Femmes-policiers : De l’asphalte aux bureaux

23 décembre 2008 - 20h42 - Maroc - Ecrit par : L.A

Mais où sont donc passées nos femmes policiers ? Pourquoi ne voyons-nous plus de femmes agents de circulation dans les villes du pays ? La gent féminine revêtue d’un uniforme aurait-elle du mal à faire asseoir son autorité ? Oui, si l’on en croit les rares témoignages recueillis au quartier général de la police nationale à Rabat (DGSN).

Pour certaines fonctionnaires de police, le fait même d’être une femme policier visible à tous dans la rue est perçu comme une provocation. « Certains n’hésitant pas à vous faire des remarques insolentes : Tu es plutôt mignonne pour une flic », rapporte Salima Dmich, ancienne agent de la circulation à Rabat, reconvertie depuis en employée administrative.

Hakima Bouazza, également ex-agent de la circulation, confirme : « Nous n’arrivions pas à faire respecter la loi et encore moins à nous faire respecter nous-mêmes ! ». Au final, pour être en sécurité, il fallait systématiquement la présence d’un collègue proche de notre lieu de travail. Ce qui, à long terme, n’est évidemment pas une solution viable ».

Pourtant, selon d’autres sources de la DGSN, ce n’est pas l’unique explication. « En fait, la véritable raison de la « disparition » de femmes policiers sur la voie publique, ce sont les compétences... bien sûr que beaucoup de nos femmes se font embêter et chahuter lorsqu’elles sont affectées sur la voie publique... mais les plus sûres d’elles et les plus compétentes sont toujours sur l’asphalte fière d’elles et de leurs uniformes ! », affirme un haut fonctionnaire. Des propos confirmés par notre visite sur les lieux. En effet, si les « pervenches » ont déserté les chaussées, les bureaux sont quant à eux sur le point de présenter une parité hommes/femmes hors pair !

Et la parité ne s’arrête pas là, notre commissaire de la DGSN s’émeut à nous rappeler : « Vous savez, beaucoup de gens se trompent en s’imaginant que la police est un monde d’hommes. Un de nos meilleurs agents, actuellement occupant le poste de chef d’arrondissement de police, est une femme. Nous comptons également dans nos rangs une femme chef de police judiciaire, ainsi qu’une commissaire divisionnaire ».

Les carrières au sein de la DGSN se conjuguent donc aussi au féminin. Et si la plupart des femmes qui occupent des postes au sein de la DGSN et de la DGST ont un profil autre que « pervenches », ces dernières occupent désormais essentiellement le service des PV à la préfecture de police depuis que la direction générale a décidé de les muter il y a cinq mois.

Des propos confirmés par un commandant de la préfecture de police : « La plupart d’entre elles ont gardé leurs uniformes, même si elles occupent actuellement un travail de bureau. En fait, nous leur proposons de sortir de temps en temps, mais au bout du compte nous nous sommes rendu compte qu’elles préfèrent être à l’abri des regards ». Autre explication avancée sur cette « extinction » de femmes dans la circulation routière, la situation de bon nombre d’entre elles qui lorsqu’elles sont enceintes abandonnent temporairement ce métier pour des raisons physiques.

Dans l’idéal, on aurait souhaité une réaction plus sévère de la part de la DGSN contre les délits « machistes » de ces citoyens qui ignorent sans doute que manquer de respect à une personne dépositaire de l’autorité publique est un outrage passible de prison.

La femme dans la police

La présence de la femme au sein de la police remonte au lendemain de l’indépendance. Cependant, ce n’est qu’en 1975 qu’elle s’est vue attribuer un grade sous l’appellation d’« assistante de police » ou d’« auxiliaire de police ».

La carrière de la femme policier a connu une évolution passant par une étape où elle a été reléguée à des fonctions souvent basiques (accueil, information...) pour atteindre aujourd’hui des niveaux élevés de la hiérarchie policière.

La réforme du statut particulier en 2001 lui a ouvert l’accès à tous les grades. Dès lors, les effectifs des femmes policiers ne cessent d’augmenter. Toutes les perspectives leur sont ouvertes tant sur le plan de la promotion au grade que sur celui des postes de responsabilité.

