Seine-Saint-Denis : Un Français condamné pour viol conjugal envers sa femme marocaine

10 novembre 2023 - 17h30 - France - Ecrit par : S.A

La cour d’assises de Seine-Saint-Denis a condamné un quadragénaire à une lourde peine de prison pour viols conjugaux et maltraitance contre son épouse de nationalité marocaine.

Tout part d’une rencontre ayant eu lieu en 2018 au Maroc entre Youcef*, un Français divorcé habitant Bagnolet (Seine-Saint-Denis) et père de trois enfants et Samia*, 27 ans, une jeune femme née dans le royaume. Cette dernière était prête à « se caser ». Quelques mois après, elle se marie à cet homme de 16 ans son aîné. Le quadragénaire fait venir sa nouvelle conjointe en France. Celle-ci n’était pas au courant que celui avec qui elle a choisi partager sa vie avait été condamné deux fois pour violences conjugales. Leur vie conjugale dans l’appartement deux pièces de l’agent d’entretien n’aura duré que six mois.

À lire : Soissons : un Marocain condamné pour violences sur ses parents

Trois ans après, le couple se retrouve. Pas dans leur appartement, mais à la cour d’assises de Seine-Saint-Denis où Youcef est jugé pour viol conjugal. Alors que Samia était en quête d’amour, son quotidien est marqué par l’isolement social, les humiliations, les coups, les relations sexuelles contraintes, rapporte La Dépêche du Midi. Lorsque Samia le supplie de pouvoir sortir, travailler, avoir de l’argent pour s’acheter des serviettes hygiéniques, son conjoint l’accable : « Je t’ai ramenée ici pour la cuisine et pour le sexe ! » À bout de forces, la jeune femme se rend au commissariat. Mais il sera difficile de soumettre des preuves à l’appréciation du juge.

À lire :Bergerac : un Marocain condamné pour la troisième fois pour violences conjugales

À la barre, elle décrit les mêmes faits de viols et violences répétés « Il voulait des relations sexuelles mais […] disait des choses qui me blessaient », relate – via une interprète – la jeune femme aujourd’hui hébergée par le Samu social. « J’ai vécu l’enfer, Madame la présidente », rétorque Youcef depuis son grand box en verre, ajoutant qu’elle carbonisait les plats et qu’elle le faisait exprès. Qualifiant sa conjointe de menteuse nymphomane appâtée par l’argent, elle va jusqu’à affirmer que Samia le frappait et le violait. Aucun élément ne corrobore les allégations du conjoint. « Celui qui viole n’est pas forcément un monstre mais (l’est) celui qui considère qu’il a sur une personne un droit de propriété, que c’est pas vraiment une femme, que c’est un objet », rappelle dans sa plaidoirie l’avocate de la partie civile Agathe Grenouillet.

À lire :France : une Marocaine victime de violences conjugales, son époux condamné

Après deux jours d’audience et trois heures de délibéré, à 1h30 du matin, Youcef écope d’une peine de dix ans de prison. Samia qui attendait le dénouement judiciaire pour retourner au Maroc pourra préparer son voyage.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Femme marocaine - Prison - Violences et agressions

Aller plus loin

Salim Berrada, le « violeur de Tinder », condamné à 18 ans de réclusion

Accusé de 17 viols et agressions sexuelles, Salim Berrada, 38 ans, a été condamné vendredi par la cour criminelle de Paris à 18 ans de réclusion. L’ancien photographe marocain,...

Un pas en arrière pour les droits des femmes marocaines

La justice vient d’annuler la décision de la Cour d’appel de Tanger qui avait condamné pour la première fois en 2019 un homme à deux ans prison pour viol conjugal. Les...

Avignon : accusé de viol, un Marocain de 70 ans, récidiviste, risque gros

Le procès des viols de Mazan se poursuit à Avignon. Mohamed R., 70 ans, l’un des accusés qui a comparu lundi, est un récidiviste. Il avait été déjà condamné en 1999 par la cour...

Bergerac : un Marocain condamné pour la troisième fois pour violences conjugales

Un Marocain de 42 ans, résidant à Bergerac, a été condamné à deux ans de prison pour violences conjugales par le tribunal judiciaire de la ville, jeudi 20 avril. C’est la...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : les femmes divorcées réclament des droits

Au Maroc, les appels à la réforme du Code de la famille (Moudawana) continuent. Une association milite pour que la tutelle légale des enfants, qui actuellement revient de droit au père, soit également accordée aux femmes en cas de divorce.

Maroc : présenter un acte de mariage dans les hôtels c’est fini

L’obligation de présenter un contrat de mariage lors de la réservation de chambres d’hôtel au Maroc pour les couples aurait été annulée. Cette décision survient après la colère du ministre de la Justice, Adellatif Ouahbi.

L’actrice marocaine Laila Rouass au coeur d’une polémique en Grande-Bretagne

Alors que le concours de danse télévisé « Strictly Come Dancing » de la BBC est touché ces derniers mois par des accusations de violences sur le tournage, une dispute historique entre le mannequin et actrice britannique d’origine marocaine Laila Rouass...

Mohamed Ihattaren risque d’aller en prison

L’avocat de Mohamed Ihattaren, Hendriksen, confirme que le joueur d’origine marocaine est poursuivi en justice pour légère violence envers sa fiancée Yasmine Driouech en février dernier. La date de l’audience n’est pas encore connue.

Un Britannique poignarde l’amant Marocain de sa compagne qu’il surprend chez lui

Un citoyen britannique de 28 ans a été interpellé par la Guardia Civil, suite à une tentative de meurtre envers un Marocain à Santa Ponsa (Baléares).

Maroc : il tue son père pour des cigarettes

Drame dans la commune d’Ait Amira. Un jeune homme a donné un coup de couteau mortel à son père après que ce dernier a refusé de lui donner de l’argent pour acheter un paquet de cigarettes.

Love is Blind, Habibi : un candidat irakien insulte les Marocaines

L’émission de téléréalité « Love is Blind, Habibi », sur Netflix, fait face à une vague de critiques suite aux propos tenus par un candidat irakien, Khatab, à l’encontre des Marocaines. Lors d’une interview radio, celui-ci a tenu des propos moqueurs...

Maroc : les femmes divorcées appellent à la levée de la tutelle du père

Avant l’établissement de tout document administratif pour leurs enfants, y compris la carte d’identité nationale, les femmes divorcées au Maroc doivent avoir l’autorisation du père. Elles appellent à la levée de cette exigence dans la réforme du Code...

Code de la famille : les féministes marocaines face à l’opposition de Benkirane

Le secrétaire général du Parti justice et développement (PJD), Abdelilah Benkirane, a vivement critiqué le mouvement féministe qui milite pour l’égalité des sexes dans le cadre de la réforme du Code de la famille, estimant que son combat vise à...

Pilules abortives : le Maroc face à un gros problème

Des associations de défense des droits des consommateurs dénoncent la promotion sur les réseaux sociaux de pilules abortives après l’interdiction de leur vente en pharmacie, estimant que cette pratique constitue une « atteinte grave à la vie » des...