Grand artisan du sacre du Maroc au Mondial U20, Yanis Benchaouch, le gardien de but marocain de l’AS Monaco, est de retour dans son club. Le joueur de 19 ans, qui n’a pas pu participer à la finale du tournoi en raison d’une blessure, est décidé à s’imposer dans l’effectif monégasque.
Deux semaines après le sacre historique de l’équipe marocaine des moins de 20 ans, championne du monde de la catégorie pour la première fois de son histoire, Yanis Benchaouch peine encore à redescendre de son nuage. « Franchement, c’est un peu compliqué de bien redescendre, parce que c’est un sentiment inexplicable et on n’arrive pas vraiment à se rendre compte de ce qu’on a fait. Mais de retour au club, on est obligé de repartir au travail et de continuer. Donc, on essaie d’être concentrés sur le travail maintenant », confie le jeune gardien de Monaco à Foot Mercato. Au coup de sifflet final, avec son père et son petit frère dans les tribunes, il a ressenti une émotion indescriptible : « C’est une joie immense. En plus, il y avait mon père et mon petit frère. Les voir super heureux de nous voir champions du monde, c’est quelque chose d’unique. C’est une première au Maroc. Tous ces sentiments se réveillent en même temps et font que c’était une soirée inoubliable, avec des émotions que je ne revivrai sûrement pas. »
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L’accueil triomphal qu’ils ont eu à leur retour à Rabat a véritablement fait réaliser aux joueurs l’ampleur de leur exploit. « Parce que quand on fêtait ça entre nous, on savait ce qu’on avait fait, qu’on pouvait y arriver, mais on ne se rendait pas encore compte de l’ampleur. Dans le vestiaire, c’était déjà une immense joie. Mais vu qu’on était resté qu’entre nous, on ne voyait pas tellement ce qu’on avait fait. Mais quand on est arrivés et qu’on a été reçus par Son Altesse le Prince au palais, on a compris que c’était quelque chose d’immense. Et après, avec le bus dans Rabat, on a vu qu’on avait touché tout le peuple marocain. C’était vraiment magnifique », raconte Benchaouch. Le jeune portier souligne aussi la passion exceptionnelle des supporters marocains. « On savait qu’au Maroc, tout le monde suit les matchs de toutes les catégories, à n’importe quelle heure. C’est pour ça que c’est un peuple magnifique. Ils vivent le football à fond, comme si c’était l’équipe A. Pour eux, à ce moment-là, c’était le Maroc U20 qu’il fallait suivre à chaque match. Les voir aussi heureux à notre retour, ça montre que sur le terrain, on ne joue pas seulement pour la sélection, mais pour le peuple, pour Sa Majesté le Roi Mohammed VI, pour tout le pays. »
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Pourtant, l’équipe marocaine n’était pas favorite au départ. Mais grâce à leur détermination, Benchaouch et ses coéquipiers, ont réalisé l’exploit. « On était motivés, quoi qu’il arrive. On savait qu’on pouvait y arriver. C’était un objectif qu’on s’était fixé entre joueurs et staff : remporter cette Coupe du Monde. Être outsider ou favori ne changeait rien pour nous. Peu importe l’adversaire, favori ou pas, si on jouait avec nos qualités et nos forces, on savait qu’on pouvait gagner », explique le Lionceau de l’Atlas. Et de poursuivre : « Le coach et le président de la fédération, Faouzi Lekjaa, nous avaient fixé cet objectif dès la défaite en finale de la CAN U20. On prend ce match-là, on le joue, on savait ce qu’on faisait, on gagne, on continuait comme ça. En fait, on savait que c’était un objectif, mais on n’y pensait pas tous les jours. On était focus sur le prochain match, et dès que le match passait, on passait à l’autre. Après, quand on est arrivé en demi-finale, c’est sûr qu’on se disait qu’on n’était plus qu’à deux marches, et puis en finale, on savait qu’on n’était plus très loin. »
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Ironie du sort, Benchaouch, blessé en demi-finale contre la France, n’a pas pu participer à la finale. « Je l’ai senti sur le moment même, quand je suis sorti sur civière. Je savais qu’il y avait très peu de chances que je joue la finale. Les examens l’ont confirmé le lendemain. C’est un sentiment un peu de frustration, parce qu’on se dit que j’aurais pu la jouer et que c’était peut-être le meilleur match de la compétition. Mais j’ai vite switché en me disant qu’il fallait motiver les autres et être derrière eux pour gagner la Coupe. Parce que, titulaire ou non, sur le banc ou en tribune, tu restes champion du monde. Peu importe comment, tu l’es. C’est pour ça que je me suis dit qu’il fallait les motiver », développe-t-il.
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Le portier de Monaco qualifie de bonnes ses relations avec les autres gardiens, Ibrahim Gomis et Hakim Mesbahi. « Déjà, je suis quelqu’un, je n’aime pas être focalisé sur ma personne. Ça n’aurait pas été moi de parler que de moi. Mais c’est surtout que ça fait quand même bien un an qu’on travaille ensemble, Gomis et Mesbahi. Et moi, je savais très bien qu’il n’y allait pas avoir de problème si je sortais. Je savais très bien qu’ils allaient faire le taf tous les deux. Et c’est surtout qu’il n’y a jamais eu de jalousie entre nous, de coups pour essayer d’être placé devant l’autre. On s’est directement tous bien entendus. On travaillait ensemble. Chacun se donnait des conseils pour améliorer l’autre. Et c’est ça qui a fait que j’ai été bon aussi toute la compétition. Parce que jusque-là, si je faisais des bons matchs, c’était aussi grâce à eux, car on travaillait bien à l’entraînement ensemble », confie-t-il.
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Le joueur de 19 ans a été accueilli avec tous les honneurs à son retour à Monaco qui l’avait libéré pour lui permettre de prendre part au Mondial U20 avec le Maroc. Désormais, le gardien marocain se concentre sur sa rééducation. Celui qui a pour idoles Steve Mandanda, Neuer, Maignan et Yassine Bounou, veut travailler dur pour s’imposer dans l’effectif monégasque. « Je pense que, comme tout le monde, ça a ouvert des portes la Coupe du monde, encore plus quand tu es champion. Et encore plus avec des bonnes performances. Mais dire que j’ai changé de statut, non. Moi, je suis toujours le même. Dans le club, je reste pareil. Je suis toujours celui qui travaille, qui reste dans son coin, qui est joyeux et qui essaye de faire le maximum pour le club. Et ça ne changera pas. Moi je veux essayer de découvrir le monde pro, de gratter de plus en plus de minutes, si c’est possible, d’essayer de jouer en professionnel maintenant et de pouvoir, un jour, la gagner avec les A aussi. »