Un mariage célébré au Maroc a connu un dénouement inattendu et triste. Le marié a prononcé le divorce le soir même des noces, suite au refus de sa jeune épouse de revêtir la traditionnelle tenue amazighe.
La violence conjugale revêt de nombreuses facettes : violence physique, violence morale, menace et tout type de chantage. L’injustice d’un mari à l’égard de sa femme et de ses enfants marque une profonde déchirure qui sévit malheureusement dans notre société actuelle.
Ce témoignage en est le parfait symbole et prouve que nous n’avons pas encore trouvé le moyen d’y remédier pour répondre aux valeurs morales de toute société qui se respecte : l’unité de la famille.
Prendre en charge le foyer conjugal et venir en aide à un mari en difficulté n’est plus l’apanage de films égyptiens et autres « mexicaneries ». La réalité s’y conforme et nous remarquons aujourd’hui que plusieurs jeunes femmes se battent contre les mauvais jours pour garder l’équilibre au sein de la famille.
S’entraider est une situation normale, direz-vous mais l’iniquité relevée est que la réciprocité fait défaut. Comment ? Lisez et vous comprendrez pourquoi…
« Je suis née en 1965 dans une famille modeste. A l’âge de 20 ans, je perds mes parents dans un accident de circulation et peu de temps après, mon frère unique connaît des difficultés avec les autorités judiciaires pour une affaire de vol d’où son emprisonnement.
Devant faire face à mes besoins et étant sans héritage, j’ai dû abandonner mes études pour travailler dans une usine de confection. Engagée d’abord comme ouvrière, je fus rapidement promue au rang de secrétaire pour ma connaissance du français mais aussi pour mon sérieux.
Au fil des jours, un collègue s’est rapproché de moi et nous avons eu des projets de mariage. Ne cherchant pas éterniser cette situation par peur du « qu’en dira-t-on », j’ai décidé d’accepter la demande de Hamid croyant que c’était le meilleur moyen de le mieux connaître tout en coupant court aux mauvaises langues.
Quelques jours après le mariage, Hamid est licencié pour détournement de marchandises. Cédant à mes responsabilités de bonne épouse, je ne l’ai pas abandonné et je l’ai soutenu de mon mieux. Charges domestiques, loyer… le tout reposait sur mon salaire.
Mais il était hors de question que je flanche. Je devais tenir pensant que cette situation serait passagère et que mon mari redresserait la barre. Malheureusement, la situation ne s’est pas améliorée et Hamid a sombré dans l’alcoolisme et a multiplié les mauvaises fréquentations.
Réagissant contre cet état de choses et en guise de réponse, il m’a battue et m’a violentée physiquement jusqu’au jour où on m’a conduite aux urgences. Cursus habituel, il me supplie de lui pardonner et me promet de changer.
Mes enfants d’abord
Acceptant de reprendre la vie commune, nous avons décidé d’un commun accord d’améliorer notre condition de vie en investissant dans une petite affaire de lingerie féminine. Prenant le crédit en mon nom, je me lance et le commerce tourne à peu près correctement sauf que le bénéfice est divisé entre le remboursement de l’emprunt et… l’alcool.
Le temps passe et je mets au monde deux jumeaux. Leur père s’en décharge et refuse de les inscrire au registre de l’état civil. Mes responsabilités se sont accumulées aussi bien à la maison qu’au travail et j’ai été obligée de prendre une jeune fille à la maison pour m’aider.
N’ayant plus de vie intime avec mon époux en raison de certaines complications provoquées par l’accouchement, j’ai accepté sa demande d’épouser la domestique à condition qu’il inscrive mes enfants en son nom.
Entre temps, la situation a dégénéré et j’ai été expulsée de la maison avec mes enfants. Ne cherchant pas à compliquer les choses et ce, pour l’avenir de ces derniers, j’ai essayé de trouver un arrangement avec leur père mais en vain.
J’ai finalement volé le livret d’état civil pour essayer d’arranger les choses par moi-même ; malheureusement Hamid me menace continuellement, ce qui m’oblige à déménager à chaque fois. Je me sens perdue, je ne sais plus que faire. Que me conseillez-vous ? Quelle voie dois-je suivre ?
Je me désiste de tout pourvu que mes enfants recouvrent leur droit d’être inscrits dans le registre de l’état civil » demande Kawtar, les yeux pleins de larmes et la voix fébrile.
Linda Rfaly pour menara femmes
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