Enfants « illégitimes » : l’ADFM fustige la décision de la cour de cassation

29 avril 2021 - 22h20 - Maroc - Ecrit par : J.D

Un arrêt confirmatif rendu le 17 avril dernier par la cour de cassation marocaine a entériné un jugement en appel en rejetant le droit à la filiation paternelle aux enfants nés hors mariage, un droit reconnu précédemment par une décision du tribunal de Tanger. Un revirement jurisprudentiel dénoncé par l’Association Démocratique des Femmes du Maroc (ADFM) qui y voit une violation flagrante de la Constitution marocaine.

En contredisant une précédente décision rendue en 2017 par le tribunal de première instance de Tanger qui reconnaissait pour la première fois au Maroc, la filiation d’une fille née d’une relation extraconjugale, la cour de cassation, indique l’ADFM, crée ainsi « un préjudice à l’intérêt moral et matériel des enfants dans la mesure où elle est la plus haute instance judiciaire du Maroc censée aboutir à diverses conclusions ».

Cet arrêt constitue un affront à la jurisprudence, pestent les militants de l’association féminine, soulignant que la position de la juridiction est une « interprétation et application rétrogrades de la Moudawana » s’éloignant de loin des tenants et aboutissants de cette loi. Aux yeux de ces militantes, la justice consacre par voie légale, la vulnérabilité de la femme vue comme seule responsable de l’avènement d’un enfant hors mariage. Du point de vue technique du droit, l’ADFM estime que cet arrêt de la Cour de Cassation est un « affront à la jurisprudence, fondée sur la force des preuves factuelles, faite par le Tribunal de première instance de Tanger… ».

Allant plus loin, l’association invite la cour de cassation à se conformer dans ses arrêts au corpus constitutionnel et au référentiel juridique relatif aux droits de l’homme tout en adoptant un langage moderne accessible à tous les justiciables.

De même, l’association appelle le parlement à adopter le projet de loi organique relative à l’exception d’inconstitutionnalité et à réviser en urgence le Code de la famille en vue de l’harmoniser avec la constitution du Royaume et les conventions internationales relatives aux droits humains, aux droits de l’enfant et aux droits humains des femmes. L’ADFM appelle également le législateur à accélérer l’adoption du projet loi organique relative à l’exception d’inconstitutionnalité afin de garantir la non-violation des droits garantis par la Constitution.

Au ministère de la Justice et de l’institut supérieur de la magistrature, l’ADFM souhaite les voir sur le front des programmes de formation des magistrats et magistrates, avec l’intégration des matières sur les conventions internationales relatives aux droits de l’Homme. L’association souhaite également la mise en place des programmes de formation continue au profit des différents corps de la justice en matière de droits de l’Homme en général, de droits de l’enfant et de droits humains des femmes en particulier.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Droits et Justice - Tanger - Famille - Lois - Enfant - Ministère de la Justice et des Libertés

Aller plus loin

A la recherche du meurtrier de sa fille, les tests ADN lui dévoilent une vérité amère

Personne ne s’attendait à une telle tournure de situation dans l’affaire du meurtre d’une jeune fille, retrouvée enterrée, il y a deux mois, dans une forêt à Sebt el Guerdane, à...

Maroc : la justice ne reconnaît aucun droit au père d’un enfant adultérin

La Cour de cassation du Maroc a rendu publique la semaine dernière une décision pour refuser aux enfants nés hors mariage, le droit à la filiation, même s’il est prouvé par un...

Rabat : des féministes fustigent le rejet de la filiation d’un enfant « illégitime »

La cour de cassation a rendu lundi, une décision qui invalide la reconnaissance de la paternité d’une fille née hors mariage. Une décision qui n’est pas du goût de certaines...

Ces articles devraient vous intéresser :

Vers une révolution des droits des femmes au Maroc ?

Le gouvernement marocain s’apprête à modifier le Code de la famille ou Moudawana pour promouvoir une égalité entre l’homme et la femme et davantage garantir les droits des femmes et des enfants.

Manal Benchlikha est enceinte

La chanteuse marocaine, Manal Benchlikha, a enfin confirmé les rumeurs qui circulait depuis plusieurs semaines : elle est enceinte !

Maroc : un « passeport » pour les nouveaux mariés

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) appelle à la mise en place d’un « passeport » ou « guide » pour le mariage, dans lequel seront mentionnées les données personnelles des futurs mariés, ainsi que toutes les informations sur leurs...

Les cafés et restaurants menacés de poursuites judiciaires

Face au refus de nombreux propriétaires de cafés et restaurants de payer les droits d’auteur pour l’exploitation d’œuvres littéraires et artistiques, l’association professionnelle entend saisir la justice.

Prison : le Maroc explore les « jour-amendes »

L’introduction du système de jour-amende dans le cadre des peines alternatives pourrait devenir une réalité au Maroc. Une loi devrait être bientôt votée dans ce sens.

Maroc : les taxis refusant des clients seront sanctionnés

Les chauffeurs de taxi qui refusent de transporter les usagers sont désormais dans le viseur du ministère de la Justice. Ce dernier prévoit de qualifier ce refus comme un délit ou une infraction. Une nouvelle qui réjouit les clients, mais met en...

Sentiment d’insécurité au Maroc : un écart avec les statistiques officielles ?

Au Maroc, la criminalité sous toutes ses formes est maitrisée, assure le ministère de l’Intérieur dans un récent rapport.

Maroc : Une vague de racisme contre les mariages mixtes ?

Des activistes marocains se sont insurgés ces derniers jours sur les réseaux sociaux contre le fait que de plus en plus de femmes marocaines se marient avec des personnes originaires des pays d’Afrique subsaharienne. Les défenseurs des droits humains...

Les Marocains de plus en plus obèses

Près de la moitié de la population marocaine (46 %) sera obèse d’ici 2035, selon les prévisions de la World Obesity Forum.

Maroc : il tue son père pour des cigarettes

Drame dans la commune d’Ait Amira. Un jeune homme a donné un coup de couteau mortel à son père après que ce dernier a refusé de lui donner de l’argent pour acheter un paquet de cigarettes.