Le cri de détresse des Marocains bloqués aux Îles Canaries

9 février 2021 - 21h40 - Espagne - Ecrit par : P. A

De nombreux migrants marocains arrivés en bateau aux Îles Canaries, n’en peuvent plus de vivre cette expérience traumatisante. Après les nuits passées sur le quai d’Arguineguín et le séjour dans les camps pour migrants, ils n’ont qu’une envie : poursuivre leur route vers l’Espagne.

Mohamed, un étudiant marocain de 22 ans, fait partie des plus de 400 migrants clandestins, des Marocains pour la plupart, qui ont déjà passé des semaines dans le centre de la Fondation Cruz Blanca des Frères Franciscains, à Las Palmas. Depuis deux mois, il attend de prendre un bateau pour rejoindre l’Espagne. « Ici, les gens souffrent en silence… J’en connais qui perdent patience et veulent rentrer au Maroc, car ils sont ici depuis quatre ou cinq mois. Ce n’est pas la joie », explique-t-il.

Pour le moment, Mohamed ne désespère pas. Il dit faire preuve de « patience » et de « persévérance », car il a choisi de quitter le Maroc où « il n’y a pas d’avenir », pour trouver du travail et poursuivre ses études en Espagne. « Aucun de nous n’a pris un bateau avec l’idée de rester aux Îles Canaries, mais plutôt d’aller en Espagne », ajoute-t-il. Pour le jeune étudiant, il est hors de question de retourner au Maroc. « Je ne veux plus jamais revenir. Je ne veux rien du Maroc », martèle Mohamed qui a essayé en vain de s’acheter un billet à l’aéroport de Gran Canaria craignant de se faire prendre et embarquer par la police sur un vol retour pour le Maroc.

Pour la Délégation gouvernementale aux Îles Canaries, les contrôles de police déployés dans les aéroports ne visent pas à empêcher les immigrés de voyager, mais plutôt à garantir le respect des mesures restrictives liées au Covid-19. Les ONG et les avocats qui défendent les droits des migrants, ne croient pas à cette explication. Selon ces derniers, les migrants, depuis le mois de décembre, ne sont pas autorisés à prendre un vol vers l’Espagne ou vers d’autres pays de l’UE, même s’ils ont un passeport.

« Ces derniers jours, nous avons assisté à une montée du racisme et de la xénophobie qui a entraîné la présence de groupes organisés qui menacent et attaquent les migrants. J’ai été attaqué ici dans la rue, et un ami a été battu. Maintenant, je ne peux plus sortir librement. », se plaint par ailleurs Mohamed qui, comme les autres pensionnaires de ce centre, ne demande qu’à être autorisé à continuer son voyage vers l’Espagne.

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