Immobilier : Pourquoi les prix sont chers ?

21 décembre 2008 - 12h15 - Economie - Ecrit par : L.A

La problématique des prix menace sérieusement le développement du secteur de l’habitat au Maroc en dépit des efforts déployés par les pouvoirs publics pour promouvoir cette activité. « Le niveau actuel des prix est un facteur potentiel qui pourra contribuer à la récession de ce secteur », s’inquiète Driss Effina, spécialiste du domaine et conseiller du président du Groupe Al Omrane. Selon lui, durant les deux dernières décennies, le prix de l’immobilier a évolué de 17%.

Un taux qui a été contesté par un certain nombre d’intervenants qui estiment qu’il est largement en dessous de la réalité. « On doit tenir compte de la baisse significative au niveau du coût de l’argent enregistrée ces dernières années », justifie Effina. Pour ce dernier, les prix de l’immobilier ont augmenté suite à une évolution des coûts du foncier et la marge bénéficiaire des promoteurs immobiliers.

Concernant le foncier, le conférencier a soulevé la reconstitution du foncier pratiquée par certains grands opérateurs. Cette pratique constitue, selon lui, un danger pour ces promoteurs et pour l’ensemble du secteur. « Il ne s’agit pas d’un atout pour les promoteurs, car cela va contribuer à la hausse des prix du foncier et par conséquent sur les prix de l’immobilier, ce qui n’est pas bon pour stimuler la demande sur les biens immobiliers », explique Effina.

Toujours dans le même registre, ce dernier réclame une baisse au niveau de la marge bénéficiaire des opérateurs nationaux qui est estimée à 21% contre 10% en France. « Les responsables doivent davantage approfondir la réflexion sur cette problématique complexe des prix », indique Kachami, pour qui le prix n’a de sens qu’en conjonction avec la vitesse de ventes des biens immobiliers. « Pour cela, les promoteurs devront encourager des prix qui s’accompagnent d’une vitesse de vente convenable pour absorber l’offre », propose le professeur de Columbia University. En d’autres termes, il faut une adéquation entre l’offre et la demande.

Sur ce volet, on soulève une insuffisance au niveau de l’offre de la maison intermédiaire qui peut répondre aux besoins de plus de 80% des ménages marocains qui ont un revenu mensuel situé entre 3000 et 15.000 DH, selon Effina, qui affirme que le prix de ce produit devrait être compris entre 300.000 et 800.000 DH. Cette insuffisance au niveau de l’offre de ce type de logements pousse une grande partie des ménages de la classe moyenne à s’adresser au marché du logement social, ce qui contribue à une tension au niveau de la demande et par conséquent sur les prix. « Le parc actuel de logements est supérieur au nombre de ménages, ce qui montre qu’il y a effectivement une inadéquation entre l’offre et la demande », indique Effina. Sur ce point, il rappelle que le parc de logements vacants est estimé à plus de 500.000 unités. « Si à l’avenir cette réserve sera intégrée dans l’offre du marché, les prix vont surement baisser », anticipe Effina.

Spéculation

La spéculation menace le secteur de l’immobilier et constitue un obstacle au droit au logement. Ce même constat a été soulevé également lors des travaux de la rencontre nationale organisée le même jour à Rabat par le Centre marocain des études juridiques. Pour Abdelmajid Bargach, vice-président de la Chambre nationale du notariat moderne au Maroc, le secteur de l’immobilier est opaque et on n’a pas une idée réelle sur l’évolution des prix et du marché. Il propose donc la mise en place d’un indice de l’immobilier. Pour lui, en dépit d’un ralentissement au niveau de la demande, les prix restent élevés à l’exception de certaines baisses enregistrées dans quelques villes comme Marrakech et Tanger.

Source : L’Economiste - Nour Eddine El Aissi

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immobilier - Politique économique - Consommation - Crise immobilière Maroc

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : l’aide au logement crée des mécontents

Alors que les primo-acquéreurs ont favorablement accueilli le nouveau programme d’aide au logement, les promoteurs immobiliers, eux, préfèrent jouer la carte de la prudence. Ils invitent le gouvernement à revoir les conditions pour rendre l’offre plus...

Immobilier au Maroc : le fisc marocain en alerte

L’existence de nouvelles pratiques frauduleuses a poussé les services de contrôle de la Direction générale des impôts (DGI) à intensifier leurs inspections fiscales à l’encontre de plusieurs promoteurs immobiliers et entreprises spécialisées dans la...

Maroc : Le poisson du pauvre n’est plus

Au Maroc, le prix de la sardine connait une hausse record à moins d’un mois du Ramadan, atteignant 25 voire 30 dirhams le kilogramme selon les marchés. Une inflation due, selon les professionnels, aux changements climatiques et à la baisse de la...

Immobilier au Maroc : des changements pour la cession des biens

Au Maroc, l’administration fiscale a changé les modalités de cession des biens immeubles, afin d’augmenter les rentrées des taxes locales, parent pauvre des recettes du Trésor.

MRE et fiscalité : que change l’usage du bien immobilier ?

L’imposition d’un bien immobilier situé au Maroc dépend directement de son usage. Pour un Marocain résidant à l’étranger, les conséquences fiscales varient selon que le bien est occupé à titre d’habitation principale, loué, transmis à un proche, ou...

Taxe sur terrains non bâtis au Maroc : le ministre de l’Intérieur durcit le ton

Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, a donné des instructions fermes aux gouverneurs des provinces et des préfectures aux fins d’enclencher les procédures de constatation, d’imposition et de recouvrement de la taxe sur les terrains urbains non...

À Rabat, les opérations de démolition passent mal

Les membres de la Fédération de la Gauche Démocratique au sein du conseil municipal de Rabat voient d’un mauvais œil les opérations de démolition et de relogement qui ont touché plusieurs quartiers tels que l’Océan et Douar El Askar et appellent à leur...

Les propriétaires marocains plus lourdement taxés en Espagne

La Commission européenne examine une plainte déposée le 19 mars contre l’Espagne, accusée de discrimination fiscale envers les propriétaires étrangers louant des biens immobiliers. Les Marocains (non résidents) détenant des biens immobiliers en Espagne...

AliExpress facilite les paiements au Maroc avec l’adoption du dirham

La plate-forme de commerce en ligne AliExpress, filiale du groupe chinois Alibaba, offre désormais la possibilité aux acheteurs marocains de régler leurs achats en dirham marocain. Une initiative qui vise à faciliter les paiements et à davantage...

Immobilier au Maroc : la grande panne

Le marché immobilier marocain traverse une crise majeure, marquée notamment par une baisse des transactions de 30 % et un écart considérable entre l’offre et la demande. Un expert propose des solutions viables pour relancer le secteur.