Un pas en arrière pour les droits des femmes marocaines

28 octobre 2024 - 08h00 - Maroc - Ecrit par : P. A

La justice vient d’annuler la décision de la Cour d’appel de Tanger qui avait condamné pour la première fois en 2019 un homme à deux ans prison pour viol conjugal. Les féministes dénoncent ce qu’elles considèrent comme une remise en cause de la jurisprudence.

« Le jugement rendu, coïncidant avec la Journée nationale de la femme marocaine, fait honte », a affirmé auprès de Hespress, Samira Muheya, présidente de la Fédération des Ligues des droits des femmes, rappelant que « lorsque le jugement a été rendu en 2019, nous l’avons salué, et nous l’avons considéré comme conforme aux orientations du royaume en matière de renforcement des droits humains des femmes. Nous avons espéré que cela marquerait enfin une application réelle et effective de l’article 19 de la Constitution, qui appelle à consacrer l’égalité entre les sexes. Mais, malheureusement, la Cour de cassation a contredit les orientations du royaume concernant cette voie démocratique, les principes des droits de l’homme et les conventions internationales. »

À lire : Polémique autour d’une affaire de viol conjugal au Maroc

À l’en croire, la décision de la Cour de cassation, « favorable à une interprétation juridique et une vision rétrogrades, voire dévalorisantes, envers les femmes et même du point de vue juridique de la famille, place les femmes au second rang derrière les hommes » et « consacre une application injuste de la loi. » La présidente de la Fédération de la Ligue des droits des femmes poursuivra : « Aujourd’hui, alors que nous œuvrons dans le cadre des chantiers ouverts pour une réforme profonde et complète du Code de la famille et un changement radical du système pénal, nous sommes confrontés à un jugement de ce type, qui encourage le viol conjugal et une relation sexuelle entre époux fondée sur l’obéissance et le non-consentement, alors que cette relation devrait être basée sur le choix, l’amour et la liberté de consentement ».

À lire : Viol conjugal : nécessité de réformer la loi marocaine

L’affaire ayant conduit à la décision de la Cour d’appel en 2019, remonte au mois de juin 2018, lorsqu’une femme souffrant de saignements, a été transportée dans une ambulance à l’hôpital de Larache. Elle avait confié aux agents de la police judiciaire que son mari s’était mis en colère et avait menacé de la tuer après qu’elle lui a fait part de son intention de rompre la relation. Dans sa colère, le mari l’avait agressée sexuellement.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Droits et Justice - Tanger - Femme marocaine - Sexualité - Violences et agressions

Aller plus loin

Les agressions sexuelles dans le cinéma marocain dénoncées

Au Maroc, le cinéma maltraite les femmes. C’est ce qui ressort d’une étude intitulée « La violence basée sur le genre dans le secteur du cinéma » présentée à Rabat.

Polémique autour d’une affaire de viol conjugal au Maroc

La Cour de cassation a récemment annulé une décision de la cour d’appel de Tanger qui avait condamné un homme pour le viol de son épouse.

Maroc : plus de la moitié des femmes mariées, victimes de violences conjugales

Malgré les nombreuses mesures, le Maroc fait toujours face au défi des violences conjugales. Selon un rapport sur les droits de l’homme, le phénomène est inquiétant, d’autant...

Viol conjugal : nécessité de réformer la loi marocaine

Les responsables du Conseil national des droits humains (CNDH) étaient mercredi au parlement pour exposer aux députés la nécessité d’harmoniser la loi relative aux violences...

Ces articles devraient vous intéresser :

Une Marocaine meurt après avoir pris des pilules achetées sur Instagram

Une Marocaine de 28 ans est décédée après avoir pris des pilules amincissantes achetées auprès d’une inconnue qui faisait la promotion de ces produits sur Instagram.

Annulation des accords UE-Maroc : le Polisario jubile

Le Front Polisario a salué la décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) annulant les accords de pêche entre l’UE et le Maroc, la considérant comme un « triomphe de la résistance ».

Maroc : les sites pour adultes cartonnent pendant le ramadan

Les Marocains sont friands des sites pour adultes pendant ce mois de ramadan. À quel moment visitent-ils ces sites ?

Affaire "Hamza Mon Bébé" : Dounia Batma présente de nouvelles preuves

La chanteuse marocaine Dounia Batma confie avoir présenté de nouveaux documents à la justice susceptibles de changer le verdict en sa faveur.

Maroc : indignation après l’assassinat d’une enseignante par un élève

Au Maroc, la Fédération nationale de l’enseignement (FNE, affiliée à l’Union marocaine du travail) appelle à une mobilisation forte et immédiate après l’agression violente d’une enseignante par un élève ayant entraîné la mort de celle-ci.

Maroc : cette violence qui interpelle

La parlementaire Nadia Bouzendoufa, du Parti de l’Authenticité et de la Modernité, interpelle Mohamed Saad Berrada, ministre de l’Éducation nationale sur sa stratégie visant à réviser la circulaire ministérielle n° 14/867 et à adopter des mesures...

Poupette Kenza : compte Instagram désactivé après des propos « antisémites »

L’influenceuse aux plus d’un million d’abonnés sur Instagram, Poupette Kenza, se retrouve au cœur d’une vive controverse après avoir tenu des propos jugés antisémites. Dans une story publiée le 15 mai 2024, elle affirmait sans équivoque son soutien à...

Naïma Samih : son fils en colère

Chems-Eddine Belkaid fils de la chanteuse marocaine défunte Naïma Samih, menace d’engager des poursuites judiciaires contre les organisateurs de concerts – hommage à sa mère sans son accord préalable.

Les cafés et restaurants menacés de poursuites judiciaires

Face au refus de nombreux propriétaires de cafés et restaurants de payer les droits d’auteur pour l’exploitation d’œuvres littéraires et artistiques, l’association professionnelle entend saisir la justice.

Tarik Tissoudali condamné

Décidément, la semaine est décidément noire pour Tarik Tissoudali. Après s’être attiré les foudres de son club, La Gantoise, pour des critiques acerbes suite à la défaite contre le Standard, l’attaquant de 30 ans a été condamné vendredi par le tribunal...