Cela sent visiblement la fin. C’est par 16 voix pour et 9 abstentions que les 25 membres – dont neuf désignés par l’État, les autres étant des élus locaux et des représentants de l’enseignement privé – d’une commission académique consultative présidée par le préfet du Nord ont voté lundi en faveur de la résiliation du contrat d’association liant le lycée privé musulman Averroès de Lille à l’État. Selon les explications d’une source proche du dossier, la commission académique s’est penchée à la fois sur le financement et « le volet pédagogique de l’établissement », et notamment « le contenu du cours d’éthique musulmane ».
À lire :Le lycée musulman Averroès de Lille menacé de fermeture
« Lorsque les conditions auxquelles est subordonnée la validité des contrats d’association cessent d’être remplies, ces contrats peuvent, après avis de la commission de concertation […], être résiliés notamment par le représentant de l’État à son initiative », indiquait Georges-François Leclerc, le préfet de la Région Hauts-De-France dans une correspondance qu’il avait adressée au président de l’association Averroès, Mohamed Damak, en octobre. Après la résiliation de la commission académique consultative, ce contrat pourrait être résilié. Leclerc doit prendre sa décision sur l’avenir de ce contrat « dans les prochains jours », a déclaré une autre source. Selon le préfet du Nord, le lycée ne remplit plus les conditions pour le maintien de cet accord avec l’État.
À lire :Encore une victoire pour le lycée musulman Averroès de Lille
Joseph Breham, l’avocat du lycée musulman Averroès de Lille dénonce un « simulacre total ». « Si jamais il y avait une décision de résiliation […] bien évidemment nous saisirions la justice » administrative, avertit-il. Aux yeux du président de la région, Xavier Bertrand, c’est plutôt une « décision très importante », car le « contenu pédagogique [de l’établissement] ne respecte pas les valeurs républicaines ». Depuis 2019, la région des Hauts-de-France a décidé de priver le lycée de la subvention prévue dans le cadre du contrat. Elle reproche à Averroès un don qatari de 950 000 euros en 2014. Chaque fois que l’affaire est portée devant la justice, le tribunal administratif de Lille donne raison à l’établissement de quatre cents élèves, ouvert en 2003 avec le soutien de l’ex-UOIF (devenu Musulmans de France), et qui se classe régulièrement depuis parmi les meilleurs de la région.