Racisme assumé : un groupe WhatsApp déraille à l’université d’Aix-Marseille

18 juin 2025 - 08h00 - France - Ecrit par : S.A

Une dizaine d’étudiants en histoire à Aix-Marseille Université sont convoqués en conseil disciplinaire pour des faits de « racisme décomplexé ». Il leur est reproché d’avoir ciblé d’autres étudiants avec des messages à caractère raciste dans la conversation officielle du groupe WhatsApp de leur promotion, baptisé « L3 ».

Le racisme est-il la chose la mieux partagée à Aix-Marseille Université ? Une dizaine d’étudiants en troisième année de licence (histoire) sont devenus tristement célèbres après avoir ciblé le 28 avril dernier d’autres étudiants avec des messages à caractère raciste dans la conversation officielle du groupe WhatsApp de leur promotion, baptisé « L3 ».

L’affaire a éclaté suite à un courrier envoyé à la faculté, fait savoir Médiapart. Émojis de têtes d’hommes noirs ou d’homme barbu avec un turban, citation de Marine Le Pen, ou gif de Jean-Marie Le Pen, une référence « tonton Hitler ». Ça sent le racisme à plein nez. Ils sont convoqués en conseil disciplinaire.

Parmi les trois modérateurs du fil L3, figure une étudiante adhérente à l’UNI et partisane affichée de Jordan Bardella. Elle était aussi jusqu’à récemment encore l’une des trois abonnés du compte Instagram @bienvenue.en.terre.d.islam, qui se décrit en biographie : « Rapport sur la mise en place du califat islamique en France ».

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Ce n’est pas la première fois que ces étudiants tiennent des propos racistes et discriminatoires. « Depuis la première année de licence, je suis entourée de haine », témoigne Fatima dans Médiapart. Selon le site, plusieurs étudiants et professeurs de ce cursus « pointent un climat particulièrement rance au sein de cette promotion d’une centaine d’élèves du campus » aixois. À en croire Rachida, ce « racisme décomplexé » ne serait pas nouveau. « Ils se sont permis ces choses-là pendant trois ans », affirme-t-elle.

Fatima a expliqué que ce fil WhatsApp prévu pour partager des cours servaient le plus souvent « aux fachos de la fac qui parlaient entre eux ». Plusieurs étudiants dénoncent une libération de la parole et la diffusion des idées d’extrême-droite au sein d’AMU et « des comportements racistes beaucoup plus acceptés qu’avant ».

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Informée, la direction de l’UFR (Unité de Formation et de Recherche) a ouvert une enquête le 30 avril au matin, a indiqué à France 3 Provence-Alpes, Mohamed Ouerfelli, vice-doyen et directeur adjoint en charge de la vie étudiante, qui a reçu les victimes. « Nous avons attendu la fin des examens pour convoquer les étudiants concernés », précise-t-il, faisant savoir par ailleurs que les modérateurs de la discussion ont également été auditionnés.

Après transmission du rapport d’enquête à la présidence de l’université, la commission de discipline a été saisie. Certains étudiants ont été mis hors de cause, d’autres ont un simple rappel et neuf seront convoqués pour avoir diffusé des propos haineux. La procédure pourrait prendre plusieurs mois.

À lire : Persistance des discriminations envers les Maghrébins dans les universités françaises (PDF)

Par ailleurs, une sensibilisation sera faite auprès des étudiants à la rentrée sur ces « échanges qui sont dangereux sur les réseaux sociaux », précise Mohamed Ouerfelli. Et de conclure : « C’est une affaire qui est grave, et j’espère qu’elle ne portera pas atteinte à notre université »

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