La crise entre le Maroc et l’Espagne pourrait s’intensifier avec l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) sur un recours du Front Polisario concernant l’accord de pêche qui inclut les eaux du Sahara. Jeudi, de nombreux internautes marocains ont réagi sur les réseaux sociaux, demandant le « non-renouvellement de l’accord de pêche avec l’Espagne », rapporte El Espanol. L’accord de pêche entre l’UE et le Maroc, signé depuis plus de 30 ans et qui a fait l’objet de renouvellements réguliers jusqu’en 2019, permet aux pêcheurs de l’UE d’exercer leur activité dans les eaux hors de l’UE en versant un droit d’accès. Une suspension de ces accords affecterait directement l’Espagne dont les pêcheurs constituent la plus grande partie de la flotte.
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Avec la signature en 2000 de l’Accord d’association, et l’adoption cinq ans plus tard, du plan d’action de la politique européenne de voisinage, le Maroc est devenu un partenaire privilégié de l’Europe en matière de lutte contre l’immigration clandestine et de terrorisme. La mise en place du sommet UE-Maroc est venue renforcer ces relations au plan politique.
Dans une résolution contre le Maroc, votée jeudi à Strasbourg par les quatre principaux groupes du parlement européen (populaire, socialiste, libéral et vert) à 397 voix pour, 85 contre, 196 abstentions, l’UE a condamné l’attitude « injustifiable » du royaume qui a provoqué en mai une crise migratoire inédite en laissant entrer des milliers de migrants à Ceuta. Dans sa résolution, l’UE soutient que « l’aggravation de la crise politique et diplomatique ne doit pas remettre en cause les relations de bon voisinage, stratégiques, multidimensionnelles et privilégiées entre le Maroc et l’UE et l’Espagne ».
La réaction du Maroc ne s’est pas fait attendre. « La résolution du parlement européen ne change pas le caractère politique de la crise entre le Maroc et l’Espagne », a indiqué le Maroc dans une déclaration du ministère des Affaires étrangères, précisant que « l’instrumentalisation du parlement européen dans cette crise est contre-productive ». La veille du vote de la résolution, Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères, avait déjà accusé le gouvernement espagnol d’« européaniser » la crise « bilatérale entre l’Espagne et le Maroc ». Pour le chef de la diplomatie marocaine, au-delà de l’affaire Ghali, il y a « quelque chose de plus profond. Une perte de confiance ».