Une plainte du Maroc en France ?

22 février 2025 - 07h00 - Maroc - Ecrit par : S.A

Le Maroc n’écarte pas la possibilité de porter plainte contre les agriculteurs français qui auraient saccagé ses exportations de produits agricoles comme il l’a déjà pour les agriculteurs espagnols. Les médias français qui diffusent de fausses informations sur la pastèque marocaine sont aussi dans le viseur des autorités marocaines.

Selon des médias européens, la Coordination Rurale, une organisation de droite réunissant des agriculteurs français, « exploite » le Salon international de l’agriculture, qui se tient du 22 février au 2 mars à Paris, pour faire passer son message sur la nécessité de « s’opposer aux tomates marocaines et de mettre fin à l’accord entre l’Union européenne et le Maroc ». De quoi agacer Rachid Benali, président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (COMADER). « De la même manière que la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural a intenté une action en justice contre les agriculteurs espagnols qui ont saccagé les exportations marocaines de tomates, elle fera de même face à toute autre attaque. C’est ce que nous pouvons faire, en fin de compte », a-t-il affirmé dans une déclaration à Hespress.

La Confédération avait engagé des poursuites judiciaires contre les auteurs des actes de vandalisme visant les tomates marocaines. « Cette action en justice a porté ses fruits, puisque le procureur de la République chez eux a ordonné l’arrêt de ces pratiques, et désormais, les camions marocains transportant des produits agricoles exportés traversent sans encombre », a fait savoir Benali, précisant que les personnes concernées restent poursuivies en justice. Par ailleurs, la Coordination des organisations d’agriculteurs et d’éleveurs espagnols (COAG), a « récemment déposé une plainte contre le Maroc, l’accusant de dépasser le quota annuel de tomates exemptées de droits de douane d’environ 230 000 tonnes par an, ce qui causerait une perte annuelle de 14 millions d’euros à l’Espagne », rapportent des médias européens.

À lire : Tomates marocaines : la France veut revoir les règles du jeu

La pastèque marocaine est la cible de médias européens, dont « EADTV ». Ces médias ont anticipé le début de la saison de récolte de la pastèque marocaine prévu en mars, alertant sur les « conséquences graves de la consommation de cette pastèque contaminée par des pesticides interdits ». « La présence de ces (pesticides) a été officiellement enregistrée le 5 avril 2024 et classée comme présentant un niveau de danger ‘potentiellement grave’, selon les rapports de l’Union européenne », ont-ils précisé. Des informations démenties par Benali. « La Confédération est en contact permanent avec la presse européenne, y compris la presse française, afin de clarifier ces informations, qui ont été démenties à plusieurs reprises », a-t-il fait savoir. Il a tenu à rappeler que « les produits agricoles marocains sont toujours contrôlés par les douanes des pays européens, et qu’aucune analyse effectuée à ce jour n’a révélé le moindre problème concernant la pastèque marocaine ».

Il admet qu’il arrive effectivement que le Maroc reçoit quelques avertissements de temps à autre, mais ils restent mineurs et concernent tous les pays exportateurs de produits agricoles. « C’est tout à fait normal, en fin de compte », a-t-il estimé, insistant sur le fait que « l’objectif des agriculteurs et de ceux qui diffusent ces fausses informations est de porter atteinte aux producteurs marocains sur le marché ». Le responsable n’exclut pas la possibilité de poursuivre les médias qui soutiennent les agriculteurs dans leur désinformation contre les produits agricoles marocains.

À lire :Guerre des tomates : le Maroc face à la colère des agriculteurs européens

La Confédération « dispose d’avocats qui connaissent parfaitement les démarches à entreprendre, mais », elle « ne souhaite pas, pour l’instant, d’engager immédiatement des poursuites judiciaires contre ces parties, d’autant plus que le Maroc entretient un partenariat important avec la France et l’Espagne », a ajouté le président de la Confédération, assurant que « toutes ces questions feront l’objet des rencontres prévues entre la Confédération et les syndicats d’agriculteurs en France, dans le cadre du Salon international de l’agriculture de Paris ».

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Espagne - Agriculture - Plainte

Aller plus loin

Guerre des tomates : le Maroc face à la colère des agriculteurs européens

Depuis quelques mois, la tomate marocaine est attaquée en Europe. En janvier dernier, des agriculteurs français ont brûlé des cargaisons de ce produit marocain et des scènes...

Une ville française porte plainte contre Tanger

La commune de Tanger est à nouveau agitée par une question foncière. Cette fois, une municipalité française l’accuse d’avoir transformé un terrain lui appartenant en cimetière...

Tomates en Europe : Le Maroc en plein essor, l’Espagne en déclin

La tomate marocaine a dépassé l’espagnole dans l’UE en 2022, avec un volume de 740 millions de kilos exportés, notamment vers la France, contre un peu plus de 600 millions pour...

Tomates : la concurrence marocaine fait trembler les producteurs espagnols

Alors que les importations de tomate marocaine sur le marché européen n’ont cessé d’augmenter au cours des dix dernières années, celles des pays de l’Union européenne et...

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc sort l’artillerie lourde pour défendre ses fruits et légumes

Le Maroc a décidé de muscler son jeu pour défendre ses agriculteurs sur la scène européenne. L’ambassade du Maroc à Madrid vient de faire appel à un cabinet de conseil espagnol, Acento Public Affairs, pour faire entendre sa voix auprès des institutions...

Maroc : ces investisseurs étrangers piégés

Au Maroc, plusieurs investisseurs étrangers ont engagé des ressources importantes dans certains secteurs comme l’agriculture, l’immobilier, la restauration, sans une étude préalable. Conséquence, ils ont enregistré des pertes colossales du fait de la...

Tomate au Maroc : production en chute, prix en hausse

Les producteurs de tomates rondes au Maroc alertent sur une baisse significative de la production et une inflation des prix. Voici leur explication.

Des Marocains réduits à l’esclavage dans le Lot-et-Garonne

Vingt travailleurs marocains ont été exploités dans des conditions indignes par une agricultrice du Lot-et-Garonne. Attirés par la promesse d’un contrat de travail et d’une vie meilleure, ils ont déboursé 10 000 euros chacun pour rejoindre la France.

Intermarché bannit la fraise marocaine

Afin de valoriser des produits de saison et du terroir français, le groupement Les Mousquetaires, qui chapeaute les enseignes Intermarché et Netto, a pris une décision radicale : bannir les fraises et les cerises de ses étals durant les mois de...

Mangues : le Maroc bat un record historique

Les importations marocaines de mangues ont atteint un nouveau record en 2024, témoignant d’une demande intérieure soutenue pour ce fruit.

Le Maroc contraint d’importer du blé

Le Maroc se tourne une fois de plus vers le marché international pour augmenter ses importations de blé afin de compenser la baisse considérable de sa production durement touchée par la sécheresse cette année.

L’export d’oranges marocaines menacé

La filière des agrumes au Maroc est confrontée à d’énormes difficultés liées à la baisse de production du fait de la rareté des précipitations, ce qui affecte sa présence sur les marchés internationaux.

Les archéologues font une étonnante découverte au Maroc

Des archéologues ont découvert au Maroc le plus ancien site agricole qui date de la période de la préhistoire.

Du nouveau pour la culture de pastèque au Maroc

Le gouverneur de la province de Zagora, au Maroc, a récemment pris une décision pour réglementer la culture de la pastèque rouge et jaune, afin de préserver les ressources en eau. Cette mesure, qui restreint les surfaces cultivables et interdit la...