Après le PDG du groupe Assu 2000, Jacques Bouthier, mis en examen notamment pour « traite des êtres humains », « viols » et « association de malfaiteurs », puis remis en liberté pour raisons médicales, c’est au tour du directeur général Amir Messadi de faire face à la justice française. Il est visé par une plainte déposée le 10 octobre à Paris pour harcèlement sexuel et viols. La plaignante Sarah (le prénom a été modifié) a pris cette décision après que la note de recherche lancée par le procureur général de la Cour d’appel de Tanger contre le Franco-tunisien en juillet dernier n’a connu une suite favorable. La France n’extrade pas ses ressortissants. « Ma cliente n’a donc d’autre choix aujourd’hui que de saisir la justice française, comme le permet la loi en raison de la nationalité de M. Messadi », décrypte ainsi l’avocate de Sarah, Anne-Claire Le Jeune. L’accusé s’était enfui en France alors que l’enquête ouverte à Tanger (Maroc) suivait son cours.
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Dans sa plainte, Sarah « assure avoir été ouvertement courtisée par le directeur général du groupe, régulièrement présent dans la filiale de Tanger », où il est propriétaire d’une maison, fait savoir Le Parisien. Alors qu’elle n’acceptait pas ses avances – promesse de mariage et de poste à Monaco inclus –, elle se voit contrainte par sa cheffe de sortir avec Messadi. Celle-ci lui aurait fait du chantage à l’emploi. « Elle m’a d’abord expliqué que M. Messadi avait beaucoup d’argent, une villa à Dubaï, des voitures de luxe, que je pourrais évoluer plus facilement… Et puis elle m’a clairement fait comprendre que je n’avais pas le choix. Elle savait très bien que je ne pouvais pas me permettre d’être au chômage, ni d’être privée de mes primes, qui constituent une très grosse part du salaire », confie la plaignante.
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Sarah relate quatre faits de viols. Lors d’un déplacement à Marrakech en décembre 2021, Amir Messadi lui aurait fait miroiter un poste de cheffe de projet, « cohérent avec son master en communication des organisations obtenu en France ». Elle raconte que le responsable avait frappé sa porte dans la nuit avant de s’imposer physiquement dans sa chambre. « C’est comme s’il avait changé de visage, c’était super violent. Jamais je n’aurais pensé qu’il irait jusque-là », dit-elle. Dans sa plainte, elle détaille des pratiques humiliantes et raconte trois autres épisodes qui « auraient eu lieu à l’hôtel Hilton de Tanger ».
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L’éclatement du scandale Bouthier en France marquera la fin de ses supplices. « Une libération », dira Sarah. Aujourd’hui, la jeune femme réclame justice. Sarah avait été entre-temps licenciée pour abandon de poste – elle a saisi les Prud’hommes – après un placement en arrêt maladie. Elle se retrouve sans emploi jusqu’à ce jour. « J’ai la phobie que ça m’arrive à nouveau, je survis grâce à des mains tendues, et je suis toujours suivie psychologiquement. Ils ont abusé de moi et de ma dignité », résume-t-elle.