Peine de mort : la sourde oreille des juges

2 mars 2007 - 12h47 - Maroc - Ecrit par : L.A

La Justice marocaine continue de prononcer des condamnations à la peine capitale. Les engagements réitérés par le ministre de tutelle et par le président du CCDH (Conseil consultatif des droits de l’homme) à l’occasion du troisième congrès mondial contre la peine, ne semblent pas avoir d’échos auprès de certains juges.

En témoigne, la dernière sentence capitale prononcée le 20 février dernier, par la première chambre criminelle près de la Cour d’appel de Rabat (annexe de Salé) à l’encontre de Karim Zimach, accusé de l’assassinat du diplomate italien attaché à la délégation de l’Union européenne à Rabat, Alessandro Missir di Lusigano, et de son épouse Arianna Lagasse le 19 septembre dernier.

Exprimant vivement leur « vive préoccupation » par cette lourde condamnation, la FIDH (Fédération internationale des ligues de droits de l’homme) et la CMPDM (Coalition marocaine contre la peine de mort) appellent les juges à « tenir compte du contexte favorable à l’abolition qui prévaut aujourd’hui au Maroc » et « appliquer un moratoire immédiat sur les condamnations à la peine capitale et ce, en vue d’une abolition prochaine ».

Les deux organisations qui renouvellent leur opposition à la peine de mort, « en toute circonstance et en tout lieu », rappellent que « la peine de mort est fondamentalement contraire à la dignité de l’être humain proclamée par la Déclaration universelle des droits de l’Homme et que son abolition est visée par plusieurs convention internationaux, notamment par le Protocole facultatif au Pacte international sur les droits civils et politiques ».

Pour la FIDH et la CMPDM, l’ « effet dissuasif (de la peine de mort) n’a par ailleurs, jamais été établi ».
Rappelons qu’à l’occasion de la 61e session de la Commission des droits de l’Homme des Nations unies le ministre de la Justice Mohamed Bouzoubâa avait fait état, le 15 mars 2005, de la volonté du Maroc d’abolir la peine de mort.

De même, à l’occasion d’un entretien avec une délégation de la FIDH et de la Coalition marocaine contre la peine de mort, en février 2007, le ministre de la Justice a annoncé la prochaine réforme du Code pénal marocain qui devrait selon lui, limiter l’application de la peine capitale aux auteurs d’actes terroristes et d’atteinte à la sécurité de l’Etat.

De son côté, l’IER (Instance Equité et Réconciliation) a dans son rapport final publié fin 2004, recommandé l’abolition de la peine capitale.

Le président du CCDH (Conseil consultatif des droits de l’homme) Driss Benzekri avait dernièrement évoqué la prochaine abolition de la peine de mort au Maroc et l’adhésion aux statuts de Rome relatifs à la CPI (Cour pénale internationale).

Al Bayane - Mustapha Znaidi

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Droits et Justice - Lois - Peine de mort

Ces articles devraient vous intéresser :

Vers une révolution des droits des femmes au Maroc ?

Le gouvernement marocain s’apprête à modifier le Code de la famille ou Moudawana pour promouvoir une égalité entre l’homme et la femme et davantage garantir les droits des femmes et des enfants.

Prison : le Maroc explore les « jour-amendes »

L’introduction du système de jour-amende dans le cadre des peines alternatives pourrait devenir une réalité au Maroc. Une loi devrait être bientôt votée dans ce sens.

Affaire de viol : Achraf Hakimi devant le juge

L’international marocain du Paris Saint-Germain, Achraf Hakimi, a eu affaire à la justice ce vendredi matin, en lien avec une accusation de viol portée contre lui.

Au Maroc, le mariage des mineures persiste malgré la loi

Le mariage des mineures prend des proportions alarmantes au Maroc. En 2021, 19 000 cas ont été enregistrés, contre 12 000 l’année précédente.

Maroc : WhatsApp banni pour la Gendarmerie royale

Suite à la décision de justice annulant un procès-verbal dressé via WhatsApp, la Gendarmerie royale a invité les commandements régionaux, casernes, centres et patrouilles au respect strict des textes en vigueur et à éviter d’envoyer tout document via...

Maroc : mères célibataires, condamnées avant même d’accoucher

Au Maroc, les mères célibataires continuent d’être victimes de préjugés et de discriminations. Pour preuve, la loi marocaine n’autorise pas ces femmes à demander des tests ADN pour établir la paternité de leur enfant.

Mohamed Ihattaren risque d’aller en prison

L’avocat de Mohamed Ihattaren, Hendriksen, confirme que le joueur d’origine marocaine est poursuivi en justice pour légère violence envers sa fiancée Yasmine Driouech en février dernier. La date de l’audience n’est pas encore connue.

Mohamed Ihattaren rattrapé par la justice

Selon un média néerlandais, Mohamed Ihattaren aurait des démêlés avec la justice. Le joueur d’origine marocaine serait poursuivi pour agression et tentative d’incitation à la menace.

Immobilier au Maroc : bonne nouvelle pour les nouveaux acquéreurs

Des changements ont été opérés pour impacter positivement le secteur de l’immobilier. Le délai prévu dans l’article 573 relatif à l’introduction d’une action en justice pour défaut de garantie n’est plus limité à 365 jours.

Blanchiment d’argent : la justice marocaine frappe fort

Le Maroc a réalisé des avancées significatives dans sa lutte contre le blanchiment d’argent. C’est ce qui ressort du septième rapport annuel de la présidence du ministère public, publié le 6 mars 2024. Ce document officiel montre une évolution positive...