À Marrakech, certains taxis préfèrent les étrangers que les Marocains

16 juin 2024 - 17h00 - Maroc - Ecrit par : S.A

Alors que les déplacements en voiture se multiplient avant la célébration de l’Aïd al-Adha au Maroc, de nombreux Marocains dénoncent l’attitude des chauffeurs de taxi qui préfèrent les clients étrangers aux Marrakchis.

De nombreux chauffeurs passent avec un taxi vide, mais « ne montrent aucune envie de s’arrêter pour connaître la destination du client », surtout quand il s’agit des Marrakchis, dénoncent certains citoyens auprès de Hespress, ajoutant qu’ils préfèrent prendre les étrangers. Une violation des textes en vigueur. Ils refusent « de transporter les clients marocains, les considérant comme des clients secondaires dès qu’un ‘client préféré’ des professionnels de ce type de transport, à savoir un étranger, se présente », ajoutent-ils. Un comportement qui se développe de plus en plus à mesure que l’on s’approche de la célébration de l’Aïd al-Adha. « Ces comportements scandaleux dont ne cessent de se rendre coupables les chauffeurs de petits taxis envers les citoyens nécessitent désormais une intervention répressive des autorités publiques », estime Zakaria Bchikri, militant des droits de l’homme et acteur de la société civile à Marrakech, expliquant que « ce problème s’est intensifié en raison des préparatifs de l’Aïd al-Adha, période marquée par une augmentation sensible de l’activité perturbée par les actions de certains chauffeurs professionnels. »

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L’associatif dénonce également ces chauffeurs « qui refusent un trajet particulier sous prétexte qu’il ne leur convient pas, bien que la loi les oblige à emmener le client où il le souhaite, dans les limites prévues pour les déplacements en petit taxi ». « Les perturbations qui affectent » les Marocains « peuvent être imputées à certains chauffeurs, tandis que la colère à Marrakech est devenue effectivement virulente », ajoute Bchikri. Pour lui, « la discrimination entre les citoyens marocains et les étrangers, avec une préférence pour les clients européens ou américains, représente un comportement humiliant pour les Marocains qui supportent la contrainte d’attendre longtemps un taxi, dix passant successivement sans qu’aucun ne s’arrête ». « Ce problème est largement évoqué à Marrakech et s’est intensifié avec l’augmentation de la demande pour les transports publics pendant cette période spéciale de la fête », admet Mustapha Chaoun, secrétaire général national de l’Organisation démocratique des transports et de la logistique multimodale.

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Il a toutefois rejeté « la généralisation toujours organisée et étudiée visant à attaquer et diaboliser le chauffeur professionnel pour faire accepter au public le transport via des applications. » Prenant la défense de sa corporation, il assure : « Nous sommes tous pour la moralisation de la vie professionnelle des chauffeurs de taxi, et il y a des cas isolés qui pratiquent ces actions dénoncées par les citoyens ». Chaoun ajoutera : « Si nous nous tournons par exemple vers les autorités sécuritaires et publiques, nous constatons que le nombre de plaintes est très faible, donc tout trouble dont on parle est comme si nous étions dans un métier non organisé ou anarchique. » Le professionnel affirme par ailleurs qu’il s’avère nécessaire de procéder à une révision complète du secteur des transports pour améliorer les prestations des chauffeurs de taxi. « La campagne visant à attaquer le chauffeur professionnel dont le gagne-pain est le taxi était également en vogue de manière alarmante à Casablanca, mais elle a diminué depuis que les autorités publiques ont décidé que l’octroi de licences pour le transport via des applications ne se ferait pas ; et c’est le même sort qui attend ces campagnes de diffamation délibérées avec une certaine généralisation contre les professionnels du secteur », conclut-il.

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