Les femmes marocaines s’adressent aux ONG pour dénoncer leur drame

10 juin 2002 - 21h16 - Maroc - Ecrit par :

Dans la région de Tensift El Haouz (Marrakech), les femmes victimes de mauvais traitements perpétrés par leurs propres maris sont de plus en plus nombreuses à dénoncer l’oppression qu’elles subissent. Preuve en est le nombre croissant de plaintes reçues par l’unique centre d’écoute de la région « Hawwaâ », créé en 1999 par l’association « Ennakhil » pour la femme et l’enfant.

Alors que les victimes se comptaient à peine à une quinzaine en janvier et février derniers, elles ont, au cours du mois de mai 2002, franchi la quarantaine. Ce qui veut dire que cette volonté de briser le silence commence à donner ses fruits comme l’espéraient les nombreuses campagnes de sensibilisation organisées par « Hawwaâ ».

Le rapport du mois dernier fait état de 41 cas de violences contre les femmes et les enfants. En haut de la liste, on retrouve toujours les mauvais traitements infligés aux femmes par leurs conjoints. Huit femmes ont dénoncé des agressions physiques ayant entraîné des blessures, parfois très graves, commises par leurs maris. L’une d’elles qui résidait à l’étranger vient de regagner le Royaume pour fuir l’oppression de son conjoint. Le cas d’un enfant est également cité par le rapport dans cette catégorie d’abus. Il a été victime, selon sa déclaration au centre, d’une agression perpétrée par un de ses voisins.

En seconde position sur cette liste de recensement, arrivent sept cas de privation de la pension alimentaire (« Nafaqua »). Cette violation du droit de la femme divorcée est remarquable dans les rapports mensuels dressés par le centre de Marrakech. Elle fait l’objet de la majorité des dépositions recueillies. Parmi les cas rapportés, citons celui d’une femme qui affirme que ses deux enfants ont renoncé à leur scolarité après que leur père, habitant une autre ville, a refusé de leur payer la pension de prise en charge. Par ce refus, déclare la victime, son ex-mari tente de contraindre ses enfants à venir s’installer avec lui, alors qu’il n’ignore pas leur rejet de se plier à cette volonté.

La privation du droit à l’état civil représente aussi un cas des plus récurrents. Sept enfants, ayant eu recours au centre d’écoute, avouent n’être en possession d’aucun état civil, soit parce qu’ils sont enfants illégitimes, soit en raison du refus inexpliqué du père.

Quatre cas figurant sur le rapport mensuel de « Hawwaâ » sont relatifs à des viols et des trahisons. Pour ce qui est des viols, il s’agit de deux femmes. L’une d’elles a été enlevée puis violée par un groupe d’hommes et la seconde a subi le même sort par son employeur, ce qui lui a valu de tomber enceinte. Deux autres femmes déclarent avoir découvert à leur insu la trahison de leurs maris. L’une d’entre elles révèle qu’elle est atteinte d’une maladie sexuellement transmissible dont l’a contaminée son conjoint.

Les derniers cas dans ce rapport ont trait à l’abandon , au renvoi du domicile conjugal, au harcèlement sexuel et au problème des mères célibataires. A ce propos, une femme révèle qu’elle est mère de plusieurs enfants issus d’une relation illégitime du moment qu’il n’y a aucun acte de mariage légal. Une autre affirme que son mari l’a purement et simplement abandonnée après 20 ans de mariage, choisissant, ainsi, de refaire sa vie loin d’elle sans pour autant quitter Marrakech. Les deux derniers cas sont ceux d’une femme renvoyée du domicile conjugal et d’une autre, victime d’actes de harcèlements sexuels commis par l’un de ses collègues, durant l’exercice de son travail.

En ce qui concerne les services dispensés par le centre aux 41 cas accueillis en mai, 32 ont pu bénéficier d’orientations juridiques, 04 ont été confiés à un psychologue, 03 autres se sont contentés de se confier aux animatrices du centre sans plus et 02 seulement, qui avaient engagé des poursuites judiciaires, ont bénéficié de la prise en charge totale de leurs dossiers.

Source : liberation

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