves et un véhicule de marque Hyundai Tucson au volant duquel se trouvait Germano De Luca, 85 ans, détenteur d’un permis non valide. L’octogénaire est la seule victime de l’accident. Noureddine, résident à Ormelle depuis 2002 avec son épouse et leur enfant, raconte comment il a pu sauver ces élèves. « Comme chaque matin, j’ai pris le fourgon de l’entreprise dans l’entrepôt de Tonello Servizi, la société pour laquelle je travaille à Oderzo. Je l’ai chargé du matériel nécessaire pour le chantier et je suis parti en direction de Caerano di San Marco. Après quelques kilomètres, à Piavon, je suis tombé sur l’accident. Cela venait tout juste de se produire. Je me suis arrêté près du bus avec les feux de détresse et je suis descendu : avec moi, il y avait un autre automobiliste (ndlr, Sandro Gressani) et deux autres jeunes hommes de couleur », détaille-t-il.
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Avec ses compagnons, Noureddine a fait tout son possible pour sauver les élèves. « Nous avons suivi notre instinct. D’abord, nous avons vu qu’un petit incendie s’était déclaré sous le bus, mais nous craignions que du gazoil sorte du réservoir. Nous avons pensé qu’ils mourraient tous si les flammes atteignaient le carburant. À un moment, l’automobiliste qui était avec moi a commencé à dire : “Il faut un extincteur tout de suite.” Et moi — qui, heureusement, travaille souvent aussi sur des installations de gaz — j’en avais justement un dans le fourgon. Je l’ai pris et je le lui ai passé : il l’a vidé entièrement et a éteint la flamme », explique-t-il. Pendant ce temps, certains élèves avaient pu sortir du bus. Mais la grande majorité était encore coincée à l’intérieur. « Ils étaient effrayés, paniqués, pleuraient ou appelaient à l’aide. Nous les avons aidés à sortir du bus, un par un. »
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Le trentenaire confie avoir eu des courbatures et douleurs après ce sauvetage. « Pour te dire la vérité, le lendemain, j’avais mal aux bras, tellement j’en avais soulevé pour les sortir. C’est vrai aussi que j’ai glissé dans la boue à un moment, mais je ne m’en suis même pas rendu compte, tellement j’étais concentré », a-t-il précisé. Le jeune Marocain dit regretter la mort du conducteur du véhicule entré en collision avec le bus. « Nous nous sommes approchés de lui, mais nous avons tout de suite compris qu’il n’y avait plus rien à faire pour lui… À l’arrivée du Suem et des pompiers, ils l’ont couvert d’un drap. Ce n’est pas une image que j’oublierai facilement », a déclaré Nourredine, avant de conclure : « J’avais perdu deux heures de travail et je craignais qu’on m’en veuille pour le retard accumulé, mais quand je suis arrivé et que je leur ai raconté ce qui s’était passé, ils m’ont seulement félicité. Mais il n’y a rien d’extraordinaire : nous avons fait ce qu’il fallait faire. »