« Les tentatives de l’Espagne d’impliquer le parlement européen dans un conflit en profitant de la question migratoire, risquent de compromettre non seulement notre longue tradition de coopération, mais aussi nos engagements communs et la coopération mutuellement bénéfique du Maroc avec les pays européens et avec le parlement ». C’est en ces termes que s’est adressé lundi, Chaoui Belas, le président de la Commission parlementaire mixte Maroc-UE, dans une lettre aux députés européens.
« Le projet de résolution espagnol, qui est une initiative des eurodéputés de la formation espagnole Ciudadanos, est une manœuvre pour éviter le vrai problème » de l’accueil de Brahim Ghali, le chef du Front Polisario, dans un hôpital espagnol, a expliqué Chaoui Belas dans sa lettre, invitant les eurodéputés à « ne pas souscrire à la tentative de l’Espagne d’instrumentaliser l’Europe […] afin de persister dans son refus d’assumer sa responsabilité historique avec le Maroc alors même que sa crédibilité est en jeu », allusion faite à « l’obligation » pour l’Espagne de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara.
Les autres groupes parlementaires ne manqueront pas d’amender ce texte. Pour les socialistes par exemple, le Maroc « a utilisé l’immigration irrégulière comme instrument politique, violant ainsi l’intégrité territoriale et la souveraineté d’un État membre ». Dans le même sens, les Verts ajoutent que le Maroc a agi dans l’intention d’« obtenir des avantages politiques au Sahara occidental ».
A lire : L’Europe pourrait voter une résolution condamnant le Maroc
Avant l’adoption jeudi de cette résolution, le parlement européen devrait prendre l’avis de l’exécutif européen qui sera donné par la commissaire à l’égalité, Helena Dalli. Pour la première fois en 25 ans, le Maroc fait l’objet d’une résolution le condamnant pour violations des droits humains. L’initiative vient des eurodéputés du groupe parlementaire Renew Europe, composé entre autres de La République en Marche du président Emmanuel Macron et du Parti nationaliste basque. Mais le texte original du projet, rédigé par l’eurodéputé Jordi Cañas, condamnait fermement le laisser-aller du Maroc ayant entrainé l’arrivée de près de 2 000 migrants mineurs à Ceuta, dont 1 200 ont été pris en charge par les autorités locales et quelque 300 continuent d’errer dans les rues.