Mort d’Amar à Bobigny : un policier mis en examen pour meurtre

4 juillet 2024 - 15h00 - France - Ecrit par : P. A

Amar, un vendeur de cigarettes à la sauvette, a été tué samedi 29 juin dans le garage d’un pavillon qu’il squattait à Bobigny (Seine-Saint-Denis). Ses proches dénoncent un crime raciste.

Le SDF de 32 ans a été abattu par un policier de 27 ans qui l’a retrouvé en train de squatter le garage de sa grand-mère. L’agent, qui n’était pas en service, a tiré sept balles en direction de la victime et a réussi à la toucher à cinq reprises. Le jeune policier a été mis en examen pour meurtre et placé en détention provisoire lundi, rapporte Le Parisien.

L’avocat de la famille d’Amar, Me Yassine Bouzrou, se prépare à plaider « le crime raciste, gratuit et injustifié ». « Le profil de la victime abattue froidement, le nombre de coups de feu à bout portant et l’acharnement face à une personne désarmée permettent de privilégier la thèse d’un meurtre raciste », explique le pénaliste, connu pour avoir défendu des cas de violences policières comme celui de Nahel, le jeune tué à Nanterre en juin 2023. À ce stade de l’instruction, la thèse raciste n’est pas établie. « Il n’y a aucun témoin sur place, il est donc difficile de dire quels mots ont pu être utilisés », reconnaît l’avocat qui attend de prendre connaissance du dossier.

À lire : Violences policières : la France sermonnée par l’ONU

Amar est arrivé récemment en France où il a de la famille. Pourtant, ce célibataire sans enfant vivait dans une grande précarité, détaille l’avocat qui précise que le jeune homme était sans domicile fixe et passait la nuit « à gauche à droite, chez des amis ou dans des abris de fortune ». C’est ainsi qu’il a commencé à squatter le garage du pavillon de la grand-mère du policier, quelques jours avant sa mort. Celle-ci, inquiétée par les bruits suspects qui provenaient du garage, a appelé son petit-fils à l’aide. La suite, on la connaît.

Me Bouzrou insiste sur le caractère raciste du meurtre. « Sept tirs pour maîtriser un homme qui n’était pas armé, c’est un acharnement. Qu’est-ce qui peut expliquer une haine à ce point ? », se demande le pénaliste. Selon l’agent qui invoque la légitime défense, Amar « se montrait agressif » et l’aurait « menacé d’un objet qu’il aurait pris pour une arme », ce qui l’a poussé à faire usage de son arme. L’objet en question était un pistolet à colle pour le bricolage. Le climat politique actuel amène les policiers à « invoquer la présomption de légitime défense en toutes circonstances », a dénoncé l’avocat qui a demandé le placement en détention du policier.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Droits et Justice - Racisme - Homicide - Bavure policière

Aller plus loin

Violences policières : la France sermonnée par l’ONU

Le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale, l’organe affilié aux Nations unies, exprimé sa « profonde préoccupation » concernant les pratiques des forces de...

Isère : deux cold cases ressurgissent du passé, un Marocain interpellé

Un homme d’origine marocaine a été arrêté à Dijon par les gendarmes. Il est soupçonné d’être impliqué dans deux affaires de meurtres non élucidées : celles de Laïla Afif, 40...

L’avocate de Taha O. livre un témoignage troublant sur le meurtrier de Philippine

Le Marocain Taha O., 22 ans, est accusé du meurtre de Philippine, l’étudiante retrouvée morte dans le bois de Boulogne. Me Laura Beauvais, avocate pénaliste au barreau de Paris,...

Un policier harcèle une femme à Casablanca, il est sanctionné

La plainte d’une femme qui affirme avoir été victime de harcèlement a conduit à la suspension provisoire d’un policier, membre d’une unité de sécurité publique à Casablanca.

Ces articles devraient vous intéresser :

Poupette Kenza : compte Instagram désactivé après des propos « antisémites »

L’influenceuse aux plus d’un million d’abonnés sur Instagram, Poupette Kenza, se retrouve au cœur d’une vive controverse après avoir tenu des propos jugés antisémites. Dans une story publiée le 15 mai 2024, elle affirmait sans équivoque son soutien à...

Maroc : les chiffres alarmants sur la corruption des députés

Sur les 30 députés à la Chambre des représentants poursuivis ou condamnés pour des faits de corruption, de détournement de fonds publics ou d’abus de pouvoir, 16 proviennent de la majorité (RNI, PAM et l’Istiqlal). C’est le constat fait par Jeune Afrique.

Des Marocains célèbrent la fin des accords de pêche avec l’Europe

Sur Facebook, de nombreux internautes marocains et des spécialistes des relations maroco-européennes affichent leur satisfaction après la décision de la Cour de justice annulant les accords de pêche entre l’Union européenne (UE) et le Maroc.

Les cafés et restaurants menacés de poursuites judiciaires

Face au refus de nombreux propriétaires de cafés et restaurants de payer les droits d’auteur pour l’exploitation d’œuvres littéraires et artistiques, l’association professionnelle entend saisir la justice.

Maroc : un magistrat sévèrement sanctionné

Le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire vient d’ordonner la révocation d’un juge exerçant dans un tribunal de première instance, condamné pour corruption. Le magistrat a été pris en flagrant délit, alors qu’il recevait la somme de 500 dirhams de la...

Mohamed Ihattaren risque d’aller en prison

L’avocat de Mohamed Ihattaren, Hendriksen, confirme que le joueur d’origine marocaine est poursuivi en justice pour légère violence envers sa fiancée Yasmine Driouech en février dernier. La date de l’audience n’est pas encore connue.

Un MRE expulsé après 24 ans en France

Un ressortissant marocain de 46 ans, résidant en France depuis 24 ans, a été expulsé en février dernier, suscitant l’émoi et soulevant des questions quant à l’application de la loi Darmanin sur l’immigration.

Sentiment d’insécurité au Maroc : un écart avec les statistiques officielles ?

Au Maroc, la criminalité sous toutes ses formes est maitrisée, assure le ministère de l’Intérieur dans un récent rapport.

El Jadida : le refus de la polygamie conduit au drame

Un féminicide a secoué la paisible commune de Zaouiat Saiss, dans la province d’El Jadida. Un homme a brutalement mis fin aux jours de son épouse au cours d’une dispute conjugale.

Maroc : les fraudeurs fiscaux bientôt devant la justice

Au Maroc, les fraudeurs fiscaux présumés vont répondre de leurs actes. Les contrôleurs de l’administration fiscale ont transmis leurs dossiers à la justice aux fins de poursuite.