Rabat : des féministes fustigent le rejet de la filiation d’un enfant « illégitime »

21 avril 2021 - 10h00 - Maroc - Ecrit par : G.A

La cour de cassation a rendu lundi, une décision qui invalide la reconnaissance de la paternité d’une fille née hors mariage. Une décision qui n’est pas du goût de certaines féministes qui dénoncent une décision inconstitutionnelle qui n’a pas tenu compte des intérêts de l’enfant, principal concernée dans cette affaire.

Le premier jugement a été rendu en 2017 par le tribunal de première instance de Tanger, sur la base du test d’ADN fourni par la mère. Un jugement « sans précédent » qui établissait la paternité et qui avait été qualifié à l’époque de « révolution juridique ». Le jugement avait été invalidé en appel la même année, avant que la mère ne saisisse la Cour de cassation, qui l’a déboutée en septembre 2020. « Ce n’est pas la première fois qu’une telle décision est actée. A plusieurs reprises, la reconnaissance de la paternité a été rejetée par la justice alors qu’un test ADN prouve le contraire », a regretté lundi Aicha Chenna, militante pour les droits des mères célibataires, rapporte l’AFP.

« La décision de la Cour de cassation est inconstitutionnelle », a estimé pour sa part, Amina Lotfi, militante pour les droits des femmes, car « la Constitution prône l’intérêt suprême des enfants, abstraction faite de leur situation familiale ». Au Maroc, les enfants nés hors mariage sont considérés comme « illégitimes » par la loi. En 2017, le père de l’enfant avait été condamné en première instance à verser à la mère une indemnité de 100 000 dirhams. Mais le fait d’être né hors mariage le prive de tous droits liés à la filiation, comme l’héritage. Sans tenir compte du test ADN, la Cour de cassation s’est basée sur un article du Code de la famille disposant que « la filiation illégitime ne produit aucun des effets de la filiation légitime vis-à-vis du père » et sur l’avis émis il y a 10 siècles par un juriste en droit islamique.

La reconnaissance des enfants nés hors mariages, privés de leurs droits élémentaires vis-à-vis des pères biologiques est un combat que mènent depuis plusieurs années les associations féministes. C’est en 2004 que le Maroc a adopté le Code de la famille portant des réformes majeures pour les droits des femmes mais certaines dispositions du texte suscitent encore les critiques des militantes féministes, surtout en matière de responsabilité parentale envers les enfants nés hors mariage.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Tanger - Rabat - Procès - Enfant

Aller plus loin

«  Illégitimes  », le premier livre de la journaliste marocaine Nesrine Slaoui

« Illégitimes », c’est le titre du livre de la journaliste marocaine Nesrine Slaoui, dont la sortie est prévue cette semaine. Dans ce livre, la jeune femme fait un témoignage...

Maroc : la justice ne reconnaît aucun droit au père d’un enfant adultérin

La Cour de cassation du Maroc a rendu publique la semaine dernière une décision pour refuser aux enfants nés hors mariage, le droit à la filiation, même s’il est prouvé par un...

Maroc : en prison pour relations hors mariage

Le procureur du roi près le tribunal de première instance de Youssoufia a placé en détention préventive une femme mariée héroïne d’une vidéo intime devenue virale sur les...

Enfants « illégitimes » : l’ADFM fustige la décision de la cour de cassation

Un arrêt confirmatif rendu le 17 avril dernier par la cour de cassation marocaine a entériné un jugement en appel en rejetant le droit à la filiation paternelle aux enfants nés...

Ces articles devraient vous intéresser :

Hiba Abouk, séparée d’Achraf Hakimi, trouve du réconfort auprès de ses enfants

Affectée par sa séparation avec Achraf Hakimi et la polémique liée à leur divorce, Hiba Abouk continue de garder le moral haut et le sourire grâce à ses enfants Amin (3 ans) et Naïm (1 an).

Le harcèlement sexuel des mineures marocaines sur TikTok dénoncé

Lamya Ben Malek, une militante des droits de la femme, déplore le manque de réactivité des autorités et de la société civile marocaines face aux dénonciations de harcèlement sexuel par des mineures sur les réseaux sociaux.

Maroc : plus de droits pour les mères divorcées ?

Au Maroc, la mère divorcée, qui obtient généralement la garde de l’enfant, n’en a pas la tutelle qui revient de droit au père. Les défenseurs des droits des femmes appellent à une réforme du Code de la famille pour corriger ce qu’ils qualifient...

Les Marocains de plus en plus obèses

Près de la moitié de la population marocaine (46 %) sera obèse d’ici 2035, selon les prévisions de la World Obesity Forum.

Maroc : les femmes divorcées réclament des droits

Au Maroc, les appels à la réforme du Code de la famille (Moudawana) continuent. Une association milite pour que la tutelle légale des enfants, qui actuellement revient de droit au père, soit également accordée aux femmes en cas de divorce.

Majda Sakho réagit aux insultes racistes visant ses enfants

La Marocaine Majda Sakho, l’épouse de l’international français Mamadou Sakho règle ses comptes avec les personnes ayant proféré des injures racistes envers ses trois enfants.

Une école musulmane fermée à Villeurbanne

La préfecture de Villeurbanne a procédé à la fermeture d’une école musulmane, accueillant d’ordinaire une centaine d’enfants en primaire. Les parents se voient contraints d’inscrire leurs enfants dans d’autres établissements.

Vers une révolution des droits des femmes au Maroc ?

Le gouvernement marocain s’apprête à modifier le Code de la famille ou Moudawana pour promouvoir une égalité entre l’homme et la femme et davantage garantir les droits des femmes et des enfants.

Le mariage des mineurs diminue au Maroc

Après une hausse en 2021, le nombre de mariage de mineurs a diminué l’année dernière. Cela représente certes une note positive, mais il y a encore du chemin à faire pour en finir avec cette pratique.

Nisrine Marabet, 14 ans, disparue en Belgique

Child Focus, l’organisation belge dédiée à la protection de l’enfance, a lancé un avis de recherche suite à la disparition inquiétante de Nisrine Marabet, une jeune fille de 14 ans. Nisrine a été vue pour la dernière fois le dimanche 30 avril à...