Conscient de l’importance de sa diaspora, le Maroc accentue ses efforts pour attirer les compétences marocaines résidant à l’étranger.
On les appelle "les OMI". Chaque année, 5.000 étrangers signent un contrat de l’Office des migrations internationales (OMI) pour venir travailler jusqu’à huit mois d’affilée dans les vergers et les serres des Bouches-du-Rhône, dans des conditions dénoncées par un collectif.
"Les agriculteurs ont besoin d’immigrés", titrait La Provence, le 21 avril. Quatre cents arboriculteurs et maraîchers venaient d’incendier du plastique devant la direction départementale du travail pour réclamer "des OMI !". Car le travail en plein soleil ou sous des serres brûlantes, payé au salaire minimum, "n’intéresse guère les chômeurs français ou les RMIstes", constate Claude Rossignol, le président de la FDSEA. "Les gens d’Afrique du Nord sont plus habitués aux chaleurs", plaide la FDSEA, évoquant "la concurrence très rude avec l’Espagne, où les charges sociales sont moins lourdes et où il y a énormément de main-d’oeuvre immigrée".
En 2001, les Bouches-du-Rhône ont accueilli les trois-quarts des 7.000 contrats OMI signés avec le Maroc mais aussi la Tunisie et, plus rarement, la Pologne.
S’ils sont obligatoirement payés au SMIC, fiches de salaires à l’appui, ces "salariés dociles sont, en réalité, souvent corvéables à merci", dénonce le collectif formé par la CGT, la CFDT, la Confédération paysanne, la Ligue des droits de l’Homme, le MRAP et le Forum civique européen (qui publie à Limans une enquête intitulée "Le goût amer de nos fruits et légumes").
"Un étranger exploité ne va pas aller revendiquer sur la place publique", fait valoir le directeur de l’espace accueil aux étrangers à Marseille, Louis Bretton. "Il veut rester dans le circuit. Les 5.400 euros qu’il gagne en six mois représentent environ deux ans de salaire dans son pays".
"Tu travailles toujours vite et dur, parce que tu sais que sinon, l’année d’après, le patron ne refait pas le contrat", résume un des saisonniers rencontrés par l’AFP, et logés dans un taudis entre Saint-Martin-de-Crau et Miramas. Ainsi son employeur fait-il payer au saisonnier la redevance de 380 euros qu’il doit à l’OMI pour chaque contrat.
"Les heures supplémentaires ne sont pas payées ou alors au tarif normal. Comme t’as signé, tu dis rien et, de toute façon, beaucoup ne savent pas lire leur fiche de paie", rapporte un autre, qui a travaillé à Eyguières, Cavaillon, Orgon, Salon. "Sur 95% des contrats, le salarié est payé au coefficient le plus bas, même quand il taille les arbres depuis vingt ans", relève Elie Kilgus, de la CGT à Châteaurenard. Si la législation stipule que l’employeur doit loger les travailleurs dans des habitations propres et en bon état, "beaucoup sont très mal logés, en caravane ou dans des dépendances souvent délabrées", constate-t-il.
A la FDSEA, M. Rossignol rejette "ces attaques complètement fausses". "J’ai vu bien souvent qu’ils étaient mieux logés que l’agriculteur. Les dérives se comptent sur les doigts d’une main". "Il faut montrer qu’on n’est pas des négriers", dit aussi Patrice Renaud (FDSEA), producteur de pommes sur 80 ha à Eygalières, en faisant visiter les logements bien aménagés qu’il réserve à ses 22 saisonniers marocains.
Les inspecteurs du travail - trois agents pour 5.800 exploitations du département - se taisent, tenus au devoir de réserve. La préfecture se refuse à aborder ce dossier, dont "il n’y a rien de nouveau à dire".
Source : AFP
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