Le Maroc se détourne du blé français

6 septembre 2023 - 07h00 - France - Ecrit par : P. A

Le Maroc a importé moins de blé depuis la France cette année. Une tendance qui devrait se maintenir l’année prochaine, au regard de la forte concurrence entre la Russie et l’Hexagone en Afrique du Nord, une région qui absorbe 15 % des importations mondiales de blé du continent.

Selon Alexandre Marie, chef analyste pour Agritel (Argus Media France), la France devrait exporter 4,3 millions de tonnes de blé tendre vers l’Algérie et le Maroc en 2023/2024, ce qui représenterait 45 % des exportations pour le compte de la campagne en cours qui prendra fin d’ici juin 2024. Ces chiffres restent largement inférieurs aux plus de 7 millions de tonnes régulièrement enregistrés au cours de la période allant de 2013/2014 à 2019/2020, a expliqué l’expert dans un récent entretien au quotidien d’information agricole Terre-Net, cité par Agence Ecofin.

À lire : Blé français ou russe : le Maroc hésite

La France devra reconquérir ces deux marchés traditionnels si elle tient à réaliser ses prévisions, prévient le responsable, précisant que le Maroc, par le biais de l’Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL), a revu en juillet dernier sa politique d’importation de blé, de manière à encourager les professionnels du secteur à délaisser le blé français au profit des fournisseurs de la mer Noire dont la Russie. Idem en Algérie qui depuis 2021, a modifié son taux de tolérance en grains punaisés, privilégiant l’approvisionnement depuis la mer Noire et principalement la Russie.

À lire : La France accélère ses exportations de blé vers le Maroc

« Entre mai et juillet, le blé français n’a pas été compétitif. Loin de là. Les écarts dépassant parfois les 40 dollars/tonne en faveur de l’origine russe. Le blé français n’était pas capable de remplir les carnets de commandes à l’exportation vers les pays tiers. Mais la donne change depuis quelques semaines, avec d’une part un travail d’amélioration du prix de l’origine France et une remontée des prix russes liés à des retards de récolte, des tensions logistiques internes et à la prime d’assurance de fret qui reprend de l’ampleur à cause de l’insécurité maritime », a ajouté Alexandre Marie.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Russie - Algérie - Exportations

Aller plus loin

La sécheresse pousse le Maroc à multiplier ses achats de blé sur le marché mondial

Le Maroc maintient son système de restitution à l’importation du blé tendre au profit des opérateurs. Une importante quantité de cette céréale sera bientôt commandée.

La France accélère ses exportations de blé vers le Maroc

Les exportations de blé français ont atteint un niveau record au 3ᵉ trimestre. Le Maroc, l’un de ses clients traditionnels, en a reçu davantage.

Blé français ou russe : le Maroc hésite

La France veut récupérer des marchés d’export en blé en renforçant ses exportations vers le Maroc et l’Algérie qui se tournent de plus en plus vers la Russie pour s’approvisionner.

Le Maroc se tourne vers le blé français

Touché par la sécheresse, le Maroc se tourne vers la France pour s’approvisionner en blé tendre. L’hexagone a exporté 1 million de tonnes vers le royaume cet été.

Ces articles devraient vous intéresser :

Avocat : le Maroc a un redoutable concurrent

Les avocats produits au Maroc sont très prisés en Europe en raison de plusieurs avantages concurrentiels. Mais le royaume a désormais un redoutable concurrent.

Pastèques marocaines : une dégringolade des exportations vers l’Europe

Les exportations marocaines de pastèque ont enregistré une baisse inquiétante au premier semestre de l’année 2024 en raison de la faible demande des pays européens. Une situation qui affecte les exportateurs, déjà confrontés à la réduction de la...

Tanger Med : les exportateurs marocains en colère

Des exportateurs marocains de fruits et légumes se plaignent de l’engorgement du port de Tanger Med, notant que cette situation affecte la qualité de leurs produits destinés aux pays européens.

L’export d’oranges marocaines menacé

La filière des agrumes au Maroc est confrontée à d’énormes difficultés liées à la baisse de production du fait de la rareté des précipitations, ce qui affecte sa présence sur les marchés internationaux.

Maroc : boom des exportations automobiles à fin novembre 2023

Les exportations de voitures ont augmenté de 30,2 % à fin novembre 2023 par rapport à la même période de l’année précédente, atteignant plus de 130,64 milliards de dirhams (MMDH).

Les Marocains de France battent des records de transfert

Les Marocains du monde ont transféré au Maroc près de 115,15 milliards de dirhams (MMDH) à fin décembre 2023, soit une hausse de 4 % par rapport à la même période de 2022 (110,72 MMDH), révèle l’Office des changes.

Maroc : les prix des fruits et légumes atteignent des sommets

Au Maroc, les prix des fruits et légumes continuent d’augmenter et de peser sur le budget mensuel des Marocains en raison notamment des exportations.

Taxe carbone : le Maroc face au compte à rebours européen

Alors le Maroc se prépare à l’entrée en vigueur de la taxe carbone européenne, bon nombre d’entreprises marocaines sont encore à la traîne. Loïc Jaegert-Huber, directeur régional d’ENGIE Afrique du Nord et président de la Commission énergies propres de...

Maroc : une croissance paradoxale entre exportations et importations d’avocats

Alors que le Maroc produit de plus en plus d’avocat, devenant l’un des principaux fournisseurs en Europe, la part des importations continuent de croître.

Maroc : record d’exportations d’avocat, mais à quel prix ?

Les agriculteurs marocains continuent de produire de l’avocat destiné à l’exportation, malgré le stress hydrique que connaît le royaume. Le volume des exportations de ce produit a déjà atteint 30 000 tonnes.