Le mariage des mineures : une violence physique et sexuelle

27 décembre 2021 - 09h40 - Maroc - Ecrit par : P. A

La mise en place d’un cadre légal de répression est plus que jamais nécessaire pour mettre fin au phénomène du mariage des mineures qui prend de l’ampleur au Maroc. C’est la conclusion à laquelle est parvenue la Fondation Ytto, au terme d’une étude menée pour l’hébergement et la réhabilitation des femmes victimes de violence.

Les résultats de l’étude ont été présentés lors d’une conférence de presse organisée à Casablanca en fin de semaine. À cette occasion, la présidente de la Fondation, Najat Ikhich, a insisté sur l’urgence de créer un cadre réglementaire dissuasif à l’encontre de ceux qui continuent de promouvoir le mariage des mineures, fait savoir le quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Selon l’étude, 86 % des femmes ne maîtrisent pas les dispositions du Code de la famille et par conséquent, ne connaissent pas leurs droits. 14 % des femmes interrogées ne sont pas informées de l’existence de ce Code, indique la même source, soulignant que ces femmes, malgré leur ignorance des textes, sont dans leur majorité contre le mariage des mineures.

À lire : Maroc : et si on criminalisait les mariage des mineures ?

Pour 97 % d’entre elles, les filles doivent se concentrer sur leurs études et leurs formations et ne doivent pas se marier avant la majorité fixée à 18 ans. Les 3 % restants, favorables au mariage des mineures, justifient leur position par l’insuffisance d’infrastructures de formation de qualité pour les jeunes filles.

Pour la Fondation Ytto, le mariage des mineures doit être considéré comme une violence physique, sexuelle et mentale faite aux victimes et doit être sévèrement punie pour dissuader les potentiels auteurs d’une telle pratique. Elle a plaidé pour la mise en place d’internats dédiés aux filles pour leur permettre de recevoir une formation de qualité dans de meilleures conditions, ce qui contribuerait à leur épanouissement et à éviter les abandons scolaires de ces mineures et leur mariage précoce.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Droits et Justice - Famille - Mariage forcé - Enfant

Aller plus loin

Le mariage des mineures, une autre forme de pédophilie légale

L’ex-ministre du Développement social, de la solidarité et de la famille, Nouzha Skalli s’est insurgée contre le mariage des mineures. A l’en croire, il s’agit d’une pédophilie...

Maroc : une campagne digitale contre le mariage des enfants

Le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) au Maroc apporte son soutien à une campagne mondiale de lutte contre le mariage des enfants. Le jour de la célébration de...

Maroc : plus de 200 enfants victimes de viol en 2021

En 2021, l’Association « Touche pas à mon enfant » a traité sur le plan national 264 dossiers de viols ou d’agression d’enfants.

Maroc : et si on criminalisait les mariage des mineures ?

Pour mettre fin au mariage des mineures, plusieurs activistes et experts proposent de le criminaliser. C’est ce qui ressort d’une table ronde qui s’est déroulée cette semaine à...

Ces articles devraient vous intéresser :

ADN au Maroc : vers un fichage incontrôlé ?

L’utilisation à des fin illégales des empreintes et des échantillons d’ADN des Marocains, prélevés dans le cadre des enquêtes criminelles, préoccupe des parlementaires qui ont interpelé le gouvernement à ce sujet.

Maroc : Pénurie inquiétante de livrets de famille

Anticipant sur la forte demande de livrets de famille à l’approche de la saison du retour des Marocains résidant à l’étranger (MRE), le ministère de l’Intérieur mobilise les inspecteurs de l’état civil au niveau des préfectures dans les différentes...

Blanchiment d’argent : la justice marocaine frappe fort

Le Maroc a réalisé des avancées significatives dans sa lutte contre le blanchiment d’argent. C’est ce qui ressort du septième rapport annuel de la présidence du ministère public, publié le 6 mars 2024. Ce document officiel montre une évolution positive...

Les cafés et restaurants menacés de poursuites judiciaires

Face au refus de nombreux propriétaires de cafés et restaurants de payer les droits d’auteur pour l’exploitation d’œuvres littéraires et artistiques, l’association professionnelle entend saisir la justice.

Une Marocaine "perd" son nom en Belgique

Depuis 2019, une Belgo-Marocaine de 73 ans mène des démarches administratives infernales afin de faire rectifier son nom de famille.

Immobilier au Maroc : bonne nouvelle pour les nouveaux acquéreurs

Des changements ont été opérés pour impacter positivement le secteur de l’immobilier. Le délai prévu dans l’article 573 relatif à l’introduction d’une action en justice pour défaut de garantie n’est plus limité à 365 jours.

Enfants de Dounia Batma : Mohamed Al Turk dénonce une exploitation sur les réseaux sociaux

Mohamed Al Turk, l’ex-mari de Dounia Batma actuellement en détention, reproche à la sœur de l’actrice marocaine, Ibtissam, de chercher à gagner la sympathie des Marocains en publiant des photos de leurs filles, Ghazal et Laila Rose, sur les réseaux...

Au Maroc, le mariage des mineures persiste malgré la loi

Le mariage des mineures prend des proportions alarmantes au Maroc. En 2021, 19 000 cas ont été enregistrés, contre 12 000 l’année précédente.

Maroc : mères célibataires, condamnées avant même d’accoucher

Au Maroc, les mères célibataires continuent d’être victimes de préjugés et de discriminations. Pour preuve, la loi marocaine n’autorise pas ces femmes à demander des tests ADN pour établir la paternité de leur enfant.

Poupette Kenza : compte Instagram désactivé après des propos « antisémites »

L’influenceuse aux plus d’un million d’abonnés sur Instagram, Poupette Kenza, se retrouve au cœur d’une vive controverse après avoir tenu des propos jugés antisémites. Dans une story publiée le 15 mai 2024, elle affirmait sans équivoque son soutien à...