Pour Fatima Bent, co-présidente de Lallab, cette campagne digitale de lutte contre les violences intra-communautaires est un moyen de se réapproprier le sujet. « C’est souvent la loi du silence. Elles ne peuvent pas dénoncer les agressions qu’elles subissent parce qu’on leur dit qu’elles vont trahir la cause et qu’on ne lave pas son linge sale en public », explique-t-elle à Radio France.
L’association a recueilli une cinquantaine de témoignages de femmes musulmanes sur des sujets comme l’inceste, le port du voile et les discriminations y afférentes, ou encore le sexisme vécu à la mosquée. Dans le cadre de cette campagne digitale, Lallab a déjà publié sur ses réseaux sociaux certains de ces témoignages, sans révéler l’identité des femmes. Par cette démarche, l’association veut permettre à ces femmes victimes de violences intra-communautaires de libérer la parole, car elles ne sont souvent pas crues par leurs proches.
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« De quoi a-t-on besoin pour que les femmes musulmanes se sentent en sécurité dans des mosquées, dans leur famille, qu’elles puissent être invitées dans des dîners familiaux, sans avoir peur de subir une violence parce qu’elles ont parlé ? », se demande en outre Fatima Bent.
Créée en 2015, Lallab s’est fait connaître durant l’été 2017 après la publication sur ses réseaux sociaux d’une annonce pour trois missions de service civique, laquelle avait suscité une vague de réactions de la part des défenseurs de la laïcité et des proches de l’extrême droite qui l’accusaient d’être trop proche des promoteurs d’un islam radical. Une campagne de désinformation et de harcèlement, avait dénoncé l’association.