Le 25 juin 2025, Lelia* se rend au Maroc, munie de son titre de séjour expiré en février et du récépissé délivré par la préfecture des Hauts-de-Seine, valable jusqu’au 17 septembre. Mais son retour à Roissy le 9 juillet vire au cauchemar. La jeune femme marocaine de 29 ans est interpellée, puis placée en zone d’attente de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle au motif qu’elle fait l’objet d’un refus de renouvellement de titre, d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et d’une interdiction de retour sur le territoire français (IRTF) courant jusqu’en… juin 2065.
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La jeune marocaine passera six jours en zone d’attente (ZA) qu’elle décrit comme une « prison déguisée ». « On est privé de liberté, les portes sont électrifiées, les fenêtres ne s’ouvrent pas », témoigne-t-elle auprès de Hespress dénonçant la saleté, les punaises de lit, les WC et douches mixtes, et la nourriture « insuffisante ». Outre l’enfermement arbitraire, Leila* a également affirmé qu’elle a été victime d’un harcèlement sexuel « quotidien » de la part d’autres personnes retenues. « On m’imposait des remarques humiliantes, comme “Je veux te faire des enfants” ou “T’es belle même quand tu pleures” ».
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Elle ajoute : en allant aux WC le matin, cinq hommes me fixaient, je me sentais comme un objet sexuel ». Un harcèlement qu’elle dit avoir signalé aux policiers et aux équipes de la Croix-Rouge sur place, « mais on l’a laissée seule avec ça ». Et de poursuivre : « Ce que j’ai vécu était une réalité incomprise, ou plutôt un cauchemar incommensurable. C’était brutal, injuste et profondément humiliant. J’étais et je suis toujours dans l’incompréhension totale, parce que j’ai toujours été en règle et j’avais un récépissé valide ».
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Son avocat Samy Djemaoun a fait un signalement en « extrême urgence » au procureur de la République de Bobigny, ainsi qu’à la préfecture des Hauts-de-Seine, le 13 juillet. Il a réclamé « l’enregistrement de sa plainte et une demande d’audition dans les plus brefs délais ». Six jours après son arrestation, Lelia a recouvré la liberté. Elle est suivie par un psychologue et un psychiatre.
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Un paradoxe administratif est à l’origine des problèmes que la jeune femme marocaine a rencontrés. Alors que la préfecture l’avait convoquée le 17 juin pour une « remise de titre », l’OQTF la visant, datée du 4 juin, lui a été notifiée précisément le même jour. Du côté de la préfecture, il est précisé qu’un courrier en recommandé a été envoyé à la jeune femme, le 16 juin, mais Leila assure n’avoir « rien reçu de la poste ».
L’action en justice a été couronnée de succès. Le 15 juillet, la cour d’appel de Paris a finalement donné raison à la jeune femme. Selon elle, le maintien de Leïla en zone d’attente « constitue une atteinte disproportionnée aux droits de l’intéressée ».
*Prénom modifié