Festival de Marrakech : les films sur l’homosexualité divisent le Maroc

8 décembre 2024 - 16h00 - Culture - Ecrit par : S.A

L’exaltation de l’homosexualité à travers les films sélectionnés pour la 21ᵉ édition du Festival international du film de Marrakech, ainsi que l’espace accordé à Abdellah Taïa pour afficher publiquement son homosexualité ne sont pas du goût d’Abdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD) et ancien Premier ministre.

« Il y a des choses qui sont inconcevables dans un pays musulman, comme ce qui s’est passé au Festival du film de Marrakech, où des films exaltant, d’une manière ou d’une autre, l’homosexualité ou la sodomie ont été présentés, en plus de l’exaltation d’une personne qui n’a pas gardé ce qu’elle a vécu pour elle-même, sa famille ou son médecin, mais a choisi de le divulguer publiquement », a fustigé Abdelilah Benkirane dans une allocution prononcée lors de la réunion ordinaire du secrétariat général du PJD, tenue samedi, au siège central du parti.

Selon lui, le fait d’inviter une personne qui reconnaît son homosexualité, en l’occurrence Abdellah Taïa, et de le considérer comme quelque chose de naturel ou de positif, ouvre la porte à la déviance de la société. « Nous ne nous sommes pas contentés de la baisse des taux de mariage, de l’augmentation des divorces et de la propagation des péchés dans notre pays », a-t-il ajouté, désignant implicitement la promotion de l’homosexualité par le biais du cinéma comme l’une des causes.

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Le patron des islamistes a par ailleurs salué les Marocains qui ont quitté la salle lors de la projection d’un autre film étranger contenant des scènes gay. « Voilà les vrais Marocains », s’est-il exclamé, avant de critiquer ceux qui ont assisté à ces films, qui encouragent des comportements déviants et sortent de la norme et du naturel.

L’un des films qui passent mal est « Cabo Negro » du réalisateur Abdellah Taïa, projeté hors compétition officielle dans la salle des Ambassadeurs du Palais des Congrès à Marrakech. Ce film promeut « l’homosexualité » et la « prostitution ». Lors de la présentation de son film, Abdellah Taïa a déclaré qu’il consacrait son art à l’expression de cette communauté à laquelle il appartient et à la défense de ses orientations. Il a raconté qu’il avait souffert durant son enfance et sa jeunesse de solitude, de rejet et de manque d’amour, en raison de l’absence d’acceptation de sa différence.

Le film « La Mer au loin » s’inscrit dans le même registre. Ce film a été projeté dans le cadre de la compétition officielle du festival, aux côtés d’autres films étrangers qui ont abordé la thématique de l’homosexualité.

À lire :Homosexualité : le PJD demande l’interdiction du film « Le Bleu du caftan » au Maroc

Au Maroc, l’homosexualité est un délit interdit par l’article 489 du Code pénal. Cet article stipule : « est puni de l’emprisonnement de six mois à trois ans et d’une amende de 120 à 1000 dirhams, à moins que le fait constitue une infraction plus grave, quiconque commet un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe. »

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