Du Maroc à Aix-en-Provence, Marwa cartonne au volant de son car

Marwa se lève tous les jours à 5 heures pour conduire son bus. Elle n’a jamais rêvé faire ce métier avec autant de passion. « Je n’aurais jamais imaginé devenir conductrice de car », confie la trentenaire à France 3. La jeune femme partage son quotidien avec près de 600 000 abonnés sur ses réseaux sociaux où est connue sous le nom de “Marwastory”. Marwa est arrivée en 2019 en provenance de Sefrou, près de Fès au Maroc. Voir les femmes au volant dans ce pays a été un déclic pour elle. « J’ai vu plein de femmes conduire ici, ça m’a donné envie ». C’est ainsi que pendant le confinement, elle décide de passer un titre professionnel de transport de voyageurs.

À lire : Au Maroc, une femme défie les préjugés en prenant le volant (Vidéo)

« Conduire un gros véhicule comme ça, c’était un défi que je m’étais lancée. Mais très vite, c’est devenu une passion », déclare la conductrice de car qui s’épanouit dans ce métier. « Je ne voulais pas d’un travail de bureau. C’est un métier utile, il y a du contact humain, ça me plaît ». Sur les réseaux sociaux, notamment Instagram et TikTok où elle est très active, « Marwastory » raconte comment démarre et se déroule sa journée de conductrice de car, de la préparation du véhicule à l’aube, la désinfection des boutons, la vérification des niveaux, aux trajets, en passant par les temps de pause, les scènes de vie. « On ne voit qu’un arrêt de bus, mais on ne voit pas tout ce qu’il y a derrière. Je veux valoriser le métier, montrer la réalité du terrain ».

À lire : Souad Hdidou, seule femme chauffeur de taxi de Rabat (vidéo)

La créatrice de contenu filme aussi ses trajets touristiques, en Espagne ou en Italie. L’une de ses vidéos en arabe, tournée pendant un voyage vers l’Italie, a enregistré près de 12 millions de vues. Malgré ce quotidien bien chargé, Marwa prend soin aussi de son foyer. « Le matin je suis conductrice, le soir je m’occupe de mon foyer. Tout est une question d’organisation », affirme la jeune femme qui souligne aussi un aspect important : le respect envers les femmes et les conducteurs. La trentenaire évoque des remarques sexistes du genre : « ça fait combien de temps que vous avez le permis ? » ou « encore une femme qui conduit », sans oublier les refus de payer, les tensions dans les bouchons. « Mais les femmes, on a de la patience. On ne va pas s’énerver contre les clients, on essaie de gérer calmement », résume-t-elle.

À lire : Libre de travailler avec le voile : le témoignage d’une conductrice Uber

À ses débuts sur les réseaux sociaux, elle essuie aussi des critiques. « Parfois on me disait : “la femme sa place dans la cuisine”, “vous avez volé notre travail”… », confie-t-elle. Mais Marwa est fière d’inspirer d’autres femmes. « Aujourd’hui, je reçois des DM de femmes qui viennent d’avoir leur permis, qui me disent que je leur ai donné envie », affirme la conductrice qui ne manque pas de « remercier aussi mon mari qui m’a soutenue et encouragée ». Sur ses réseaux, la jeune femme partage des contenus variés (boulot, sport, lifestyle, nourriture) en arabe, mais aussi en français. « Mes collègues ne comprenaient rien, alors depuis deux mois, je parle aussi en français dans mes vidéos », précise-t-elle. Et de conclure : « Ce n’est pas les vues qui m’intéressent. Je veux transmettre de l’amour, de l’humanité ».

...