Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, s’est exprimé sur la récente adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution sur le Sahara en faveur du Maroc, avouant que son pays était « à deux doigts de voter » pour ce texte.
Ahmed Attaf a révélé que « l’Algérie était à deux doigts de voter pour la résolution » sur le Sahara. « Dans la nuit précédant le vote, nous avons demandé de supprimer une disposition relative à la souveraineté marocaine dans le préambule de la résolution, et on voterait pour le texte. Elle n’a pas été enlevée. C’est pour cela que l’Algérie n’a pas participé au vote », a confié le responsable algérien.
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Le chef de la diplomatie algérienne a accusé Rabat d’avoir voulu « opérer un passage en force sans précédent » sur cette question. « Le Maroc voulait faire passer trois idées qui lui tiennent particulièrement à cœur », a affirmé Ahmed Attaf. « La première est le démantèlement de la Minurso ou la transformation radicale de sa mission, la deuxième est d’imposer le plan d’autonomie comme solution unique et exclusive au problème du Sahara occidental et la troisième est de tuer définitivement l’idée d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental. C’est cela qui a été à l’origine de cet engouement particulier que nous avons perçu cette année autour du Sahara occidental », a résumé Ahmed Attaf.
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Le ministre algérien a rappelé les objectifs du Maroc précisés dans le projet de résolution, lequel prévoyait la limitation du mandat de la Minurso à « trois mois » au lieu d’une année. « Ensuite, on procéderait soit à son démantèlement ou à transformer son mandat en soutien à la mise en œuvre du plan d’autonomie comme l’a souhaité le Maroc. C’est le premier élément de déséquilibre. Deuxièmement, le plan d’autonomie marocain était considéré comme le cadre exclusif et unique pour le règlement de la question du Sahara occidental. Le droit à l’autodétermination, lui-même, était inséré dans le cadre du plan d’autonomie », a-t-il poursuivi.
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Mais dans la résolution adoptée, le principe de souveraineté marocaine sur le Sahara que le Maroc aurait tenté d’imposer a été « expurgé », affirme Ahmed Attaf. « Il n’y a aucune référence à la souveraineté marocaine, ni à l’État marocain » dans le texte final. Et d’ajouter : « Troisièmement, le plan d’autonomie n’est plus le cadre exclusif. Le champ a été ouvert à d’autres idées et d’autres plans alternatifs. Le droit à l’autodétermination a été découplé par rapport au plan d’autonomie. Il doit s’exercer conformément à la légalité internationale. Quatrièmement, la Minurso que le Maroc voulait démanteler ou transformer a vu son mandat prorogé d’une année ».