Plus d’un millier de migrants subsahariens convoyés de Tanger vers le sud du Maroc
Au total, 1350 migrants ont été expulsés mardi par les forces de l’ordre de la ville de Tanger. Ils sont pour la plupart originaires des pays subsahariens.
Les forces de l’ordre marocaines auraient arrêté et déplacé les migrants subsahariens présents à Laâyoune. Parmi eux se trouvaient des femmes enceintes et des enfants, arrivés le 7 mai dernier. Des voix s’élèvent pour dénoncer les violations des droits des migrants.
Ces « rafles » de grande ampleur et déplacements forcés ont concerné des Africains, selon un communiqué de l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme. Une situation inquiétante, d’après cet organe qui alerte les autorités marocaines sur le respect des droits des migrants et leur dignité.
Ces migrants ont été, selon le communiqué, transférés de façon inhumaine vers la ville de Tan-Tan, à quelque 300 km de Laâyoune, parfois détenus dans une zone reculée, les laissant sans nourriture ni eau.
Ibrahima, un migrant rencontré par Euro-Med Monitor a déclaré : « À 23 heures, j’ai été choqué de voir la police marocaine prendre d’assaut mon appartement sans mandat judiciaire ni avertissement préalable ».
« Ils m’ont torturé et arrêté, puis emmené le lendemain dans une région éloignée, qui s’est avérée plus tard être la ville de Tan-Tan. Cette ville est à des centaines de kilomètres de nos maisons. La police a laissé un groupe de détenus et moi sans nourriture ni boisson ».
Selon les informations récoltées par Euro-Med Monitor, cette série d’arrestations et de déplacements n’est pas une première à Laâyoune, le but étant d’éloigner les migrants de la zone frontalière. Les interventions contre les migrants, parfois accompagnées de violence, ont eu lieu pendant la journée, pas seulement la nuit.
La ville de Laâyoune est l’une des zones où les immigrants du Maroc partent pour les îles Canaries à environ 200 km. Le nombre d’immigrants arrivant dans l’archipel espagnol a atteint environ 23 023 à la fin de 2020, soit huit fois plus qu’en 2019.
Face à cette situation, des voix s’élèvent pour alerter les autorités marocaines. Omar Al-Ajlouni, chercheur juridique à Euro-Med Monitor, a déclaré : « Le traitement inhumain des migrants par le biais d’arrestations et de violations ne peut être justifié d’aucune façon ».
« Les autorités marocaines sont tenues d’appliquer les lois des traités relatifs aux droits des migrants, en particulier la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille, que l’État marocain a ratifiée le 21 juin 1993 ». L’article 10 de la convention dispose :« Aucun travailleur migrant ou membre de sa famille ne sera soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ».
Aller plus loin
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