Ashraf Sekkaki suspecté de diriger un réseau de trafic de drogue en prison au Maroc

26 février 2022 - 08h00 - Maroc - Ecrit par : G.A

Condamné en 2011 à douze ans d’emprisonnement pour son évasion de la prison de Bruges, le Belgo-marocain Ashraf Sekkaki continue de purger sa peine non loin de Rabat. Dans un entretien téléphonique accordé à HLN, il a évoqué divers sujets concernant sa vie carcérale, et les accusations portées contre lui pour trafic drogue, d’armes et autres depuis la prison.

Ashraf Sekkaki est décrit comme l’un des criminels les plus dangereux au monde. Impliqué dans de nombreux braquages et kidnappings, il s’est évadé à plusieurs reprises de prison. Avoir été condamné de douze ans de prison ne l’aurait pas changé selon certains experts qui affirment qu’il reste toujours mentalement instable et n’a rien perdu des dérives qui l’ont conduit derrière les barreaux. La voix du détenu a été identifiée lors d’écoutes téléphoniques dans le cadre d’une enquête pour trafic de drogue, entre autres, rapporte 7sur7.

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Selon les enquêteurs, il tenait même un véritable bureau d’intérim du crime depuis sa cellule au Maroc, où il évoquait aussi des armes, des montres volées et des voitures de luxe. Mais il réfute toutes ces accusations et pense que la justice belge avec l’aide du Maroc cherchent des subterfuges pour le garder. « Ce que les Belges ont pu écrire sur moi, ici, c’est l’évangile », se plaint le détenu, qui dit aussi craindre un simulacre de procès. « Comme si les Marocains allaient écouter ces conversations », ironise-t-il.

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Isolé de tous, même en prison, il pense qu’il ne peut se plaindre de sa situation. « J’ai beau être physiquement emprisonné, je réalise que bien des gens ont moins de chance que moi. J’essaie de relativiser, cela pourrait aller mieux, mais ça pourrait être pire aussi ». Plusieurs fois évincé de la liste des détenus ayant eu droit à la grâce royale, il estime qu’avec les nouvelles accusations, il ferait mieux d’abandonner l’idée d’une libération anticipée. Il est impatient de sortir de prison afin de se donner la chance de mener une vie normale. « J’ai une haine intense et profonde pour la justice belge. Ils veulent qu’on m’enterre vivant ici ».

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Il est convaincu que le Maroc et la Belgique sont de mèche pour qu’il reste indéfiniment en prison. Pour y arriver, un ancien dossier est sorti du placard, selon le multirécidiviste. Il s’agit d’une enquête pour trafic de drogue menée par la justice malinoise depuis 2014. Selon le premier procès-verbal, la famille Sekkaki – dont Ashraf est l’un des neuf enfants – est accusée de diriger un réseau de trafic de drogue. Le meneur serait Ashraf Sekkaki lui-même, pourtant incarcéré depuis cinq ans au Maroc. « Le but de l’opération serait de libérer l’argent du crime de Sekkaki », indiquent les inspecteurs chargés de l’enquête. Selon eux, la bande communique surtout par Messenger et WhatsApp et change régulièrement de numéro de téléphone. « J’ai toujours dit que je n’avais rien à voir avec tout cela », se défend Sekkaki.

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Il ajoute que « la Belgique joue volontiers au justicier sur son cheval blanc quand il s’agit de droits de l’homme et d’injustice. Mais que fait-elle elle-même ? Envoyer un dossier alors qu’elle ne sait que trop bien qu’on torture les gens ici au Maroc et que je n’ai aucun moyen de me défendre ». Des propos graves que l’avocat de Sekkaki en Belgique reprend en partie. « Ce n’est pas parce que quelqu’un commet la faute de fuir au Maroc qu’il faut le priver de tout espoir. Certainement pas quand il a déjà purgé chaque jour de sa peine de 12 ans », estime Me Frédéric Thiebaut. « En tant que gouvernement ou pays, on ne peut pas admettre qu’il n’ait pas un procès équitable ou soit maltraité. On ne jette pas les gens comme des mouchoirs en papier ».

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En attendant que son sort ne soit décidé, Ashraf Sekkaki essaie de tuer le temps. « Je fais du sport dans ma cellule, parce que vu que je suis à l’isolement, je n’ai pas droit d’aller au fitness de la prison. Le sport est mon antidépresseur naturel. Je ne vais pas toujours bien. J’essaie de lire beaucoup et d’apprendre. J’ai des magazines, des livres et des journaux belges que ma famille m’envoie avec quelques semaines de retard, mais c’est mieux que rien ».

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Accusé d’être obsédé par l’évasion, il se définit comme un homme qui a le goût de la liberté. Depuis que HLN a publié cet entretien, Ashraf Sekkaki, selon ses proches et son avocat, serait accusé d’être lié à Ridouan Taghi, un narcotrafiquant néerlandais soupçonné d’une série d’exécutions et de meurtres. « Son nom est utilisé à l’envi dans tous les dossiers », regrette l’avocat.

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