Maroc : l’heure de la division a-t-elle sonné au PJD ?

15 mars 2021 - 08h00 - Maroc - Ecrit par : S.A

Le Conseil national du Parti de la justice et du développement (PJD) tiendra une session extraordinaire les samedi et dimanche 20 et 21 mars dans un contexte marqué par des tensions au sein de cette formation politique. La division du parti semble inéluctable.

D’après l’ordre du jour, les 80 membres du Conseil national aborderont deux questions au cours de la prochaine session extraordinaire. Il s’agit de « la demande de démission du président du Conseil national Driss Azami et du vote sur celle-ci », et de « la prise des positions nécessaires à l’égard des récents développements politiques ». Contrairement aux années antérieures, la convocation à la réunion a été signée par le vice-président Abdelali Hamiddine, et non le président du conseil Driss Azami Idrissi.

Président de l’instance et député-maire de Fès, Driss Azami Idrissi, avait adressé le 25 février à Saâdeddine El Othmani une lettre de démission de la présidence, ainsi que celui du secrétariat général du parti. Dans cette correspondance rendue publique le 26 février, date de démission du ministre d’État chargé des droits de l’Homme, Mustapha Ramid, il disait « ne plus tolérer, comprendre, ni expliquer ou accepter ce qui se passe à l’intérieur du parti ». Le roi Mohammed VI avait, faut-il rappeler, refusé la demande du ministre, le 1ᵉʳ mars. Celle d’Azami Idrissi avait été refusée par le secrétariat général du PJD la veille, qui lui avait d’ailleurs « exprimé son attachement » afin qu’il « continue à occuper ses fonctions de président du Conseil national et membre du Secrétariat général ». Aussi, le secrétariat général du parti a-t-il décidé de « former un comité parmi ses membres pour lui rendre visite, discuter, et revoir cette question avec lui ». Reste à savoir si le conseil national accepterait la décision de son président.

Le prochain conseil national se penchera également sur « les récents développements politiques ». Allusion faite à la double annonce de l’ancien chef du gouvernement et patron des islamistes, Abdelilah Benkirane. Sur sa page Facebook, il a annoncé le « gel de son adhésion au PJD », et la «  rupture  » de sa relation avec son successeur Saâdeddine El Othmani, ainsi qu’avec les ministres du parti Mustapha Ramid, Mohamed Amekraz, Aziz Rebbah, et l’ex-ministre Lahcen Daoudi suite à l’adoption en conseil de gouvernement du projet de loi n°13.21 « portant usage légal du cannabis, le 11 mars dernier. Benkirane avait entre-temps menacé de « quitter définitivement » le PJD au cas où les parlementaires voteraient pour le projet de loi.

Jeudi, El Othmani a réagi à la décision. Il a appelé tous les membres « à ne pas commenter la question sur les réseaux sociaux », et à « ne faire aucune déclaration » au sujet de l’annonce de Benkirane, avec la promesse d’examiner lui-même cette question « afin de prendre les initiatives appropriées et d’une manière appropriée pour contribuer à faciliter la discussion ». Trop tard. Ce même jour, l’ex-ministre Lahcen Daoudi a, dans un entretien à l’hebdomadaire Al Ayam, commenté les propros de l’ancien chef du gouvernement. « Benkirane voulait dire : voici les personnes avec lesquelles il ne voudrait pas construire un avenir », a-t-dit.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Parti de la Justice et du Développement (PJD) - Saâdeddine El Othmani - Idriss Azami Al Idrissi

Aller plus loin

Abdelilah Benkirane gèle ses activités au sein du PJD

Quelques heures après l’adoption du projet de loi légalisant l’usage du cannabis, Abdelilah Benkirane, ancien chef du gouvernement, a mis sa menace à exécution. Comme il l’avait...

Abdelilah Benkirane se ravise

Abdelilah Benkirane, ancien chef du gouvernement et secrétaire général du Parti de la Justice et du Développement (PJD) a renoncé à quitter le parti et à rompre ses liens avec...

Le PJD menace de quitter le gouvernement

L’adoption de la nouvelle formule du quotient électoral n’est pas du goût du Parti de la justice et du développement (PJD) qui menace non seulement de couper les ponts avec les...

Casablanca : débat houleux entre des partis au sujet du restaurant la Sqala

Lors de la réunion du conseil de Casablanca tenue vendredi dernier, le prix de location du restaurant la Sqala a fait l’objet de discussions entre les membres du parti de...

Ces articles devraient vous intéresser :

Code de la famille : les féministes marocaines face à l’opposition de Benkirane

Le secrétaire général du Parti justice et développement (PJD), Abdelilah Benkirane, a vivement critiqué le mouvement féministe qui milite pour l’égalité des sexes dans le cadre de la réforme du Code de la famille, estimant que son combat vise à...

Le PJD évoque un lien entre le séisme et les péchés collectifs du Maroc

Le Parti de la Justice et du Développement (PJD) s’est exprimé sur le puissant et dévastateur tremblement de terre du 8 septembre qui a endeuillé le Maroc et a lancé un appel aux Marocains. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela ne devrait...

Maroc : la réforme du Code de la famille fait toujours jaser

La réforme du Code de la famille a du mal à passer au Maroc. Face aux conservateurs et chefs religieux, le gouvernement n’arrive pas encore à trouver la bonne formule pour mettre fin aux discriminations envers les femmes en matière de succession, à la...

Abdelilah Benkirane met en garde contre le capitalisme occidental

Le secrétaire général du Parti Justice et développement (PJD), Abdelilah Benkirane, a dénoncé le capitalisme occidental qui, à terme, nuira au peuple et à l’économie marocaine.

Maroc : Abdelali Hamieddine, ancien parlementaire, condamné pour meurtre

La Cour d’appel de Fès a rendu son verdict dans l’affaire de l’ex-parlementaire Abdelali Hamieddine, qui vient d’être condamné à une peine de 3 ans de prison ferme.

Le calvaire des MRE à Casablanca dénoncé par une députée

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) vivent un calvaire lors de la réception des corps de leurs êtres chers, à l’aéroport international Mohammed V de Casablanca. Une députée du Parti de la Justice et du Développement (PJD) interpelle le ministre...

Des députés marocains veulent les ... déchets européens

Des députés ont souhaité la poursuite de l’importation au Maroc de déchets depuis l’Europe. C’était jeudi, lors de la séance plénière consacrée au vote du projet de loi de finances 2025.

Maroc : les démolitions sur les plages sont elles légales ?

Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur a été interpellé par Abdellah Bouanou, président du groupe parlementaire du Parti de la Justice et du Développement (PJD), sur le respect de la loi dans le processus de démolition de plusieurs résidences...

Les confidences d’Abdelilah Benkirane sur le roi Mohammed VI

Le secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), Abdelilah Benkirane, a récemment confié avoir demandé à plusieurs reprises au roi Mohammed VI de le démettre de ses fonctions de Chef du gouvernement.

Jeux de hasard : un débat houleux au Maroc

Des députés ont exprimé leur inquiétude quant à l’imposition d’une taxe sur les jeux de hasard, craignant que cette mesure prévue dans le projet de loi de finances 2025 ne conduise à une légalisation de la pratique de ces jeux chez les mineurs, ainsi...