"Pour les musulmans de France, la laïcité est une chance extraordinaire : ils appartiennent à la dernière religion à s’être assise à la table de la République aux côtés des autres cultes avec lesquels ils sont à égalité. Nous avons, en très peu de temps, construit un patrimoine de l’islam de France avec 2 600 lieux de culte. Cette liberté d’association et d’obtention de financements, nous l’avons eu grâce à la laïcité", a-t-il déclaré dans une interview accordée au journal Le Parisien.
Dans cette interview, il s’est prononcé sur le projet de loi contre les séparatismes qui sera examiné ce mercredi en conseil des ministres. Le recteur salue une volonté de normaliser l’organisation du culte musulman en France. "Mais j’émets aussi des réserves. La transparence nécessaire concernant les financements étrangers est déjà prévue dans le Code monétaire et financier. Pourquoi le redire dans une nouvelle loi ?, s’interroge-t-il. Idem pour l’apologie du terrorisme, il existe déjà une loi de 2017. Le dispositif législatif français est suffisamment complet."
S’il admet que l’opacité règne en matière de financement des lieux de culte par des fonds étrangers, le responsable refuse qu’on jette le trouble sur tous les financements étrangers et appelle à faire une distinction entre les pays. "La Grande Mosquée de Paris est financée par l’Algérie dans la transparence la plus totale, cela ne pose pas de problème à la société française. En revanche, l’Arabie saoudite, le Qatar, les pays du Golfe…, eux, n’ont aucune raison d’être des sources de financement, ils n’ont pas de communauté ici en France", explique-t-il.
Quid de l’islamisme dans l’Hexagone ? Selon ce haut dignitaire musulman, il revient aux mosquées de s’emparer de cette problématique. "Les imams doivent certes assurer le prêche le vendredi, mais aussi sortir impérativement de leur salle de prière pour aller vers les musulmans et les non-musulmans afin de leur expliquer la réalité de leur religion. Eux seuls peuvent faire ce travail de théologie, déconstruire l’argumentaire monté par les groupes terroristes qui légitiment leurs actions en instrumentalisant et en dévoyant le corpus religieux. Pour cela, il faut qu’on les forme et qu’ils bénéficient d’un statut juridique. Il faut aussi trouver comment les rémunérer grâce à de nouvelles sources de financement : le pèlerinage à La Mecque, une taxe halal…", commente-t-il.