Ainsi, aujourd’hui au Maroc, 780 gardiens de la paix, 634 inspecteurs principaux, 172 officiers de police et 17 commissaires sont des femmes. Sans oublier qu’il y a également d’autres femmes qui travaillent dans le corps administratif en tant qu’administrateurs, biologistes, médecins et techniciens. La femme policier a aussi investi de nouveaux champs de spécialisation tels l’accueil et l’audition des femmes victimes de la violence, la protection des mineurs en situation difficile, la police économique et financière, l’assistance et l’animation sociales en plus de la protection rapprochée.

Si le nombre de femmes et la parité sont plutôt satisfaisants dans les bureaux de la DGSN et de la DGST, ce nombre reste en revanche, à quelques exceptions près, inférieur à la moyenne au sein de la police montée. La police dite « montée » comprend quatre brigades : le peloton des motocyclistes, la brigade dite des éperviers (qui a remplacé les anciens GUS), une brigade à VTT et enfin les brigades équestres.

Autre exception concernant la présence féminine, celle dite de la « BMCR » (Brigade mobile de la circulation routière) qui compte trois femmes policiers motards datant de la promotion 2002. De plus en plus de femmes optent également pour la garde rapprochée, en raison des exigences des personnes à protéger.

Source : L’Economiste - F. A. A.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Droits et Justice - Défense - Armement - Femme marocaine - Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) - Gendarmerie Royale - Police marocaine

Ces articles devraient vous intéresser :

MRE : Vacances gâchées par des tracasseries administratives

C’est avec un sentiment mêlé de lassitude et de colère que les Marocains résidant à l’étranger (MRE) vont commencer à débarquer dans les ports marocains dans les prochains jours.

L’armée marocaine va recevoir les Apache AH-64E

Le Maroc s’apprête à recevoir six nouveaux hélicoptères de combat Apache AH-64E, produits par la société américaine Boeing.

Naïma Samih : son fils en colère

Chems-Eddine Belkaid fils de la chanteuse marocaine défunte Naïma Samih, menace d’engager des poursuites judiciaires contre les organisateurs de concerts – hommage à sa mère sans son accord préalable.

Les Marocaines paieront aussi la pension alimentaire à leurs ex-maris

Au Maroc, les femmes ayant un revenu supérieur à celui de leur conjoint pourraient avoir à verser une pension alimentaire (Nafaqa) à ce dernier en cas de divorce, a récemment affirmé Abdellatif Ouahbi, le ministre de la Justice.

Ramadan et menstrues : le tabou du jeûne brisé

Chaque Ramadan, la question du jeûne pendant les menstrues revient hanter les femmes musulmanes. La réponse n’est jamais claire, noyée dans un tabou tenace.

Maroc : Une vague de racisme contre les mariages mixtes ?

Des activistes marocains se sont insurgés ces derniers jours sur les réseaux sociaux contre le fait que de plus en plus de femmes marocaines se marient avec des personnes originaires des pays d’Afrique subsaharienne. Les défenseurs des droits humains...

Un MRE expulsé après 24 ans en France

Un ressortissant marocain de 46 ans, résidant en France depuis 24 ans, a été expulsé en février dernier, suscitant l’émoi et soulevant des questions quant à l’application de la loi Darmanin sur l’immigration.

Le Maroc muscle son industrie de défense

De 10 %, les parts de la société Médz, filiale de la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG), dans la société « Maintenance Aero Maroc », sont passés à 34 %. Le gouvernement marocain vient d’approuver cette augmentation.

Affaire "Hamza Mon Bébé" : Dounia Batma présente de nouvelles preuves

La chanteuse marocaine Dounia Batma confie avoir présenté de nouveaux documents à la justice susceptibles de changer le verdict en sa faveur.

Les aéroports marocains plus fluides

Les voyageurs en partance de l’aéroport international Mohammed V de Casablanca peuvent désormais souffler. Finis, les embouteillages interminables aux postes de contrôle dès l’entrée.