Maroc : près de 20 % des mariages sont consanguins

11 mars 2020 - 16h30 - Maroc - Ecrit par : G.A

Malgré les nombreuses sensibilisations, le mariage des mineures reste une réalité, selon le ministère de la Justice qui a révélé qu’entre 2009 et 2018, 319 177 demandes de mariages des mineures ont été accordées. Le phénomène est en plein essor, puisqu’il représente 13 % des unions en milieu rural, contre 6,56 % en milieu urbain.

Dans certaines régions, le mariage des mineures représente un taux très important, parfois égal à celui du mariage authentifié, surtout dans la région de Draa-Tafilalet. C’est d’ailleurs le taux élevé de ce type de mariage qui a poussé l’association Droits et Justice à lancer une étude en avril 2019, dont les résultats ont été livrés le 07 mars dernier.

Cette enquête a été menée auprès de 627 femmes dont 408 vivant dans les villes et 207 en milieu rural. Parmi les femmes sondées, âgées de 30 à 78 ans, beaucoup ont été mariées de force dès l’âge de 14 ans, en milieu rural dans la région de Draa-Tafilalet, à 46 ans, âge maximal, en milieu rural dans la région de Casablanca-Settat. Chose curieuse, l’échantillon a aussi concerné 12 hommes mariés alors qu’ils étaient mineurs. Comme raison pouvant expliquer ces unions forcées, il y a la vulnérabilité, la pauvreté, la non-scolarisation et la pression sociale. Mais aussi les dispositions législatives autorisant le mariage des mineures.

Pourtant, selon l’article 19 du code de la famille, "la majorité matrimoniale s’acquiert, pour le garçon et la fille, à 18 ans grégoriens révolus". C’est cet article qui a permis d’uniformiser l’âge de la majorité, car pendant des années, les capacités, civile, pénale et matrimoniale, étaient atteintes à des âges différents : 21 ans pour la majorité civile, 16 ans pour la majorité pénale, 18 ans pour les hommes et 15 ans pour les femmes en ce qui concerne la majorité matrimoniale.

Cependant, la Moudouwana, dans son article 20, autorise la famille à demander une dispense d’âge à 15 ans révolus. Et c’est, selon l’association Droits et Justice, cette dérogation apportée au Code de la famille qui fait l’objet d’une large utilisation par les tribunaux.

Toutefois, l’enquête a montré qu’en milieu rural, il existe des mariages par "contrats" entre des pères et des maris résidant à l’étranger. Dans ces cas, le mariage est promis contre d’importantes sommes d’argent. L’enquête révèle que dans 40 % des cas, l’épouse mineure et le marié sont souvent liés par des liens de famille. Il peut être le cousin, le voisin ou encore une connaissance du père ou du tuteur de la mariée.

De même, le mariage consanguin représente 18 % des mariages contractés durant la période de l’enquête. En zone rurale, il est de 20,41 % contre 13,51 % dans les villes.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Moudawana (Code de la famille) - Etude - Mariage - Sondage

Aller plus loin

Maroc : une fille se suicide pour échapper à un mariage forcé

Une jeune fille, qui refusait de céder à la volonté de ses parents de la marier, a mis fin à sa vie le dimanche 6 octobre à Dar belamri, dans la province de Sidi slimane.

Maroc : 40.000 mariages de mineurs par an (vidéo)

Malgré la réforme du code de la famille en 2004 (Moudawana) et les restrictions imposées par le législateur, plusieurs dizaines de milliers de jeunes filles Marocaines sont...

Maroc : 34.000 demandes de mariage de mineurs déposées

La demande croissante des mariages de mineurs au Maroc interroge sur le devenir des jeunes générations et sur son impact sur la société civile marocaine. C’est le constat que...

L’histoire bouleversante de Nour, mariée de force à son cousin

Nour, une femme d’origine marocaine, a été mariée de force à un cousin. Elle raconte son histoire tragique dans un livre paru en octobre dernier.

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : des changements majeurs pour les MRE en matière de droit de la famille

Le Maroc a décidé d’alléger considérablement les procédures administratives en matière du Droit de la famille, notamment le mariage, le divorce et l’état civil en faveur des Marocains résidant à l’étranger (MRE).

Le mariage des enfants légalisé au Maroc ? une photo sème le doute

La publication d’une image montrant des fillettes prétendues marocaines en robe de mariage tenues par la main par des hommes âgés est devenue virale sur les réseaux sociaux. Certains affirment que cela s’est produit au Maroc. Qu’en est-il vraiment ?

Le roi Mohammed VI ordonne de réformer le Code de la famille

Le roi Mohammed VI fait de la promotion des questions de la femme et de la famille sa priorité. Dans ce sens, il a adressé une correspondance au chef du gouvernement Aziz Akhannouch relative à la révision du Code de la famille.

Les adouls marocains vont préparer les jeunes mariés à la vie sexuelle

L’Ordre National des Adouls au Maroc, l’Association marocaine de planification familiale (AMPF) et le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) s’unissent pour préparer les jeunes marocains au mariage. Une convention dans ce cadre, a été...

Hiba Abouk et Achraf Hakimi séparés ? Hiba Abouk répond

Hiba Abouk, femme d’Achraf Hakimi, répond aux rumeurs de ces derniers jours annonçant une prétendue crise dans son couple. L’actrice d’origine tuniso-libyenne assure qu’il s’agit de fake news.

Qui est Ghita El Allaki, la fiancée de Saâd Lamjarred ?

Le chanteur marocain Saâd Lamjarred s’apprête à se marier avec sa meilleure amie Ghita El Allaki.

Maroc : la réforme du Code de la famille fait toujours jaser

La réforme du Code de la famille a du mal à passer au Maroc. Face aux conservateurs et chefs religieux, le gouvernement n’arrive pas encore à trouver la bonne formule pour mettre fin aux discriminations envers les femmes en matière de succession, à la...

Une famille marocaine au tribunal de Beauvais pour un mariage blanc

Une famille marocaine est jugée devant le tribunal de Beauvais pour association de malfaiteurs dans le but d’organiser un mariage blanc. Le verdict est attendu le 12 janvier 2023.

Maroc : plus de droits pour les mères divorcées ?

Au Maroc, la mère divorcée, qui obtient généralement la garde de l’enfant, n’en a pas la tutelle qui revient de droit au père. Les défenseurs des droits des femmes appellent à une réforme du Code de la famille pour corriger ce qu’ils qualifient...

Maroc : plus de mariages, moins de divorces

Le Haut-commissariat au plan (HCP) vient de livrer les dernières tendances sur l’évolution démographique, le mariage, le divorce et le taux de procréation par rapport à 2020, année de la survenue de la crise sanitaire du Covid-19.