Gouvernement Benkirane II : coulisses d’un remaniement

10 septembre 2013 - 21h33 - Maroc - Ecrit par : Jalil Laaboudi

Le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane s’est réuni six fois en moins de deux mois avec Salahdine Mezouar, secrétaire général du Parti du Rassemblement National des Indépendants (RNI), pour remanier le gouvernement, pourtant la version 2 de l’exécutif Benkirane n’a pas encore vu le jour.

Un observateur de la scène politique cité par le quotidien Akhbar Al Yaoum, plaisante : "on ne dirait pas qu’il s’agit de négociations en vue d’un remaniement partiel du gouvernement, mais plutôt des négociations d’Aix Les Bains", en septembre 1955, quand le Maroc avait revendiqué son indépendance à la France.

Benkirane qui, observe un mutisme total depuis la sortie du Parti de l’Istiqlal du gouvernement, s’est enfin prononcé vendredi dans un communiqué destiné aux médias, qui ont spéculé sur les prétendus obstacles qu’aurait rencontré Benkirane, pour former son gouvernement.

Le premier ministre affirme que le remaniement partiel du gouvernement se passe bien, et que ce serait plutôt lui, qui aurait donné des signaux contradictoires lors d’une rencontre avec la jeunesse du Parti Justice et Développement, mettant encore une fois en avant la théorie du complot qui veut miner son exécutif.

Du côté du RNI, Mezouar insiste pour avoir le ministère des Finances, pour embarrasser le PJD et racheter son honneur bafoué, suite au scandale des primes échangées avec le trésorier général du Royaume et ancien compagnon de classe du Roi Mohammed VI, Noureddine Bensouda. Le RNI aurait finalement réussi à arracher huit ministères à Abdelilah Benkirane.

Le PJD préfère que le ministère des Finances reste entre les mains d’Aziz Akhannouch et offrir le département des Affaires étrangères à Mezouar, à condition que le portefeuille de l’Education nationale, ou celui de l’Agriculture aille à Saâdedine El Othmani.

Plusieurs voix s’élèvent, notamment au PJD contre le possible retour de Mezouar au ministère des Finances. Benkirane aurait pour sa part proposé Mustapha Terrab, actuel patron de l’Office Chérifien des Phosphates (OCP) pour succéder à Nizar Baraka, tout en rappelant le contexte politique sensible du Maroc, et les tensions dans les pays voisins.

Le Roi Mohammed VI a accordé lundi une audience au chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, qui lui aurait fait un compte-rendu de l’évolution des négociations avec Salahdine Mezouar, patron du RNI.

La majorité des membres du conseil national du PJD, ainsi que l’opinion publique marocaine, optent pour des élections anticipées, pour mettre disent-ils fin à cette mascarade, qui n’a que trop duré, confie un député islamiste à Bladi.net.

Parmi les noms des ministres proposés par le RNI :

• Salahdine Mezouar : ministère des Finances
• Mbarka Bouaida : ministère chargé des Marocains du monde
• Anis Birou : ministère de l’Education nationale
• Rachid Talbi Alami : ministère du Commerce et de l’Industrie

Naïma Farah, Chafik Rachadi, Hassan Benomar et Mohamed Abou, figurent aussi parmi la liste des ministres potentiels proposés par Mezouar. Toutefois, tous les scénarios sont possibles quant à la répartition des portefeuilles ministériels, l’essentiel pour Benkirane aujourd’hui étant de sauver ce qui reste de son gouvernement.

D’autre part, les Partis de l’Istiqlal et de l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP) veulent déposer une motion de censure contre le gouvernement, en vue de sa dissolution.

Le Parti du Mouvement Populaire souhaite un portefeuille ministériel de plus, et Benkirane, qui a promis à ses alliés au gouvernement qu’ils ne seront pas concernés par ce remaniement, compterait même augmenter le nombre de ministères, pour satisfaire tout le monde.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Rachid Talbi Alami - Parti de la Justice et du Développement (PJD) - Rassemblement National des Indépendants (RNI) - Salaheddine Mezouar - Anis Birou - Noureddine Bensouda - Abdelilah Benkirane - Mbarka Bouaida

Ces articles devraient vous intéresser :

« Le mariage avant l’école »

Les propos d’Abdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), et par ailleurs ancien chef de gouvernement sur le mariage et l’éducation des jeunes filles font polémique.

Maroc : un manuel scolaire aux couleurs "LGBT" fait polémique

Le Parti de la justice et du développement (PJD) a demandé le retrait des manuels scolaires dont les couvertures sont aux couleurs du drapeau LGBT.

Les confidences d’Abdelilah Benkirane sur le roi Mohammed VI

Le secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), Abdelilah Benkirane, a récemment confié avoir demandé à plusieurs reprises au roi Mohammed VI de le démettre de ses fonctions de Chef du gouvernement.

Au Maroc, des régions sans Internet

La faiblesse du réseau Internet et du débit dans les zones rurales et montagneuses et dans la province de Khénifra en particulier préoccupent la députée Saadia Amahzoune, du groupe du Rassemblement national des indépendants (RNI) à la Chambre des...

Au Maroc, les cafetiers accusés d’empoisonner leurs clients

Alors que les accusations de fraude formulées contre eux par une députée du Rassemblement national des indépendants (RNI) persistent, les propriétaires des cafés et restaurants pointent du doigt l’Office national de sécurité sanitaire des produits...

Les restaurateurs marocains accusés d’empoisonner leurs clients

Les propriétaires des cafés et restaurants ont rejeté les accusations de fraude formulées contre eux par une députée du Rassemblement national des indépendants (RNI). Celle-ci a adressé une question écrite au ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit...

Maroc : des amendes jusqu’à 10 000 dirhams pour les fumeurs ?

Préoccupée par la croissance du tabagisme au sein de la société, de son impact sur la santé publique et de l’économie marocaine, le groupe du Parti de la Justice et du Développement (PJD) à la Chambre des représentants, présente une proposition de loi...

Maroc : les parlementaires traqués

Au Maroc, le bureau de la Chambre des représentants renforce la traque contre les députés absentéistes en faisant installer des caméras de nouvelle génération dans l’enceinte de l’institution.

Maroc : des MRE exclus !

Au Parlement marocain, les députés de la majorité (Rassemblement national des indépendants, Parti Authenticité et Modernité et Istiqlal) et de l’opposition (parti de la justice et du développement) ont du mal à s’accorder sur une proposition de loi...

Le gouvernement marocain accusé de gonfler les chiffres du tourisme

Les députés de l’opposition ont chargé le gouvernement lundi au parlement, lui reprochant notamment d’avoir pris en compte 50 % des Marocains résidant à l’étranger (MRE) dans les 17,4 millions de touristes arrivés dans le royaume en 2024.