C’est une affaire macabre qui a secoué le Luxembourg et ses pays frontaliers. Trois ans après la découverte du corps de Diana Santos, une Portugaise de 40 ans, le procès du principal suspect, Saïd B., homme d’origine marocaine, se profile enfin devant la justice. Mais alors que les préparatifs s’accélèrent pour une audience attendue cette année à Diekirch, une pièce maîtresse manque au puzzle : un second suspect, neveu et mari présumé de la victime, est toujours en fuite et jette une ombre pesante sur la quête de vérité.
À lire : Affaire Diana Santos : un suspect face aux juges, son neveu serait au Maroc
La défense de Saïd B., un Marocain de 51 ans en détention depuis octobre 2022, vient de changer de visage avec l’arrivée de Maître Naïma El Handouz. L’avocate, qui succède à son confrère Daniel Baulisch, a annoncé la couleur : son client plaidera non coupable. Dans une interview exclusive à Contacto, elle compte s’appuyer sur les zones d’ombre du dossier. « Je n’ai pas encore eu le temps d’analyser l’affaire en détail. Mais je pense que dans cette affaire, franchement, l’enquête n’a pas permis de clarifier exactement qui a fait quoi. Il y a des doutes, et ce sera au juge de trancher », a-t-elle affirmé.
À lire : Diana Santos décapitée : Un an après, enquête au Luxembourg et au Maroc
L’enjeu est de taille. Le parquet de Diekirch, qui a clôturé son enquête en mai dernier, réclame une condamnation pour assassinat, soit un homicide volontaire avec préméditation. À défaut, il plaidera le meurtre. Le procès, qui pourrait se tenir dès le mois de novembre, s’annonce complexe et devrait durer « entre trois et cinq jours » en raison du « grand nombre de témoins » à entendre. Pour l’avocate, l’affaire est d’une dimension inédite. « Je n’ai jamais connu une affaire d’une telle ampleur, ni sur le plan médiatique ni sur le plan personnel », confie-t-elle, la qualifiant de « l’une des plus grandes affaires de ces dernières années au Luxembourg ».
À lire : Meurtre de Diana Santos : le suspect en cavale au Maroc
Le principal casse-tête reste la situation de Gibran B., le second suspect qui se serait réfugié au Maroc. Son dossier a été disjoint de celui de son oncle, et l’enquête le concernant se poursuit, bien que les avancées semblent minces. Selon des propos de son client rapportés par Me Handouz, le fugitif aurait été brièvement interrogé sur place, sans plus. « Les autorités marocaines n’accordent pas la même importance à l’affaire qu’ici au Luxembourg. Elles sont plus éloignées des faits », déplore l’avocate. L’absence de cet homme, qui aurait contracté un mariage arrangé avec Diana Santos à Ettelbruck quelques semaines avant le crime, rend la manifestation de la vérité encore plus ardue.
À lire : Belgique : arrestation d’un Marocain soupçonné d’avoir décapité une femme en France
Le rappel des faits donne froid dans le dos. Le 19 septembre 2022, une partie du corps de la victime était découverte à Mont-Saint-Martin, en France. Un mois et demi plus tard, d’autres restes étaient retrouvés à Temmels, en Allemagne. L’enquête avait mené les enquêteurs jusqu’à une maison louée par le couple à Diekirch, lieu présumé du crime. Aujourd’hui, alors que la justice s’apprête à examiner ce dossier sordide, les circonstances du drame et le rôle exact de chacun des protagonistes restent entourés d’un épais mystère.