Des salariés marocains exploités par un réseau en France

23 janvier 2023 - 16h40 - France - Ecrit par : S.A

Le tribunal correctionnel de Dieppe se penche sur l’affaire d’un réseau de travail illégal actif à Neuf-Marché qui a été démantelé près de Gournay-en-Bray. Les victimes sont des salariés agricoles venus du Maroc.

Cabane vétuste et sale qui sert de réfectoire, voire de dortoir, absence de sanitaires, horaires difficiles, salaire de misère duquel ils devaient retirer de quoi s’acheter à manger… Des salariés marocains ont vécu dans des conditions déplorables et ont été exploités par un réseau de travail illégal actif à Neuf-Marché. Ce réseau dont les membres sont des représentants de la communauté marocaine de la région d’Argenteuil sera, par la suite, démantelé près de Gournay-en-Bray, rapporte Actu.fr. Ils recevaient des sommes allant de 7 000 à 15 000 euros et promettaient de fournir aux Marocains un visa de travail leur permettant de venir sur le territoire français.

À lire : La galère des saisonnières marocaines en Espagne

Mardi, deux prévenus ont comparu devant le tribunal correctionnel de Dieppe. L’un âgé de 62 ans, est la tête d’une société créée spécialement par le second, âgé de 44 ans. Ils sont accusés d’avoir exploité des salariés agricoles marocains durant les périodes de confinement. Les conditions proposées aux ouvriers montrent « la volonté des prévenus de reléguer la vie de leurs employés à un état bestial, de survie. Ils ont voulu créer une activité pérenne d’esclavage moderne », a déclaré Étienne Thieffry, Procureur de la République.

À lire : Espagne : un rapport s’alarme de la souffrance des saisonnières marocaines

Il a réclamé 18 mois de prison dont 9 mois assortis d’un sursis probatoire de 2 ans et une amende de 20 000 € pour le plus âgé. Il a aussi requis 10 mois de prison avec sursis et une amende de 5 000 € pour le plus jeune. En outre, il demande pour les deux une interdiction définitive de gérer toute société. Les prévenus « ont choisi des personnes vulnérables, les ont déracinées avant de les exploiter. On leur promet l’eldorado et on leur offre l’enfer », souligne l’avocate Benoist. Elle réclame 37 469,85 € de dommages-intérêts à l’encontre du sexagénaire et 56 204,25 € contre le quarantenaire. Ces sommes devront être versées à la Mutualité Sociale Agricole.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Agriculture - Esclavage moderne

Aller plus loin

Des Marocains « loués » au Canada

Au Canada, des agences de recrutement engagent des saisonniers étrangers dont des Marocains détenant un permis de travail fermé qu’ils « louent » ensuite à des entreprises...

Bonne nouvelle pour les salariés marocains

Les salariés marocains peuvent se frotter les mains. Des mesures fiscales qui leur sont favorables sont consignées dans le projet de loi de finances (PLF-2025).

Glovo va-t-elle salarier ses livreurs à domicile au Maroc ?

En Espagne, Glovo, l’entreprise de livraison de repas à domicile par application mobile, également présente au Maroc, a été contrainte de respecter le droit du travail.

Narbonne : un viticulteur condamné à la prison ferme pour avoir exploité des Marocains

Le tribunal correctionnel de Narbonne a condamné, ce lundi 4 mars, un homme de 30 ans à huit mois de prison ferme pour avoir employé des travailleurs marocains en situation...

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc sort l’artillerie lourde pour défendre ses fruits et légumes

Le Maroc a décidé de muscler son jeu pour défendre ses agriculteurs sur la scène européenne. L’ambassade du Maroc à Madrid vient de faire appel à un cabinet de conseil espagnol, Acento Public Affairs, pour faire entendre sa voix auprès des institutions...

Pastèques marocaines : une dégringolade des exportations vers l’Europe

Les exportations marocaines de pastèque ont enregistré une baisse inquiétante au premier semestre de l’année 2024 en raison de la faible demande des pays européens. Une situation qui affecte les exportateurs, déjà confrontés à la réduction de la...

Les dattes algériennes au Maroc sous surveillance

Les dattes algériennes commercialisées au Maroc sont saines et ne constituent pas une menace pour la santé des consommateurs, ont assuré des professionnels marocains du secteur, émettant toutefois des doutes quant à la qualité de ce produit importé du...

Les dattes algériennes dangereuses pour la santé ?

L’inquiétude enfle quant à la qualité des dattes algériennes importées au Maroc. Dr. Hassan Chtibi, président de l’Association de protection du consommateur, alerte sur les risques sanitaires liés à la consommation de ce produit prisé par les Marocains.

Le plan ambitieux du Maroc pour ne plus manquer d’eau

Face à la pression croissante sur ses ressources en eau, le Maroc met les bouchées doubles pour développer des solutions innovantes. Ahmed El Bouari, ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural, des Eaux et Forêts, a annoncé...

Le roi Mohammed VI en France ?

L’invitation lancée par Emmanuel Macron à Mohammed VI pour le Salon International de l’Agriculture à Paris, du 22 février au 2 mars, ressemble à une tentative de déminer un terrain glissant. Si le roi du Maroc accepte, ce sera sa première visite...

Maroc : les exportations de pastèques en chute libre

Les exportations marocaines de pastèques ont connu une baisse record au cours des dix premiers mois de 2024, atteignant seulement 113 500 tonnes, soit le niveau le plus bas depuis 2017. La sécheresse persistante et les restrictions de culture dans...

Maroc : la pastèque sacrifiée pour préserver l’eau ?

Des associations locales de la province d’Al Haouz ont sollicité Rachid Benchikhi, le gouverneur de la province, pour qu’il interdise la culture de pastèques et de melons.

Casablanca : des champs irrigués aux eaux usées

Les éléments de la Gendarmerie royale de la préfecture de Nouaceur relevant de la région de Casablanca-Settat ont procédé dimanche à la saisie des pompes à eaux illégalement installées par certains agriculteurs pour irriguer leurs terres agricoles avec...

Chute historique des exportations d’olives marocaines

Les exportations d’olive marocaine sont en net recul alors que les importations sont en hausse. Le déficit commercial s’est creusé.