Ceuta veut se développer sans le Maroc

26 septembre 2021 - 21h20 - Espagne - Ecrit par : P. A

Le développement économique de Ceuta préoccupe le journal El Español-Invertia qui organise, du mardi 28 au mercredi 29 septembre, un Forum économique en vue d’analyser le potentiel économique, touristique et social de la ville et les opportunités qui s’offrent à elle.

De par sa position géographique, Ceuta est une ville stratégique pour l’Espagne. La ville autonome partage sa frontière sud avec le Maroc et est limitée au nord par le détroit de Gibraltar. En 2019, elle a accueilli 76 400 touristes, des Marocains pour la plupart, attirés par les nombreux sites touristiques dont elle regorge comme les murs al-Mansura, La Almina, le parc San Amaro ou les murs royaux.

À lire : Le Maroc veut « étouffer » Melilla et Sebta

Le Maroc a mis fin au passage de personnes et de marchandises via Ceuta en décidant unilatéralement de fermer en octobre 2019 le poste frontière du Tarajal II, peu après la mise en service du port de Tanger Med ; ce qui a entraîné la fin du commerce transfrontalier et la perte de 25 % du PIB de la région, informe El Español. L’objectif du royaume était de développer le nord du pays en y attirant les touristes. Avec la survenue de la pandémie du Covid-19, le Maroc a unilatéralement fermé le 13 mars 2020, ses frontières terrestres avec Ceuta.

La situation a de fait affecté l’importation de café, thé, mat, épices, chaussures, machines, matériel électrique ou articles textiles confectionnés à Ceuta, une activité dont vit une bonne partie des habitants de la région. Selon les données de la Direction générale du commerce, la ville a importé des marchandises pour 67,8 millions d’euros au premier semestre 2021, contre 139,3 millions d’euros à la même période deux années auparavant. En termes d’exportations par contre, Ceuta est passée de 3,2 millions d’euros à près de huit millions au premier semestre 2021, ceci en raison de l’augmentation du prix du gaz naturel.

À lire : A Sebta, l’activité économique est en berne

A y voir de près, la situation économique de Ceuta est critique. Durement touchée par la crise sanitaire avec son corollaire qu’est la fermeture des frontières, la ville autonome a enregistré un effondrement du commerce de détail, une baisse du trafic portuaire du fait de l’annulation par le Maroc, pour la deuxième année consécutive, de l’Opération Marhaba, entraînant la fermeture d’une cinquantaine de commerces et d’une dizaine d’établissements hôteliers. Cette situation économique inquiète la Chambre de commerce et les entrepreneurs de la région qui, depuis des années, travaillent, aux côtés du gouvernement de la ville, à la mise en place d’un plan d’urgence pour améliorer le tissu économique et social de la ville.

Le Forum économique organisé par El Espagñol-Invertia, débattra de toutes ces questions. Il sera lancé par la déléguée du gouvernement à Ceuta, Salvadora Mateos, et le président du Conseil des gouverneurs de la ville autonome, Juan Jesús Vivas. Plusieurs personnalités y prendront part, comme le secrétaire d’État à l’Union européenne du ministère des Affaires étrangères, Juan González-Barba, le secrétaire d’État au Tourisme, Fernando Valdés, le président de la Chambre espagnole, José Luis Bonet, etc.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Importations - Ceuta (Sebta) - Exportations - Crise économique

Aller plus loin

Voici le plan de Sebta et Melilla pour ne plus dépendre du Maroc

Le gouvernement espagnol prévoit de mettre en œuvre en urgence un plan stratégique pour lutter contre le «  blocus économique du Maroc  » sur Ceuta et Melilla.

Ceuta et Melilla ne peuvent pas vivre sans le Maroc

Ceuta et Melilla « ne peuvent pas vivre en tournant le dos au Maroc », ont assuré jeudi Kissy Chandiramani (PP) et Dunia Almansouri (CPM), annonçant une métamorphose de la...

Comment Ceuta cherche à contrer le blocus du Maroc

Le plan stratégique de relance de Ceuta pour contrer le blocus économique imposé par le Maroc, proposé par le président de la ville, Juan Vivas, sera soumis à l’approbation de...

Et si l’Espagne et le Maroc supprimaient les postes-frontières de Ceuta et Melilla ?

Rabat et Madrid pourraient marcher dans le sillage de l’Espagne et de la Commission européenne en proposant la création d’une zone de libre circulation des personnes et des...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : les exportations de pastèques en chute libre

Les exportations marocaines de pastèques ont connu une baisse record au cours des dix premiers mois de 2024, atteignant seulement 113 500 tonnes, soit le niveau le plus bas depuis 2017. La sécheresse persistante et les restrictions de culture dans...

Taxe carbone : le Maroc face au compte à rebours européen

Alors le Maroc se prépare à l’entrée en vigueur de la taxe carbone européenne, bon nombre d’entreprises marocaines sont encore à la traîne. Loïc Jaegert-Huber, directeur régional d’ENGIE Afrique du Nord et président de la Commission énergies propres de...

Maroc : les prix des fruits et légumes atteignent des sommets

Au Maroc, les prix des fruits et légumes continuent d’augmenter et de peser sur le budget mensuel des Marocains en raison notamment des exportations.

Maroc : boom des exportations automobiles à fin novembre 2023

Les exportations de voitures ont augmenté de 30,2 % à fin novembre 2023 par rapport à la même période de l’année précédente, atteignant plus de 130,64 milliards de dirhams (MMDH).

Bonne nouvelle pour les MRE : Importations de meubles usagés désormais libres

Le ministère marocain de l’Industrie et du commerce vient de lever les restrictions à l’importation par les Marcains résidant à l’étranger des meubles en bois, des tapis et autres articles électroménagers usagés.

Tomates : le Maroc dans le top 3 mondial

Le Maroc consolide sa position de troisième exportateur mondial de tomates. Grâce à son rapport qualité-prix avantageux, le royaume tente de dominer le marché européen.

Le Maroc contraint d’importer du blé

Le Maroc se tourne une fois de plus vers le marché international pour augmenter ses importations de blé afin de compenser la baisse considérable de sa production durement touchée par la sécheresse cette année.

L’avocat marocain séduit l’Europe

La sécheresse et la saturation des marchés européens sont loin de produire un impact négatif sur les exportations marocaines d’avocat. Celles-ci ont, pour la première fois, enregistré un record historique.

Tanger Med : ras-le-bol des camionneurs

Les professionnels du secteur des transports ont fait part au nouveau directeur général du port de Tanger Med, Idriss Aarabi, des nombreuses difficultés auxquelles ils sont confrontés au quotidien dans l’enceinte portuaire. Le responsable a pris...

Maroc : croissance économique malgré l’inflation persistante

Le taux d’inflation au Maroc va poursuivre sa tendance à la baisse, mais ne retrouvera pas son niveau d’avant 2022, a indiqué le Haut-commissariat au plan (HCP) dans un récent rapport, notant une croissance de +3,3 % au quatrième trimestre de 2023,...