France : double nationalité, les Marocains doivent-ils s’inquiéter ?

22 juin 2024 - 15h00 - France - Ecrit par : S.A

Alors que la suppression de la double nationalité n’est plus d’actualité au Rassemblement national (RN), son vice-président Sébastien Chenu, l’évoque, avant de faire son mea culpa.

« Quand on a une nationalité, on en a une, parce que ça dit beaucoup de ce que vous êtes, et de ce à quoi vous êtes attaché », a estimé jeudi 13 juin Sébastien Chenu, sur le plateau de l’émission phare de C8 « Touche pas à mon poste ». Il ajoutera : « On ne peut pas être français pour certaines choses et uruguayen pour d’autres ». Des propos contraires à la position du Rassemblement national (RN) sur la question. Dans un post sur X, le vice-président du parti fait son mea culpa. « Interrogé ce soir par @Cyrilhanouna, j’ai évoqué la suppression de la double nationalité : Mea culpa. @MLP_officiel a renoncé à cette mesure et ne compte pas revenir dessus ! Au moins c’est clair. Erreur corrigée. #tpmp #hanouna #clarte », écrit-il, reconnaissant avoir commis une « erreur ». Effectivement, Marine Le Pen a renoncé à la suppression de la double nationalité. En 2022, cette proposition ne figurait pas dans le programme de la candidate du Rassemblement national (RN). « J’ai rencontré des milliers de gens. Par exemple, des Marocains qui, juridiquement, ne peuvent renoncer à leur nationalité, car leur pays l’interdit. Honnêtement, je préfère mettre ça de côté, car c’est comme mettre du sel sur des plaies ouvertes », racontait-elle à Libération. De quoi provoquer le mécontentement de son père Jean-Marie Le Pen, qui considère la binationalité comme « un problème essentiel ».

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Marchant dans le sillage de son père, Marine Le Pen avait en 2012 défendu cette proposition. À l’époque, elle était candidate du Front national à la présidentielle. En juin 2014, les incidents qui avaient marqué les célébrations de la qualification de l’Algérie pour les huitièmes de finale de la Coupe du monde l’ont poussée à défendre une fois de plus cette proposition. « Il faut choisir, être français ou être autre chose. On est algérien ou on est français. On est marocain ou on est français », martelait alors Marine Le Pen sur Europe 1. En 2017, elle n’abandonne pas la proposition. L’interdiction de la binationalité figurait parmi les 144 engagements de Marine Le Pen pour l’élection présidentielle. Elle avait toutefois modifié la proposition. La candidate souhaitait « supprimer la double nationalité extra-européenne ».

À lire :L’Allemagne veut faciliter la double nationalité des étrangers

Le RN a fini par abandonner la suppression de la double nationalité. Candidate à l’élection présidentielle de 2022, Marine Le Pen avait mis dans son programme une proposition pouvant empêcher l’accès des étrangers et des binationaux à certains emplois. « La loi peut interdire l’accès à des emplois des administrations, des entreprises publiques et des personnes morales chargées d’une mission de service public aux personnes qui possèdent la nationalité d’un autre État. » Si elle était élue, l’aboutissement de cette proposition passerait par la révision de la Constitution française. La France compte plus de 3 millions de binationaux, dont de nombreux Marocains.

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