Prorogation du mandat de la Minurso, une résolution win-win

28 avril 2013 - 21h58 - Maroc - Ecrit par : L.A

L’adoption par le Conseil de Sécurité de la résolution 2099 portant sur la prorogation du mandat de la Mission des Nations unies au Sahara occidental (Minurso), jusqu’au 30 avril 2014 est tombée tel un couperet pour les parties au conflit. Rarement autant d’efforts diplomatiques auront été déployés avec une telle effervescence.

C’est que le projet de résolution initial présenté par les USA visait à étendre le mandat de la Minurso à un monitoring des droits de l’homme.

Une telle annonce a été ressentie comme une ingérence dans les affaires intérieures d’un état souverain et un désaveu de tous les efforts entrepris par le Maroc en matière de droits de l’homme et de réformes démocratiques dans le Royaume.

Les adversaires brandissant la question des droits de l’homme telle une épée de Damoclès n’auront pas eu gain de cause. Le mandat de la Minurso restera finalement inchangé.

La résolution adoptée dans le droit fil de toutes les précédentes s’inscrit dans le cadre d’un réalisme politique auquel elle invite d’ailleurs les parties à faire preuve pour le règlement du conflit.

Contrairement aux articles de certaines presses que l’on pourrait croire indépendantes et crédibles, le Conseil de sécurité ne charge pas d’avantage le Maroc mais a fait preuve d’une approche équilibrée tout en évitant parfois de froisser les parties. C’est par exemple avec beaucoup de tact qu’il aborde la question du recensement des réfugiés en demandant à nouveau que "soit envisagé l’enregistrement des réfugiés dans les camps de réfugiés de Tindouf". C’est en somme une résolution win-win où chaque partie est mise devant ses responsabilités.

Le texte est clair, le Conseil félicite le Maroc pour les mesures entreprises en matière de droits de l’homme (notamment Commissions régionales du CNDH) tout en soulignant l’importance "d’améliorer la situation des droits de l’homme au Sahara occidental et dans les camps de Tindouf". Il invite "les parties à collaborer avec la communauté internationale pour mettre au point et appliquer des mesures indépendantes et crédibles qui garantissent le plein respect des droits de l’homme, en gardant à l’esprit leurs obligations découlant du droit international ".

Voilà donc le point nodal de cette résolution de 2013.

Sur le fond du dossier, le Conseil reconnait que le "statu quo n’est pas acceptable" et qu’il faille parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable dans le cadre d’arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies.

Pour mettre fin à cette impasse, il est "indispensable que les parties fassent preuve de réalisme et d’un esprit de compromis pour aller de l’avant dans les négociations. Dans sa résolution, le Conseil a rappelé la proposition marocaine et les efforts sérieux et crédibles faits par le Maroc ainsi que la nécessité de parvenir à une solution politique de ce différend qui n’a que trop duré.

Il souligne qu’un tel règlement du conflit contribuerait à renforcer la coopération entre les États membres de l’Union du Maghreb Arabe et contribuerait à la stabilité et à la sécurité dans la région du Sahel. C’est dire le rôle clé de l’Algérie dans cette équation. A ce stade, les parties ont convenu de poursuivre leur engagement dans le cadre d’une cinquième série de négociations.

La pression retombée, l’heure n’est pas au satisfecit mais à la poursuite d’un engagement soutenu en faveur du règlement définitif du conflit du Sahara.

Latifa Aït-Baala
Juriste, spécialisée en droit international, droit européen et études de genre

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : États-Unis - Algérie - ONU - Union du Maghreb Arabe (UMA) - Sahara Marocain - Autonomie Sahara - Tindouf - Minurso

Ces articles devraient vous intéresser :

Plusieurs miliciens du Polisario tués par une attaque de drone marocain ?

Plusieurs miliciens du Polisario auraient été tués par une frappe des Forces armées royales (FAR) lors du déplacement d’un véhicule dans la région de Lamhiriz, à l’est du mur de sécurité, au Sahara.

Maroc : un défenseur des droits humains traîné en justice pour ses propos sur le Sahara

Aziz Ghali, président de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), était devant le tribunal de première instance de Rabat mercredi, accusé d’« atteinte à l’intégrité territoriale du Royaume et à la sécurité publique ». Son procès a été reporté...

Sahara : voici la lettre envoyée par Emmanuel Macron au roi du Maroc

Dans une lettre envoyée au roi Mohammed VI et divulguée le mardi 30 juillet 2024, le président français Emmanuel Macron a reconnu la marocanité du Sahara.

Sahara : le Polisario répond au roi Mohammed VI

Le Polisario a soutenu que le droit à l’autodétermination est la « solution juste et consensuelle pour résoudre le conflit » au Sahara, en réponse au roi Mohammed VI qui, dans son dernier discours du Trône, a réaffirmé son engagement à parvenir à une «...

EasyJet risque une suspension de ses vols au Maroc

Lahcen Haddad, ancien ministre du Tourisme marocain, a vivement réagi à la publication d’un dépliant publicitaire de la compagnie aérienne EasyJet présentant une carte du Maroc amputée du Sahara. L’image controversée, qui circule sur les réseaux...

Nouvelles tensions en perspective entre le Maroc et l’Europe

De nouvelles tensions risquent d’émerger entre le Maroc et l’Union européenne à cause de l’espace aérien du Sahara.

Une frappe de drone marocain neutralise des membres du Polisario

Les miliciens du Polisario responsables de la nouvelle attaque perpétrée dans la ville de Smara, au cœur du Sahara marocain, ont été tués lors d’une opération ciblée menée par un drone marocain.

Une carte du Maroc sans le Sahara à l’origine d’un appel au boycott de Lacoste

Lacoste a récemment sorti une nouvelle collection de polos avec une carte du Maroc amputée de son Sahara, suscitant une vive polémique sur les réseaux sociaux.