Maroc : la police fait la chasse aux mendiants, plusieurs milliers d’arrestations
La police marocaine a décidé de sévir contre les mendiants. Plusieurs milliers d’entre eux ont été arrêtés depuis le début de l’année.
Le troisième programme de la stratégie nationale de lutte contre la mendicité vient d’être lancé. Objectif : lutter contre ce fléau qui touche près de 200.000 personnes, d’après une enquête réalisée, cette année, par le ministère du Développement social.
Devenue un véritable commerce, qui attire chaque année des milliers de personnes, la mendicité ne cesse de s’accroître. Soucieux de lutter contre ce fléau, la ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité, Nouzha Skalli, a lancé vendredi dernier à Fès, le troisième programme de la stratégie nationale de lutte contre la mendicité. A cette occasion, Mme Skalli a révélé que la répartition géographique des mendiants place les régions de Fès-Boulmane et Meknès-Tafilalet au troisième rang au niveau national avec plus de 28.000 mendiants. « Une enquête réalisée par le ministère en 2007 montre que le nombre de mendiants au niveau national est de 195.000 », déclare à ALM Mme Skalli avant d’ajouter que « 51% sont des femmes. Cette situation s’explique par le fait que la solidarité familiale s’est relâchée ».
Selon l’enquête, 51,8% des personnes s’adonnent à la mendicité en raison de la pauvreté. Cette stratégie nationale cible de manière générale les mendiants et plus particulièrement ceux qui en ont fait une activité professionnelle. Cette mendicité professionnelle a pris des proportions démesurées et représente 62,4% du total des mendiants. Ces professionnels utilisent des enfants loués ou volés et des personnes handicapées pour mendier. L’objectif de lutte est de mettre fin ou, du moins, atténuer cette pratique. « Pour lutter contre la mendicité professionnelle, il y a, en fait, deux phases. La première se rapporte à l’avertissement qui consiste à faire signer à ces personnes un engagement afin qu’il n’y ait plus recours à ce genre de pratique. La deuxième phase concerne la poursuite judiciaire. Pour cela, le ministère travaille en étroite collaboration avec les ministères de la Justice et de l’Intérieur ». Le code pénal est clair. Selon l’article 326 « Est puni, de un à six mois de prison, quiconque ayant les moyens de subsistance ou étant en mesure de se les procurer par le travail, ou de toute autre manière licite, se livre habituellement à la mendicité en quelque lieu que ce soit ».
Par ailleurs, cette stratégie nationale s’est donnée pour objectif majeur d’assurer l’insertion socio-économique des mendiants et de mettre en place un dispositif d’aide sociale à leur profit. En outre, l’intégration familiale occupe une place majeure dans le cadre de ce programme. Il s’agit ainsi de réintégrer les mendiants dans leurs familles. Il y a aussi l’intégration institutionnelle qui consiste à placer ces personnes qui n’ont pas de familles dans des institutions sociales (Til Mellil à Casablanca et Aïn Atik à Rabat). Cette stratégie ambitionne l’intégration économique à travers le financement des activités génératrices de revenus qui sont financées par le ministère du Développement social et ses partenaires.
Des formations professionnelles ont lieu en vue de faciliter leur intégration. Selon Mme Skalli, la sensibilisation fait également partie des axes de cette stratégie nationale. Il s’agit de sensibiliser les citoyens car ils ont un rôle à jouer dans l’éradication de ce fléau. Le citoyen doit prendre conscience qu’il ne faut pas céder à la compassion, sinon il contribue à amplifier ce phénomène. Dans la région de Fès-Boulemane, le programme de lutte contre la précarité sociale et la marginalisation a ciblé 2.500 personnes notamment les mendiants, les sans-abri, les enfants abandonnés, les femmes en situation difficile, les personnes âgées sans ressources et les handicapés. Pour répondre à ce souci, il a été décidé la construction d’un centre d’accueil à Bab Khoukha pour un montant global de 3.900.000 DH. Ce centre devrait profiter à une centaine de personnes.
Aujourd’hui le Maroc - Leila Zerrour
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