Normalisation avec Israël : un chercheur évoque le risque pris par Mohammed VI

6 janvier 2021 - 21h30 - Maroc - Ecrit par : S.A

La reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara en échange de la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël continue de susciter des réactions. Le chercheur Thierry Desrues estime que le roi Mohammed VI a pris le risque de heurter une partie importante de l’opinion publique marocaine.

«  Sans un accord impliquant le Front Polisario et sans l’appui des Nations unies, cette annonce s’apparente à un coup de force qui ne signifie pas pour autant un retour prochain des négociations ou une évolution du cadre posé par l’ONU. Surtout, en liant la question de la souveraineté du Sahara au rétablissement de relations diplomatiques avec Israël, le roi Mohammed VI a pris le risque de heurter une partie importante de l’opinion publique marocaine  », déclare-t-il dans une tribune publiée par le journal Le Monde.

Malgré toutes les précautions de langage, cette victoire pourrait, analyse le chercheur, se transformer en défaite morale si la cause des Palestiniens ne connaissait pas d’évolution favorable dans les prochaines semaines. «  C’est, tout au moins, ce que ressent une partie de la société marocaine qui soutient la marocanité du Sahara occidental, tout en s’émouvant tant de la situation des droits et des libertés sur ce territoire disputé que du reniement des droits des Palestiniens  », fait observer l’universitaire, avant de revenir sur les réactions des Marocains, des partis politiques marocains, etc, suite au rétablissement des relations entre le royaume et l’État hébreu.

«  Le roi Mohammed VI considère depuis des années que la question de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental est résolue et que seules restent à négocier les modalités d’intégration des indépendantistes. Les déclarations tripartites depuis le ’deal de Trump’ du 10 décembre ont ratifié cette position. […] Les accords montrent que le roi, sûr de lui, agit seul, toujours à la recherche de gains géostratégiques. En impliquant dans ces accords un chef de gouvernement dont le parti a toujours été opposé à la normalisation des relations avec Israël, le souverain tente de réduire l’opposition à ce virage diplomatique  », explique le chercheur.

Dix ans après les «  Printemps arabes  » et à quelques mois des élections législatives et territoriales, ce qui reste de la crédibilité des partis politiques et du parlementarisme marocain, fait-il remarquer, est de nouveau en jeu ; tout comme la liberté d’exprimer publiquement son désaccord avec la direction du pays. «  Le roi Mohammed VI avait déclaré au début de son règne vouloir être au diapason des Marocains. Or, sans le relais d’une presse et de partis politiques réellement représentatifs du pluralisme de la société marocaine, le sentiment populaire demeure une inconnue et ne peut guère peser sur la politique du royaume  », conclut l’universitaire.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Mohammed VI - Sahara Marocain - Normalisation Maroc Israël

Aller plus loin

« Les intérêts marocains » avant la question palestinienne

La normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël continue de susciter de vives réaction chez certains Marocains ou islamistes défenseurs de la cause...

Colère des organisations pro-palestiniennes marocaines contre la normalisation avec Israël

La normalisation des relations entre le Maroc et Israël ne passe pas chez un grand nombre de Marocains. Plusieurs organisations pro-palestiniennes marocaines ont dénoncé les...

Réaction du Hamas suite à la normalisation Maroc-Israël

Le mouvement islamiste palestinien Hamas condamne l’accord de normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël.

Après l’Algérie, David Schenker au Maroc

Au terme de sa visite en Algérie où il a réitéré le soutien de son pays au plan d’autonomie marocain, le secrétaire d’État américain adjoint pour le Proche-Orient et l’Afrique...

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Roi Mohammed VI rend hommage à Mohamed Moatassim

Le Roi Mohammed VI a adressé un message de condoléances et de compassion aux membres de la famille de feu Mohamed Moatassim, Conseiller du Souverain, décédé lundi à Rabat.

Séisme au Maroc : le Roi Mohammed VI passe à l’action

Le Roi Mohammed VIa présidé ce 14 septembre une réunion stratégique au Palais Royal de Rabat, focalisée sur l’activation d’un plan d’urgence relatif au récent séisme d’Al Haouz.

Staffan de Mistura tiendra des « consultations bilatérales » avec le Maroc et le Polisario

L’envoyé du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, tiendra des « consultations bilatérales » avec les représentants des autorités marocaines et du Front Polisario, a annoncé le porte-parole du secrétaire...

Maroc : les salaires des imams vont augmenter

Les imams au Maroc verront leur allocation augmenter de façon progressive pendant les quatre prochaines années. Le roi Mohammed VI en a donné l’instruction, selon le ministère des Habous et des Affaires islamiques

Mohammed VI : ses succès et ses défis

Le roi Mohammed VI a fêté en août ses 60 ans et ses 24 ans de règne. Son fils Moulay Hassan, prince héritier, soufflait quelques mois plus tôt, le 8 mai, ses 20 bougies. À un an de ses 21 ans, âge requis pour être roi, les inquiétudes quant à la santé...

Le Roi Mohammed VI instaure le Nouvel An Amazigh comme jour férié au Maroc

Le Nouvel An Amazigh sera désormais un jour férié officiel au Maroc, selon une décision qui vient d’être prise par le roi Mohammed VI.

Emmanuel Macron écrit au roi Mohammed VI

À l’occasion de la Fête de la Jeunesse, le Roi Mohammed VI a reçu les chaleureuses félicitations d’Emmanuel Macron.

Emmanuel Macron prépare une visite officielle au Maroc

La relation entre la France et le Maroc, après une période de tensions, semble se diriger vers un apaisement et cela pourrait même aboutir à la visite au royaume du président Emmanuel Macron très prochainement.

Le Maroc mise sur ses compétences à l’étranger

Le Maroc veut impliquer davantage ses compétences à l’étranger à son processus de développement. Dans ce sens, un mécanisme est en cours d’élaboration pour accompagner les talents marocains à l’étranger, conformément aux orientations royales.

Le Polisario dit « accepter la paix » mais ne veut pas « déposer les armes »

Le Front Polisario a déclaré qu’il est pleinement engagé pour une paix juste, mais aussi pour la défense, par « tous les moyens légitimes », du droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination.