Pour Kenza Afsahi, enseignante-chercheuse au Centre Émile Durkheim (CNRS-Sciences Po Bordeaux), interrogé par Ouest France, le projet de légalisation du « cannabis médical » est une évolution majeure même si le Maroc est connu pour être le premier producteur mondial de résine de cannabis, aujourd’hui illégale, et le premier fournisseur des Européens.
De l’avis de l’enseignante-chercheuse, cette décision des autorités marocaines est en harmonie avec les changements à l’échelle internationale, notamment à l’ONU, dans l’appréciation des politiques face aux drogues, en particulier le cannabis. Aussi, souligne-t-elle, l’urgence écologique dans le Rif, principale zone de production au Maroc où il convient de revoir les nouvelles méthodes de cultures très intensives qui ont créé des dégâts environnementaux et aggravé la situation économique, sociale et sanitaire des paysans.
En plus de faciliter l’accès au cannabis pour les malades marocains, la scientifique y voit une réelle opportunité pour construire de nouvelles relations entre l’État et les milliers de trafiquants qui ont vécu pendant plusieurs décennies dans l’illégalité, la possibilité d’une réinsertion sociale, insiste Afsahi.
Dans son analyse, la chercheuse du Centre Émile Durkheim affirme que le marché du cannabis « médical » restera moins important que la production totale, car une grande partie de cultivateurs de cannabis préféreraient demeurer dans l’illégalité en restant fidèles aux réseaux illégaux qui alimentent l’Europe.
Le 11 mars, le Maroc a adopté un projet de loi autorisant un usage « médical, cosmétique et industriel » du cannabis, ouvrant la voie à la légalisation de son usage thérapeutique sur son territoire. Le texte de loi doit être validé par le parlement.