Le drame remonte à samedi 20 mai 2023. Cette nuit-là, le jeune chirurgien-dentiste a dîné chez sa tante, avant de sortir avec ses deux cousins dans la rue de l’Égalité. Il était assis avec eux en bas d’un immeuble, quand il a été poignardé à mort par un groupe d’une dizaine d’individus alors qu’il protégeait ses cousins, après une embrouille lors d’un anniversaire quelques heures plus tôt, rapporte Le Parisien. Secouru, il meurt quelques heures plus tard à l’hôpital Bichat à Paris.
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Au total, dix individus ont été interpellés après le meurtre du jeune Algérien. Ils sont tous originaires du quartier de la ZAC au Pré Saint-Gervais. Sept jeunes ont été incarcérés. Placé sous contrôle judiciaire, l’un des suspects « a toujours nié les faits », indique son avocat, Baptist Agostini-Croce. Tous les suspects refusent de parler du drame. « On parle d’omerta, on leur demande des noms, mais ils ne peuvent pas s’exprimer sur ce qu’ils ne savent pas », explique Nabil Harmach, conseil du frère du précédent, 18 ans, détenu puis placé en centre éducatif fermé.
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« Sous prétexte qu’ils étaient là, ça ne veut pas dire qu’ils ont participé aux faits », poursuit l’homme de droit. Ces deux suspects sont connus de la justice, pour des vols, mais « ils n’ont jamais baigné dans la grande délinquance », insiste l’avocat Harmach qui a introduit une requête en nullité. Son client risque une peine de réclusion criminelle à perpétuité, son frère mineur, trente ans d’emprisonnement.
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Seul Moussa*, toujours sous contrôle judiciaire et hébergé dans un foyer, à l’écart des Lilas a accepté de briser le silence. « Il a brisé l’omerta en raison de la gravité des faits. Il a été extrêmement touché par ce drame et il a considéré qu’il devait dire ce qu’il savait », explique son avocat Acher Krief. Selon lui, son client ne nie pas avoir été à un certain moment avec ceux qui se sont rendus aux Lilas. « Il les croise sur son chemin alors qu’il rentre chez lui. On le voit à l’anniversaire. Mais au moment du meurtre, il a déjà quitté le groupe et il a regagné son domicile », ajoute-t-il, soulignant que ses déclarations ne permettent pas de désigner l’auteur du coup mortel.
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Mais Moussa a reçu des menaces. « Si tu parles, on te tue ». Sa photo circule avec cette légende glaçante : « C’est lui la balance ». Dans la rue, il est victime d’une agression. « Il a failli passer sous un bus », s’émeut son avocat. Le jeune homme a fini par déposer une plainte, mais seulement pour le vol de sa sacoche. « Il ne voulait pas en rajouter avec les violences », dit son conseil. Les appels téléphoniques malveillants ont contraint sa famille à déménager de la ZAC.
La tante de Rayane, dentiste à Pantin, chez qui la victime travaillait, est dépitée après avoir appris que quatre des sept jeunes incarcérés au début de l’affaire ont été remis en liberté. « C’est comme si on assassinait Rayane une seconde fois », s’est insurgée sa tante.