Youssef Badr
D’origine marocaine, Youssef Badr est né en 1981 à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Le magistrat a eu un cursus universitaire difficile à Villetaneuse (Seine-Saint-Denis). « Je ne suis pas parti à égalité avec tout le monde. Les difficultés ont été nombreuses. J’ai abandonné ma première licence en troisième année et je l’ai finalement eue la deuxième fois aux rattrapages, alors que j’étais très souvent absent. En parallèle, je devais travailler pour financer mes études. Livraison, distribution de tracts, vente d’assurances, marché… J’ai tout fait en matière de jobs étudiants. J’ai dû faire des sacrifices et travailler comme un dingue », confie-t-il à actu Seine-Saint-Denis.
Malgré ces difficultés, Youssef Badr, à force de détermination, a pu intégrer l’École nationale de la magistrature (ENM). « J’ai eu la chance de rencontrer un professeur qui a pu m’aider et qui m’a permis d’avoir accès à des préparations que je n’aurais pas eues sans argent. J’ai aussi eu de la chance d’avoir des parents qui, sans connaître le système universitaire, m’ont soutenu et m’ont poussé », détaille le magistrat qui a déjà une carrière bien remplie pour avoir exercé en tant que juge à Bobigny (2012 à 2016) et Paris, et en qualité de porte-parole au ministère de la Justice sous Nicole Belloubet.
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Youssef Badr exerce à nouveau au tribunal de Bobigny après plusieurs années passées à l’ENM où il enseigne. « C’est un département auquel je suis très attaché, notamment grâce à mes études. Je pense qu’il y a aussi beaucoup à y faire, car ses habitants cumulent de multiples difficultés », explique-t-il. Très engagé pour aider les étudiants en droit en difficulté, le magistrat a décidé de créer en 2021 l’association Courte Échelle. « L’idée, c’est d’aider les étudiants pour qu’ils n’abandonnent pas, car il y a 1 000 raisons de décrocher… L’idée de l’association, c’est qu’un étudiant, n’importe où en France, puisse nous contacter pour qu’un professionnel l’aide », souligne-t-il.
« À court, moyen et long terme, les étudiants sont suivis sur plusieurs concours (ENM, greffiers, commissaires…). Des offres de stage sont aussi proposées. Nous avons eu des résultats prometteurs avec des admissions. Mon objectif de l’année prochaine, c’est de recruter quelqu’un pour gérer l’association, car nous avons de plus en plus de demandes », projette Youssef Badr qui note « un taux d’abandon très élevé pour les étudiants en première année. Nous essayons de changer les choses à petite échelle, mais il y a encore tellement d’inégalités ».