Mariage arrangé à Bruxelles : 5 ans de viols et d’enfer pour Nora

19 avril 2025 - 23h00 - Belgique - Ecrit par : P. A

Nora, une Bruxelloise de 30 ans, raconte avoir subi des violences sexuelles et psychologiques durant cinq bonnes de mariage arrangé avec son cousin éloigné.

« J’avais 18 ans, lui 26. J’ai fait sa rencontre suite à un voyage entre son frère aîné et mon père. J’ai consenti à ce mariage, j’étais contente. Au début, cela se passait bien entre nous. On s’est marié en avril 2013. Nous n’avions pas eu de relations sexuelles avant le mariage, comme nous le prescrit notre religion », confié Nora à La Dernière Heure. Son mari, qui n’est autre que son cousin éloigné, était pressé de consommer le mariage. « Dès la nuit de noces, il se montrait pressé d’avoir une relation immédiatement. Moi, je voulais d’abord me sentir à l’aise dans la maison de ses parents. Le fait de montrer mon corps, c’est déjà beaucoup. Mais cela ne lui suffisait pas. Nous sommes redescendus avec la famille. Je craignais le moment où elle allait partir », raconte-t-elle.

Après le départ de la famille, Nora a été violée par son mari. « Il consommait beaucoup de porno et dès notre première relation, il a utilisé la force et l’agressivité. J’essayais de le repousser, mais il m’en empêchait. Je criais de mal et l’implorais d’arrêter, mais il ne voulait pas. J’ai subi cela comme un viol. À partir de ce moment-là, j’ai commencé à réfléchir à le quitter, mais il surveillait sans arrêt. Je ne pouvais pas sortir sans lui. Je devais me mettre sur haut-parleur quand je téléphonais », détaillé la jeune femme. Lorsqu’ils emménagent à Schaerbeek, Nora a exprimé le souhait de poursuivre ses études de puériculture. Mais son père l’en dissuade, estimant que « ce n’était pas nécessaire de travailler. Dans notre religion, c’est l’homme qui subvient aux besoins, qui prend tout en charge. »

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La Bruxelloise dit avoir ensuite vécu l’horreur. Pendant des semaines, elle a subi des relations sexuelles non consenties, jusqu’au 17 mai 2013, date à laquelle elle a décidé de porter plainte pour viol. Mais plutôt que de la soutenir, sa famille exerce des pressions sur elle. Son père a exigé qu’elle reste auprès de son mari. Dans la foulée, elle découvre qu’elle est enceinte. Une grossesse qu’elle n’a pas souhaitée, mais la famille et les autorités religieuses s’y opposent. La jeune femme était perdue, « Je me sentais vide, mais je devais prendre sur moi. Je souffrais de troubles du sommeil, d’anxiété. J’avais des symptômes dépressifs sévères, un épuisement général et des difficultés respiratoires. »

En 2018, Nora, malgré les pressions familiales, parvient à mettre fin à ce mariage. « J’étais malheureuse, en grève de la faim, mon poids était descendu à 43 kg. C’est l’anorexie qui m’a sauvé la vie : j’étais devenue incapable de m’occuper de mon fils de 4 ans et mon allaitement a pris fin avec mon second bébé de 8 mois à l’époque », déclare-t-elle. La jeune femme a décidé de poursuivre son ex-époux en justice pour violences sexuelles et viol. « Je me suis libérée de toutes formes d’injonctions y compris celle selon laquelle on ne poursuit pas en justice le père de ses enfants. Je vois cela comme une évidence et comme ma responsabilité dictée par mon courage. Aujourd’hui, je fais bien la distinction entre le fait qu’il est mon agresseur, mon persécuteur et qu’il est à la fois le père de mes fils. Je fais la différence clairement entre notre histoire et l’amour inconditionnel que je ressens pour mes fils. »

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