Emmanuelle Chriqui : Une voix marocaine contre l’antisémitisme

À l’heure où la guerre fait rage entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, l’actrice canadienne d’origine marocaine Emmanuelle Chriqui dénonce le déferlement d’antisémitisme.

« Pendant toute ma jeunesse, être une Juive séfarade était cool, voire exotique. Je n’y ai jamais réfléchi. Mes amis m’acceptaient, et lorsque je suis arrivée à Los Angeles, j’ai eu la chance d’avoir une carrière merveilleuse, raconte Emmanuelle Chriqui dans une tribune publiée par Variety. […] Puis, il y a deux ans, lorsque la guerre a éclaté entre Israël et le Hamas en mai 2021, l’antisémitisme a refait surface sur mes réseaux sociaux. C’était la première fois que j’y étais confrontée. À l’ère des médias sociaux, la haine antisémite, les théories du complot et la désinformation étaient désormais omniprésentes ».

Elle se voit désormais investie d’une mission, celle de combattre l’antisémitisme. « Tout au long de ma carrière, j’ai défendu publiquement de nombreuses causes. J’en suis fier et cela a donné un sens à ma vie, en utilisant la plateforme que j’ai eu la chance d’avoir pour aider les autres. […] Ainsi, lorsque les Juifs ont été attaqués en ligne et dans les rues de Los Angeles et de New York, je n’ai pas hésité à défendre les intérêts de mon propre peuple, mais je n’étais pas prêt à faire face aux réactions négatives et à la méchanceté absolue qui s’en est suivie. Pour la première fois de ma vie, j’ai compris ce que mes parents voulaient dire. Beaucoup de gens dans le monde détestaient encore les Juifs ».

Cet épisode est loin de faiblir l’activisme de l’actrice de 47 ans. « Je n’ai jamais caché que j’étais juive, mais je suis allée plus loin et j’ai commencé à publier chaque semaine des articles sur le shabbat. Ne voulant pas m’aliéner qui que ce soit, car j’ai des fans incroyables de toutes origines, j’ai publié des messages sur le thème ‘#happyfriday’ et ‘#shabbatshalom’, a-t-elle confié, ajoutant qu’elle a réalisé des vidéos encourageant la tolérance et dénonçant la haine et l’injustice, y compris l’antisémitisme. « Cela me brise le cœur de savoir qu’en Amérique, il y a plus de crimes de haine par habitant contre les Juifs que contre toute autre minorité, plus de crimes de haine fondés sur la religion contre le peuple juif que contre toute autre religion, et plus de crimes de haine contre le peuple juif à New York, où vit la majorité des Juifs américains, que contre toute autre minorité », a poursuivi celle qui est membre des associations Creative Community for Peace et Black-Jewish Entertainment Alliance, qui défendent la cause des Juifs.

Le rêve de celle qui est née dans une famille marocaine de confession juive séfarade, à Montréal, c’est de camper un jour le rôle d’une femme juive « complexe et féroce ». « Aujourd’hui, je me réjouis de célébrer le shabbat et d’allumer des bougies le vendredi soir, et j’ai rarement travaillé pendant les grandes fêtes. Cela a une signification profonde pour moi et me rappelle qui je suis et d’où je viens. Je sais que mes parents, qui me regardent d’en haut, seraient fiers.  Et qui sait, peut-être qu’un jour j’aurai l’honneur de faire un film incroyable où je pourrai raconter une histoire importante et jouer le rôle d’une femme juive complexe et féroce ».